«Les sanctions contre le patriarche Cyrille sont absurdes»

François Gloutnay/Présence information religieuse

La décision du Canada de sanctionner le patriarche Cyrille, le chef de l’Église orthodoxe russe, est franchement «absurde», estime l’archevêque Gabriel du diocèse de Montréal et du Canada de l’Église orthodoxe russe hors frontières (EORHF), une Église en communion avec le patriarcat de Moscou.

Qualifié par le Canada d’«agent de désinformation russe» et accusé «de permettre et de soutenir l’invasion non provoquée et injustifiée de l’Ukraine par la Russie, le patriarche Cyrille fait maintenant partie des quelque 1’150 personnes et institutions ou entreprises liées à la Russie, à l’Ukraine et au Bélarus qui ont fait l’objet de sanctions canadiennes depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

«Tout cela est vraiment absurde», répète l’archevêque Gabriel. «Le patriarche est le chef de l’Église, ce n’est pas un politicien». Le Canada le sanctionne tout simplement parce qu’il a osé exprimer ses opinions, avance-t-il.

L’archevêque Gabriel explique que lorsque la Russie a pris la décision de lancer son «opération militaire», les médias occidentaux ont répété que c’était une «invasion non provoquée».

Un conflit provoqué par les Ukrainiens

«Ce n’est pas vrai», dit l’archevêque dont la cathédrale est à Montréal. Au contraire, on assiste à un conflit «très provoqué». Il rappelle que depuis huit ans les régions de Donetsk et de Lougansk «ont été sous le feu des forces ukrainiennes». Plus de 14’000 personnes – «bien des femmes et des enfants», dit-il – ont trouvé la mort lors de ce conflit. «Prétendre que cette opération n’était pas provoquée, c’est un mensonge absolu», lance l’archevêque.

Les journalistes occidentaux ne mentionnent jamais ces faits, déplore-t-il. Ils taisent aussi que «des soldats ukrainiens sont des néo-nazis». Le chef de l’archidiocèse canadien de l’EORHF dit avoir vu plusieurs images de soldats ukrainiens, le corps tatoué de symboles nazis. Le conflit entre l’Ukraine et la Russie, «c’est de l’autodéfense, ce n’est pas une attaque», tranche-t-il.

D’ailleurs, «que peut faire un chef d’Église quand son pays est attaqué?», demande-t-il. «Que pouvait-il dire à ces jeunes qui mettent leur vie en péril afin de protéger les gens du Donbass? Que le chef spirituel de notre Église ne [vous] appuie pas?». »Voyons, c’est absurde, c’est ridicule. Aucun chef religieux ne peut faire cela», dit-il.

Et cela ne fait pas du patriarche Cyrille un être insensible, ajoute-t-il. «Personne ne veut voir des gens être tués» lors d’un conflit, d’autant plus que les populations d’Ukraine et de Russie ont «historiquement les mêmes racines».

«Tout cela est très triste», dit l’archevêque Gabriel qui assure que «la Russie veut la paix» et qu’elle est bien disposée à négocier. «Mais l’Ukraine continue de dire: « Nous allons nous battre jusqu’au dernier Ukrainien». C’est tellement triste.» (cath.ch/pir/fg/mp)

Maurice Page

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