15 août: sur les pas des Cadiens pour la Fête-Dieu du Têche

La procession navale de la ‘Fête-Dieu du Têche’ se déroulera comme chaque année le 15 août 2022 dans les bayous de Louisiane. L’occasion de rappeler qu’un petit noyau de francophones vit encore dans le sud des Etats-Unis.

L’Acadiane désigne la région française de Louisiane – composée de 22 paroisses – où vit le peuple cadien (cajun en anglais) exilé à la fin du XVIIIe siècle de l’actuelle Nouvelle-Écosse par les Britanniques pendant la guerre franco-indienne. Ils se sont installés le long des bayous et des prairies du sud-ouest de la Louisiane.

Dans le diocèse de Lafayette a lieu, le 15 août, la procession eucharistique de 40 milles en bateau sur le bayou Têche. Le 15 août est une sorte de fête ‘nationale’ pour les Cadiens, car c’est la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne de l’Acadiane. Ce jour marque aussi le 257e anniversaire de l’arrivée des immigrants canadiens-français, apportant avec eux leur foi catholique.

«Après la guerre franco-indienne, vers 1763, les Britanniques ont exigé que les personnes vivant dans l’actuelle Nouvelle-Écosse renoncent à leur foi et prêtent serment d’allégeance au roi britannique», explique Mgr J. Douglas Deshotel, évêque de Lafayette.

Messe en français

«Ceux qui ne l’ont pas fait ont été expulsés du pays. Ils ont perdu leurs terres, leurs maisons et certains leur vie», a-t-il ajouté. «C’était le premier exemple de nettoyage ethnique dans le Nouveau Monde. Beaucoup sont venus s’installer dans le sud de la Louisiane, où la population était française et catholique.» «De nombreuses colonies ont été établies le long de la rivière Têche où ils ont construit des églises, des maisons et une nouvelle vie.» La plupart de ces localités ont conservé leur nom français jusqu’à nos jours. Des 64 paroisses que comporte la Louisiane, 22, composent l’Acadiane. Environ un cinquième des habitants de la région parlent encore le français cadien.

La fête-Dieu du Têche au départ de Léonville | DR

La Fête-Dieu du Têche débute par une messe célébrée en français par Mgr Deshotel à l’église catholique St-Léon le Grand de Léonville. Après la messe, la procession avec le Saint Sacrement et une statue de Marie et de Saint Joseph se rend jusqu’au débarcadère voisin. Le Saint-Sacrement est fixé sur un autel sur le bateau de tête sous un auvent. Un autre bateau porte la statue de l’Assomption de la Vierge.

50 saints témoins de l’eucharistie

Cette année, les plaisanciers pourront choisir un patron parmi une liste de 50 témoins eucharistiques – des saints et des bienheureux «qui ont donné l’exemple d’une vie totalement dédiée à Jésus dans la Sainte Eucharistie». Les saints connus pour leur amour de l’Eucharistie seront mis en avant, notamment Thomas d’Aquin, le curé d’Ars, la religieuse américaine Katharine Drexel, Mère Thérèse, ainsi que le jeune bienheureux italien Carlo Acutis. Les bateaux seront équipés de banderoles, de drapeaux et de bannières portant le nom du saint choisi et présenteront des citations de ce dernier sur l’importance de l’Eucharistie.

Selon le Père Michael Champagne, prêtre de la Communauté de Jésus Crucifié à Saint-Martinville, l’organisateur de l’événement, la flottille d’une journée nécessite l’engagement de quelque 120 bénévoles pour assurer la synchronisation de ses nombreuses «pièces mobiles».

Les bateaux s’arrêtent pour permettre à leurs passagers de débarquer pour le chapelet et la bénédiction dans les églises des localités situées le long du trajet jusqu’à l’arrivée à St-Martinville. «Le déplacement du Très Saint Sacrement en bateau sur le bayou, qui était une voie de transport importante pour nos ancêtres, rappelle le rôle vital que l’Eucharistie a joué dans la foi de l’Acadiane», explique Mgr Glen J. Provost, évêque de Lake Charles. (cath.ch/cns/mp)

Maurice Page

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