Argentine: le Saint-Siège réconcilie un évêque et des religieuses

Dans un communiqué publié le 3 septembre 2022, le cardinal João Braz De Aviz se félicite de la réussite de la médiation entreprise par le Saint-Siège dans l’archidiocèse de Santa, en Argentine, entre le monastère des Carmélites déchaussées de San Bernardo et leur archevêque Mgr Mario Antonio Cargnello. Le pontife y avait dépêché un délégué pour «rétablir le dialogue fraternel» entre les deux parties qui étaient en conflit ouvert à propos d’une révélation mariale non reconnue par l’Église.

Un accord a en effet été signé entre la prieure de la communauté carmélite, l’évêque et le Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, dont le cardinal Braz de Aviz est préfet. L’agrément désigne le canoniste Javier Belda Iniesta comme garant des décisions adoptées par les deux parties. Celui-ci aura en charge de superviser leur mise en œuvre jusqu’au 1er avril 2023. 

Un conflit vieux de vingt ans

Le conflit en question durait depuis presque vingt ans dans le diocèse de Salta: en 2003, l’évêque avait interdit aux religieuses cloitrées d’entretenir leur dévotion pour la Vierge del Cerro, une révélation privée non approuvée par l’Église catholique. Il avait mis en garde contre le risque de schisme, sans succès. 

La Vierge del Cerro, connue aussi sous le titre de «Mère Immaculée du Divin Cœur Eucharistique du Christ», serait apparue à Maria Livia Galliano de Obeid dans le diocèse. Les religieuses du monastère entretenaient depuis le milieu des années 1990 une relation étroite avec cette mystique, possédant notamment le terrain où auraient eu lieu les apparitions. 

Pour l’évêque, qui considère que la voyante est parvenue à une réelle emprise sur toute la communauté, une telle association met en péril le charisme des carmélites. Il a entrepris plusieurs actions pour faire cesser cette dévotion. Le conflit avait pris de l’ampleur récemment quand les carmélites ont accusé publiquement leur évêque de «violence de genre», entraînant l’ouverture d’une enquête par le Vatican.

Avec l’accord, le cœur du contentieux n’a pas été intégralement tranché, estime le quotidien argentin La Nacion, qui explique le Vatican aurait compris qu’il ne pouvait pas «couper immédiatement et à la racine le lien du Carmel avec la Vierge del Cerro». L’accord prévoit en fait un «projet formatif» sur la spiritualité carmélitaine et monastique pour les religieuses et reconnaît à chaque carmélite le droit «de pratiquer les dévotions particulière qu’elle désire» tant que cela ne contredit pas la constitution de son ordre. 

Un lien avec l’affaire Zanchetta

La canoniste espagnol Javier Belda Iniesta, qui a été choisi par le Saint-Siège comme modérateur, a été impliqué dans une autre affaire importante en Argentine, celle concernant Gustavo Zanchetta. Il a en effet été l’avocat de l’ancien évêque d’Orán (en Argentine) lors de son procès ecclésiastique, une procédure achevée mais dont le résultat n’a jamais été divulgué. 

Mgr Zanchetta a en revanche été condamné le 4 mars dernier à 4 ans et demi de prison par la justice argentine pour abus sexuels sur deux anciens séminaristes. Il n’a cependant pas été renvoyé à l’état laïc par le pontife.

L’évêque était une des premières nominations de François après son élection en 2013. En 2017, à l’âge de 53 ans, il avait brusquement quitté son diocèse, alléguant qu’il avait besoin d’un traitement médical en Espagne. Peu après, il avait été nommé par le Souverain pontife à un poste au sein de l’Administration pontificale du Siège apostolique (APSA), où il a travaillé jusqu’en 2019, n’étant écarté de son poste qu’un an après qu’une plainte pour abus a été déposée à son encontre en Argentine.

En juin dernier, Javier Belda Iniesta avait été envoyé par le pape François pour enquêter sur les prêtres du diocèse d’Orán. Il a affirmé que l’affaire n’avait pas de rapport avec celle de Mgr Zanchetta, écartant l’idée qu’il s’agissait d’une «chasse aux sorcières». (cath.ch/imedia/cd/bh)

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