Le pape pour l'accompagnement des divorcés-remariés

Dans la préface d’un guide pastoral pour accompagner les jeunes couples publié le 15 juin 2022, le pape François «souhaite ardemment» que ce premier document soit suivi «le plus rapidement possible» d’un autre portant sur l’accompagnement des couples qui «ont vécu l’échec de leur mariage et vivent une nouvelle union ou sont civilement remariés».

Le débat sur la communion accordée, ou non, aux personnes divorcées et remariées civilement avait agité les deux synodes sur la famille de 2014 et de 2015.

Un peu plus de six années après la publication de l’exhortation apostolique sur la famille, Amoris Laetitia, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie propose un guide destiné à tous les acteurs impliqués dans la préparation au mariage et la pastorale des époux. Long d’une centaine de pages, il est publié en italien aux éditions Librairie éditrice vaticane.

Préfaçant le document, le pape se réjouit de cette publication qui doit aussi aider les couples à traverser les crises et les moments de découragement. Mais il demande explicitement que ce premier manuel «soit suivi le plus rapidement possible d’un autre, qui indiquera des méthodes pastorales concrètes et d’éventuels itinéraires d’accompagnement spécifiquement dédiés aux couples qui ont vécu l’échec de leur mariage et vivent une nouvelle union ou sont civilement remariés».

L’Église, assure le pontife, veut être proche de ces couples «afin qu’ils ne se sentent pas abandonnés et puissent trouver dans les communautés des lieux d’accueil accessibles et fraternels, une aide au discernement et à la participation».

Les personnes divorcées non remariées encouragées à communier

Dans ce manuel qui compte 94 paragraphes, il n’est fait mention qu’à la toute fin du cas des personnes divorcées et remariées civilement. Au paragraphe 93, le dicastère rappelle que, «malgré tout le soutien que l’Église peut offrir aux couples en crise, il existe cependant des situations dans lesquelles la séparation est inévitable».

Cette solution de «dernier recours» doit être accompagnée pastoralement. «Il convient avant tout de saluer et de valoriser la souffrance de ceux qui ont injustement subi une séparation, un divorce ou un abandon, ou qui ont été contraints par la maltraitance de leur conjoint à rompre leur cohabitation», détaille le document qui invite ensuite à mettre en place une «pastorale de la réconciliation et de la médiation». Celle-ci pourrait être portée par des centres d’écoute spécialement créés dans les diocèses.

Le dernier paragraphe du manuel se consacre plus précisément au cas des personnes «divorcées mais non remariées». Ces personnes sont «souvent des témoins de la fidélité conjugale» qui doivent être «encouragées à trouver dans l’Eucharistie la nourriture qui les soutient dans leur état», expliquent les auteurs du texte.

Ils reconnaissent en outre que peu de lieux dans l’Église accordent une attention pastorale à ces personnes qui devraient pourtant être accompagnées avec sollicitude, «surtout lorsqu’elles ont des enfants». Le document insiste: «Leur situation particulière, nourrie par le don de la fidélité au sacrement du mariage, peut en revanche être un témoignage et un exemple».

Dès lors, les jeunes couples et les prêtres pourraient voir dans leur vie «la présence constante du Christ Époux» ou bien une foi présente malgré la solitude, «une solitude ‘habitée’, marquée par l’intimité avec le Seigneur et le lien avec l’Église», assure encore le dicastère.

Une réflexion déjà menée par des évêques

La délicate question doctrinale de la communion accordée ou non aux personnes divorcées et remariées civilement avait animé les débats lors des synodes sur la famille en 2014 et 2015. Le catéchisme de l’Église catholique assure qu’une personne mariée à l’Église qui divorce et se remarie civilement se trouve en situation d’adultère. Elle ne peut pas dès lors accéder à la communion eucharistique, «aussi longtemps que persiste cette situation».

Dans le paragraphe 305 de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François avait écrit qu’un pasteur ne pouvait «se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales à ceux qui vivent des situations ‘irrégulières’». Dans une note de bas de page, il évoquait alors une participation de ces personnes à la vie sacramentelle de l’Église «dans certains cas».

Certaines conférences épiscopales ont d’ores et déjà donné des lignes directrices pour appliquer l’exhortation du pape sur la famille. Ainsi, début 2017, Mgr Scicluna, archevêque de Malte et l’alors évêque de Gozo, Mgr Grech – devenu depuis cardinal et secrétaire du Synode des évêques -, avaient publié une note à l’intention de leurs prêtres.

«Dans l’exercice de notre ministère, nous devons veiller à ne pas tomber dans les extrêmes : dans l’extrême rigueur d’une part, et dans le laxisme d’autre part», pouvait-on lire dans ce document qui appelait les prêtres à manier «l’art de l’accompagnement».

Les deux évêques maltais mettaient en garde les ministres ordonnés contre la tentation d’appliquer des schémas: «Notre rôle n’est pas simplement d’autoriser ces personnes à recevoir les sacrements, ou d’offrir des «recettes faciles», ou de se substituer à leur conscience. Notre rôle est de les aider patiemment à former et à éclairer leur propre conscience, afin qu’elles puissent elles-mêmes prendre une décision honnête devant Dieu et agir selon le plus grand bien possible».

Longue d’une dizaine de pages, cette réflexion pratique était très certainement remontée jusque dans le bureau du pape François. Quelques jours après sa publication, L’Osservatore Romano, journal officiel du Saint-Siège, en faisait un bon écho dans ses pages. (cath.ch/imedia/hl/bh)

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