L’UP St-Pierre les Roches fait le pont entre Fribourg et Vaud

L’unité pastorale (UP) St-Pierre les Roches, créée à l’image des 7 jours de la création (7 paroisses), s’étend sur deux cantons, en l’occurrence Fribourg et Vaud. Une situation qui apporte certaines complications, mais aussi son lot d’enrichissements.

Les prêtres et agents pastoraux de St-Pierre les Roches sont souvent derrière leur volant. La raison en est la superficie conséquente de leur UP, qui réunit trois paroisses sur le canton de Vaud et quatre sur celui de Fribourg. Gérald Bovet s’est un jour résolu à en faire le tour, un trajet de 100 km. «Il y a déjà 30 km entre Forel-Lavaux et Forel-Lucens, les deux extrémités de l’UP, précise-t-il». A 71 ans, le membre du Conseil d’Unité pastorale (CUP) est la «mémoire vivante» de la communauté. Il raconte à cath.ch la formation de cette UP un peu particulière.

Regrouper les forces

Les 7 lieux de culte de l’UP St-Pierre les Roches, figurent les «7 jours de la création» | © DR

Elle est liée en partie à la proximité «naturelle» entre les communes de l’est vaudois et de l’ouest fribourgeois. Cela fait bien longtemps que les frontières n’existent plus que dans les esprits.

Un état de fait qui s’est révélé avec plus d’acuité au début des années 2005 lorsque les 3 paroisses vaudoises se sont retrouvées sans prêtres. En attendant les nominations, les abbés fribourgeois Jean-Marie Demierre et Boniface Bucyana ont dû assurer pendant un an les messes sur les 3 paroisses vaudoises. Cette situation a clairement mis au jour la nécessité de regrouper les forces pastorales de la région.

Une première séance, en février 2005, a décidé de la mise en place de l’UP 13. La nouvelle entité était officiellement consacrée par Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) en janvier 2007. Une naissance plutôt tardive au vu des autres regroupements de paroisses en Suisse romande. L’UP voisine Sainte Marguerite Bays, autour de Romont, était déjà en place depuis un certain temps. Les quatre paroisses fribourgeoises d’Ursy, Rue, Chapelle et Promasens ont donc logiquement été amenées à s’allier avec les trois paroisses vaudoises frontalières d’Oron, de Moudon et de Lucens.

Mise en commun des ressources

Un rapprochement bien vécu, malgré quelques résistances, indique Gérald Bovet. L’inter-cantonalité faisait craindre à certains des complications insurmontables. La grosse pierre d’achoppement concernait les finances, explique Gérald Bovet. Dans le canton de Vaud, la mission pastorale relève en effet de la compétence de la paroisse canonique et de ses délégations (UP), tandis que les tâches logistiques et financières sont du ressort des paroisses. Dans le canton de Fribourg, l’Etat et les circonscriptions des paroisses ecclésiastiques correspondent à ceux des paroisses canoniques. «Mais nous avons quand-même réussi à établir une convention. Le financement fonctionne ainsi très bien. C’était le seul dispositif intercantonal qui a marché directement», souligne Gérald Bovet.

L’UP Saint-Pierre les Roches est composée de 4 paroisses fribourgeoises et de 3 vaudoises.

Si les agents pastoraux restent payés par l’Eglise cantonale à laquelle ils sont rattachés, les difficultés ont surtout concerné les coûts liés au fonctionnement de l’UP en elle-même. Le maître-mot de la Convention de collaboration est ainsi la mise en commun des ressources. Le document stipule notamment que «Les parties s’entendent pour approvisionner un compte commun servant à financer les frais imposés par l’exécution du travail de l’Equipe pastorale (EP), du CUP, du Conseil de gestion et des bénévoles qui oeuvrent au sein de l’UP». Une affaire qui roule donc bien et qui permet à l’UP Saint-Pierre les Roches de développer une pastorale dynamique, souligne Gérald Bovet.

Multiculturalité

Des aspects plus négatifs se sont pourtant révélés. «C’est surtout compliqué au niveau de la catéchèse, explique l’Abbé Adalric Jatsa. Il s’agit de conjuguer les différents programmes scolaires suivant les cantons, les établissements, ainsi que les programmes catéchétiques dans les régions diocésaines. C’est particulièrement difficile dans la paroisse d’Oron, où il y a trois établissements scolaires». «Il faudrait pouvoir harmoniser tout cela», affirme le curé modérateur. Pour l’Abbé Jatsa, cette situation a cependant un aspect positif: «Ce sont autant d’expériences différentes qui peuvent se comparer et s’enrichir mutuellement».

Une diversité que l’on retrouve également dans la démographie de l’UP. «Il y a beaucoup de multiculturalité, note Gérald Bovet». Les paroisses de Moudon et Lucens comptent notamment une grande population étrangère. L’approche pastorale est différente de celle qui est pratiquée dans les zones plus rurales, notamment dans le canton de Fribourg, où les fidèles sont davantage enracinés localement.

Gérald Bovet est la «mémoire vivante» de l’UP St-Pierre les Roches | © Raphaël Zbinden

Les missions linguistiques sont ainsi importantes, sur l’UP, notamment celles des Portugais et des Italiens. Gérald Bovet souligne qu’elles sont bien intégrées dans la vie paroissiale. La pastorale dans le canton de Vaud, où vivent deux-tiers des catholiques de l’UP, est également plus en contact avec le protestantisme. Mais la sensibilité œcuménique est présente de longue date à Saint-Pierre les Roches, assure le Fribourgeois. Il note qu’une célébration œcuménique a lieu depuis de nombreuses années la semaine de l’unité des chrétiens au mois de janvier à Moudon et Oron.

Pont de Pierre

Quatre conseils de communauté: Moudon-Lucens, Oron, Ursy et Promasens-Chapelle-Rue ont pour mission de garantir la proximité pastorale. Tandis  que le conseil pastoral de l’UP a pour mission de favoriser l’échange pastoral avec l’équipe pastorale en tenant compte des quatr piliers de l’Eglise que sont la liturgie, l’annonce de l’Evangile, la communion et la diaconie.

L’inter-cantonalité bénéficie aussi des bonnes relations existant entre les régions diocésaines de Vaud et de Fribourg. Les contacts sont réguliers et la collaboration est bien organisée, assure l’Abbé Jatsa.

La grande UP Saint-Pierre les Roches aux réalités si diverses doit son nom en partie à l’un des patrons de la paroisse de Promasens (les saints Pierre et Paul). Les Roches correspond à une portion de territoire qui se trouve entre le canton de Vaud et Fribourg entre Ursy et Moudon. Autant de pierres qui peuvent sans doute inspirer les fidèles vaudois et fribourgeois à garder solide le «pont» qui les unit. (cath.ch/rz)

L’intérieur de l’église d’Ursy (FR) | © Raphaël Zbinden

Le lieu de culte central de l’UP St-Pierre les Roches est l’église d’Ursy, qui représente un patrimoine religieux d’une grande valeur. Il s’agit d’un édifice néogothique consacré en 1869 et restauré en 2018. L’église d’Ursy est connue notamment pour son orgue et ses vitraux. Le vitrail du choeur, notamment, représente saint Maurice, chef de la légion Thébaine, décapité à Agaune (VS) en 285 sous l’empereur Maximilien, premier martyr de l’Helvétie, patron de la paroisse d’Ursy. A l’issue d’un concours, la commande des vitraux actuels a été attribuée à l’artiste-peintre Charles Cottet, d’Attalens (FR). La construction de 19 vitraux et les deux oculi posés entre 1980 et 1983 est réalisée par l’artiste-verrier Michel Eltschinger de Villars-sur-Glâne. Ils font partie de l’itinéraire du vitrail de la Glâne.
L’orgue d’Ursy est la première réalisation intégrale d’une innovation technique: la traction Org-Syncordia, une commande stricte de l’ouverture des soupapes en fonction de l’enfoncement des touches du clavier. RZ

Raphaël Zbinden

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