L’Évangile n’est pas un livre de consignes toutes prêtes. C’est un lieu de rencontre, un lieu de vie. Quand Jésus parle à ses amis, Il suscite en eux le désir de vivre de Dieu. Pour cela, Il emploie des images, des paraboles et, parfois, Il évoque même des situations bizarres. Par exemple, l’Évangile de ce dimanche nous met en face d’une situation pleine de confusions. On y voit des serviteurs qui se prennent pour les maîtres, un maître qui installe à table ses esclaves pour les servir; on y voit encore un propriétaire qui frappe à la porte de chez lui pour entrer: aurait-il perdu les clefs en allant à la noce, puisqu’on nous dit qu’il vient de là? Et voilà même qu’il se compare à un voleur qui vient sans avertir de son arrivée et qui perce le mur de la maison: alors qui est qui? Qui fait quoi? Tout est sens dessus dessous!
L’absence du maître livre les serviteurs tantôt à la fidélité, tantôt à l’infidélité avec des moments de grâce et leurs mauvais côtés. Et puis, cet intendant qui se met à jouer au petit chef, à frapper les uns et les autres, à boire et à manger sans retenue. Cette sorte d’abus de pouvoir à laquelle, avouons-le, nous sommes aussi tentés. Quand Jésus évoque ces serviteurs de la sorte, Il désigne le glissement subtil du passage de notre condition de gestionnaire à celle de propriétaire. Tentations bien réelles au cœur de notre vie relationnelle ! Chacune et chacun en fait l’expérience tout au long de sa vie. D’une certaine manière, la dynamique de la gestion est plus exigeante que celle de la propriété. Le propriétaire peut dire: «C’est à moi!», le gestionnaire, lui, ne peut dire que «Je suis pour toi!»
« L’essentiel n’est pas que notre maison intérieure soit en ordre, mais qu’elle soit accueillante, habitée par Celui qui frappe à la porte, le Christ lui-même. »
Mais le plus surprenant de cet Évangile est ailleurs. Un tout petit détail qui a des conséquences énormes. Entendez bien: le maître frappe à la porte. Autrement dit, le maître frappe à la porte de chez lui. Étonnant!!! Pourquoi n’entre-t-il pas directement chez lui et remettre de l’ordre dans cette maisonnée en pleine dérive? Quand, dans l’Évangile, nous trouvons quelqu’un qui frappe à la porte, c’est pour présenter une situation de demande. Un homme frappe à la porte de son voisin pour lui demander 3 pains (Lc 11, 5-8). Une veuve frappe à la porte du juge pour demander justice (Lc 18, 1-8). Jésus lui-même en parlant de la prière nous dira «Frappez et l’on vous ouvrira (Lc 11,9). Frapper, c’est donc prier. Ainsi, Dieu prie! Dieu nous demande la permission d’entrer chez lui et nous prie de lui ouvrir. Là, c’est vraiment le sens dessus dessous.
Nous savons bien que Dieu frappe à la porte. Que nous soyons des serviteurs vigilants, des intendants despotiques, ou bien l’un et l’autre à la fois, peu importe. L’essentiel n’est pas que notre maison intérieure soit en ordre, mais qu’elle soit accueillante, habitée par Celui qui frappe à la porte, le Christ lui-même. Laissons-Le entrer chez lui. Notre cœur est fait pour Lui. Apprenons de Lui à frapper à notre tour à la porte des uns des autres, à ouvrir notre porte à celle ou celui qui sollicite ma présence, mon attention, mon écoute. C’est le prix d’une rencontre authentique et vraie.
Bernard Miserez | Vendredi 5 août 2022
Lc 12, 35-40
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Sois sans crainte, petit troupeau :
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez
et donnez-le en aumône.
Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas,
un trésor inépuisable dans les cieux,
là où le voleur n’approche pas,
où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor,
là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors :
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,
ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit :
« Que dire de l’intendant fidèle et sensé
à qui le maître confiera la charge de son personnel
pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur
que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare :
il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même :
›Mon maître tarde à venir’,
et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra,
le jour où son serviteur ne s’y attend pas
et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera
et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,
n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,
recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas,
et qui a mérité des coups pour sa conduite,
celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné,
on demandera beaucoup ;
à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage. »
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