Décès du Lieutenant du Grand Maître de l’Ordre de Malte

Fra’ Marco Luzzago, Lieutenant du Grand Maître de l’Ordre souverain de Malte, est décédé de façon soudaine à la commanderie de Villa Ciccolini en Italie, annonce l’État de l’Ordre de Malte dans un communiqué du 7 juin 2022. Âgé de 72 ans, il avait été élu à la tête de l’Ordre le 8 novembre 2020 et avait reçu pour tâche d’accompagner la réforme de l’organisation voulue par le pape François.

C’est le Grand Commandeur, Fra’ Ruy Gonçalo do Valle Peixoto de Villas-Boas, qui assume donc les fonctions de Lieutenant intérimaire – pour la seconde fois après la vacance de 2020 – et qui restera à la tête de l’Ordre souverain de Malte jusqu’à l’élection du nouveau chef par le Conseil, indique le Grand Magistère.

Né à Brescia en 1950, Fra’ MarcoLuzzago était un parentdu papePaul VI. Il avait étudié la médecine pendant plusieurs années dans les universités de Padoue et de Parme après un baccalauréat chez les Frères franciscains, puis avait assuré la gestion d’entreprises familiales. Rejoignant l’Ordre en 1975 au sein du Grand Prieuré de Lombardie et Venise, il y avait prononcé ses vœux perpétuels en 2003. À partir de 2010, il avait consacré entièrement sa vie à cette institution.

À la tête d’un Ordre éprouvé

L’Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte, dit «Ordre de Malte», avait élu Fra’ Marco Luzzago en novembre 2020 pour succéder à Fra’ Giacomo Dalla Torre del Tempo di Sanguinetto, Grand Maître décédé le 29 avril précédent. Comme lieutenant du Grand Maître, il ne devait rester en charge de l’Ordre que pendant un an, mais avec les mêmes pouvoirs qu’un Grand Maître.

Fra’ Marco Luzzago était arrivé au sommet de la hiérarchie dans un contexte délicat, alors que l’Ordre hospitalier était secoué d’une grave crise à la suite de plusieurs scandales révélés en 2016-2018. L’antique ordre de chevalerie catholique est en outre en proie à une lutte de pouvoir entre une frange de l’organisation souhaitant maintenir son orientation religieuse et une autre souhaitant accentuer sa sécularisation et son statut d’ONG.

Cette crise interne s’était doublée d’une crise vaticane avec la mise au ban du cardinal Raymond Burke en 2016, jusqu’alors Patron de l’Ordre souverain et militaire de Malte. Reprenant personnellement l’ordre en main, le pape François avait envoyé celui qui était alors Substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Angelo Becciu, pour réviser sa Constitution.

Après la mort du Grand Maître combinée à la disgrâce du cardinal Becciu en 2020, le pontife argentin a nommé un délégué général en la personne du cardinal Silvano Tomasi, doté de tous les pouvoirs pour poursuivre la réforme. Une mise en œuvre qui continue à se complexifier avec ce nouveau décès inattendu – alors même que, selon plusieurs sources vaticanes, le délégué spécial serait lui aussi malade.

Une organisation présente partout dans le monde

L’histoire de l’Ordre de Malte commence en Terre Sainte, en 1048, avec la fondation de la communauté religieuse des Hospitaliers de Saint-Jean. Ordre religieux et laïc de l’Église catholique depuis 1113 et sujet de droit international, il entretient des relations diplomatiques avec plus de cents États, ainsi qu’avec l’Union européenne et jouit d’un statut d’observateur permanent aux Nations unies.

Présent dans 120 pays, l’Ordre vient en aide aux personnes dans le besoin à travers des activités médicales, sociales et humanitaires. Sur son site, l’Ordre explique qu’il se compose de plus de 13’500 Chevaliers, Dames et Aumôniers. Quelque 80’000 bénévoles permanents travaillent à leurs côtés, ainsi que 42’000 employés, du personnel médical en majorité. (cath.ch/imedia/ak/rz)

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