Abbé Gaétan Joire – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
« Dieu, infiniment bon, infiniment aimable »
Peut-être que cette expression ranime en vous quelques souvenirs plus ou moins anciens ?
Il s’agit des termes employés dans l’acte de contrition du pénitent, quand il va se confesser, juste après avoir confessé ses péchés au prêtre et avant de recevoir l’absolution, le pardon.
Pour mémoire, voici l’entier de cette prière : « Mon Dieu j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît, je prends la ferme résolution avec le secours de votre sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »
Mais beaucoup de nos contemporains diront : « Que tout cela est dépassé, plus besoin « d’acte de contrition », plus besoin de confessionnaux, plus besoin de ce « retour sur-soi », je peux me confesser directement à Dieu ! Dieu me connaît tellement, que ce rituel formel n’a plus de sens aujourd’hui ! »
Et pourtant, l’expérience comme prêtre depuis bientôt 22 ans, au Brésil, en Provence, et maintenant en Suisse me fait dire le contraire.
Dieu veut tout de nous
Même ici dans notre chère terre Vaudoise de Renens, il n’y a pas une semaine, voir une journée sans que, quelqu’un frappe à la porte et demande de rencontrer un prêtre, de parler, mais plus encore de recevoir ce si beau sacrement de la réconciliation ! Et oui, cela peut paraître surprenant, mais chaque jour, après ou avant la messe, il y a toujours une personne qui s’approche et qui reconnaît avoir besoin de Dieu ! Un cœur, une âme qui expérimente au plus profond de lui-même que Dieu est infiniment bon, infiniment aimable ! Qui expérimente que Dieu veut tout de nous ! Qu’Il se ne contente pas simplement d’une petite prière récitée rapidement, d’une petite « bonne action », d’une petite heure le dimanche à l’église ou à l’écoute de la RTS. Oui, Dieu veut tout de nous ! Notre oui, notre personne, notre connaissance, notre culture, nos qualités nombreuses et même nos petits défauts ! Et même notre péché ! Ce à quoi nous sommes le plus attaché ! Tous nous faisons l’expérience que c’est facile de donner à Dieu un peu de notre temps, un peu de notre argent, un peu de notre prière, un peu de nos belles actions, mais lui donner notre péché ! Comme c’est difficile, combien sommes-nous attachés à ce qui ne brille pas en nous, à ce qui est défiguré, à ce que nous considérons comme honteux !
Entrer dans l’humilité de Dieu
Et pourtant, ce Dieu infiniment bon, infiniment aimable vient là encore nous rejoindre, Il vient nous donner son propre Fils ! Le Christ, Fils Bien-aimé du Père, est justement venu pour cela ! Il s’est fait chair, justement pour que nous puissions lui donner tout ! Il a tout reçu du Père pour pouvoir tout lui remettre. Il a habité parmi nous justement pour nous délivrer de nous-même, pour nous détacher de ce qui nous enferme, pour nous délier de notre péché dont nous avons tant de mal à nous libérer. C’est la perle de l’évangile de ce jour : entrer dans l’humilité de Dieu ! Comme le signifie si bien le Christ par ces paroles : « Quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. » Quand nous sommes invités à des noces ou à un repas important, nous laisser faire, ne pas calculer, ne pas rechercher les honneurs mais simplement prendre la dernière place! Quand nous organisons un grand dîner, ne pas chercher à tout organiser à partir de nous-même et de nos propres critères, ne pas chercher ceux qui nous flattent et qui sont brillants aux yeux du monde mais simplement inviter tous ceux qui ne sont jamais invités : les invisibles, les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles ! Passer de cet orgueil qui nous emprisonne, qui nous rend triste, qui nous défigure, à cette humilité divine, qui nous fait choisir la dernière place, qui nous permet de nous abaisser, qui nous fait découvrir combien Dieu est infiniment bon et infiniment aimable !
Combien Dieu est patient, compatissant avec nous ! Combien Dieu ne fait qu’attendre simplement notre OUI, combien Dieu désire que nous entrions dans cette béatitude : »Bienheureux les humbles, car le royaume des cieux est à eux ! » Saint François de Sales, évêque de Genève s’émerveillait ainsi : « L’amour est l’instrument du Salut! ». Dieu infiniment bon, infiniment aimable !
22° dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Siracide 3, 17-29 ; Psaume 67; Hébreux 12, 18-24; Luc 14, 1-14