Rappel et dates qui ont marqué l’événement

Accord entre Israël et le Vatican: historique (301293)

Rome, 30décembre(APIC) L’accord historique signé jeudi à Jérusalem entre

le Saint-Siège et Israël met un terme à l’absence de relations diplomatiques entre les deux Etats. Fruit de longues négociations, et surtout du

travail de la Commission bilatérale permanente de travail instituée le 29

juillet 1992, ce document, approuvé mercredi déjà au Vatican entre le viceministre israélien Yossi Beilin et son homologue au Vatican Mgr Claudio

Celli, prévoit notamment l’échange prochain de représentants. Au-delà des

relations inter-étatiques, ce rapprochement touche au coeur des relations

judéo-chrétiennes et s’inscrit dans un processus né après la Shoah et marqué par Vatican II.

Après la signature historique de jeudi, le gouvernement israélien déposera sur le bureau de la Knesset le texte de l’accord en hébreu. Un débat

aura lieu si les parlementaires le désirent dans les quinze jours qui suivent.

L’accord ne saurait cependant masquer un certain nombre de divergences

entre les deux Etats, comme le statut de la Ville Sainte, Jérusalem, par

exemple. Il n’en demeure pas moins qu’il concrétise en peu de temps le travail réalisé par la Commission bilatérale permanente depuis juillet 92.

Reste qu’il aura fallu des années pour ne pas dire plus pour en arriver

là… Bref rappel historique et dates essentielles.

Le 25 janvier 1904, Pie X, par son « Non possumus » à Théodore Herzl, refuse tout soutien aux droits nationaux du peuple juif. Quarante-trois ans

plus tard, le 29 novembre 1947, les Nations Unies votent la résolution 181

sur le partage de la Palestine et le « corpus separatum » pour Jérusalem. Le

14 avril 1948, l’Etat d’Israël est créé. Jérusalem en est proclamée unilatéralement la capitale le 23 janvier 1950, aprés l’annexion par les Israéliens du secteur ouest, et par les Jordaniens du secteur est.

Du 4 au 6 janvier 1964, Paul VI se rend en pèlerinage en Terre Sainte.

Et le 28 octobre 1965, la déclaration « Nostra Aetate » du Concile lave le

peuple juif de l’accusation de déicide. Le 26 juin 1967, Paul VI réclame

pour Jérusalem un statut propre internationalement garanti. Le lendemain,

la Knesset approuve une loi sur la protection des Lieux saints. Le 28 juin,

après l’entrée des troupes israéliennes dans la vieille ville, Jérusalem

est « réunifiée ».

Le 6 octobre 1969, le ministre des Affaires étrangères, Abba Eban, est

reçu au Vatican. Il sera suivi de Golda Meir en 1973, Moshe Kol en 1975,

Moshe Dayan en 1978, Ytzhak Shamir en 1982 et Shimon Peres en 1985 et 1993.

Le 30 juillet 1980, la Knesset adopte une loi proclamant Jérusalem

réunifiée, capitale éternelle d’Israël. Deux ans plus tard, le 15 septembre

1982, Jean Paul II reçoit Yasser Arafat, qui reviendra au Vatican en 1988

et 1990. Le 20 avril 1984, Jean Paul II publie la lettre « Redemptionis

anno » dans laquelle il évoque pour Jérusalem un statut spécial. Il rend

visite le 13 avril 1986 à la synagogue de Rome.

Pas décisif: une Commission bilatérale permanente est constituée le 29

juillet 1992. Le 21 septembre 1993, le grand rabbin ashkénaze d’Israël,

Meir Lau, se rend au Vatican. Un mois plus tard, le 23 octobre, Shimon Peres renouvelle l’invitation au pape à venir à Jérusalem. Le pape s’y rendra

en 1994.

L’accord signé jeudi suscite nombre de commentaires, d’enthousiasme pour

certains, comme pour le cardinal Albert Decourtray, archevêque de Lyon,

pour qui cet « accord, qui doit grandir d’année en année, constitue l’événement de l’année », de méfiance aussi, comme pour nombre de chrétiens palestiniens, de doute également en Israël, de réflexions enfin comme pour le

grand rabbin Meir Lau, qui, tout en saluant l’accord, relève qu’il convient

de garder le sens des proportions. Il se réjouit notamment du fait qu’il

est une invitation déterminée à combattre l’antisémitisme, mais souligne

qu’il ne va pas nécessairement conduire à un rapprochement des deux religions.

Quant au patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, il invite Israël à changer de mentalité à l’égard des chrétiens palestiniens et de la

ville de Jérusalem. « Les Israéliens doivent revoir leur prétention à contrôler seuls cette ville ». Jérusalem, dit-il, « appartient à deux peuples:

aux Israéliens et aux Palestiniens, et à trois religions: aux juifs, aux

musulmans et aux chrétiens ». (apic/lc/pr)

ENCADRE

Lieux saints de toutes les religions

Il existe plusieurs listes de Lieux saints en Terre Sainte. La première,

dite du « statu quo », a été établie en 1952. Elle comprend neuf lieux, dont

six sont chrétiens, deux juifs et un musulman:

– la basilique du Saint-Sépulcre, avec ses dépendances, à Jérusalem (chrétien):

– le toit du Saint-Sépulcre, à Jérusalem (coptes et éthiopiens);

– le sanctuaire de l’Ascension, à Jérusalem (musulman);

– la tombe de la Vierge, près de Jérusalem (chrétien);

– la basilique de la Nativité, à Bethléem (chrétien)

– la grotte du lait, à Bethléem (chrétien);

– le Champ des bergers, à Bethléem (chrétien);

– le mur des Lamentations, à Jérusalem (juif);

– le tombeau de Rachel, près de Bethléem (juif, revendiqué par les musulmans).

Une autre liste, établie par l’ONU en 1948, comporte au total 113 lieux.

(apic/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/accord-entre-israel-et-le-vatican-historique-301293/