Cochin, 22septembre(APIC) C’est toujours la controverse, parmi les
catholiques du Sud de l’Inde, à propos des rites liturgiques, et
spécialement de la célébration de la messe dite « rasa », inspirée de la
liturgie chaldéenne. Une partie des catholiques, qui se rattachent à
l’Eglise syro-malabare, voit sa liturgie contestée par d’autres, adeptes du
rite latin. Les responsables de l’Eglise syro-malabare ont eu l’occasion de
s’expliquer récemment avec le cardinal Simon Lourdusamy, préfet de la
Congrégation pour les Eglises orientales, qui a effectué une visite en Inde
durant tout le mois d’aout.
Le voyage du cardinal Lourdusamy a été interprété par beaucoup comme une
d’enquete visant à résoudre les querelles des catholiques indiens à propos
des rites liturgiques. Dans une lettre adressée le 28 mai dernier aux
éveques indiens, le pape Jean Paul II avait déjà donné des directives en ce
sens. Sur les 12 millions de catholiques indiens sur une population totale
de 684 millions, chiffre de 1981, 3 millions et demi sont de rite oriental.
Les chrétiens de rite syro-malabar se disent descendants de Saint-Thomas.
Mais l’Eglise syro-malabare proprement dite est issue des prédications des
missionnaires des XVIet XVIIe s. Le rite syro-malankar est appliqué par
environ 220.000 indiens catholiques.
Le pape avait, entre autres, confirmé que c’est à l’éveque du lieu, ou
l’Eglise indienne célèbre dans un des trois rites en vigueur dans le pays,
qu’il appartient de prendre des dispositions concrètes qui s’imposent, et
cela en conformité avec sa propre législation ecclésiastique. Le pape a
également décidé l’érection d’une éparchie (diocèse) syro-malabare dans la
région de Bombay-Pune, afin d’assurer une meilleure prise en charge
pastorale des catholiques syriens qui ont émigré dans cette région de
l’Etat du Kerala.
La messe « rasa » à titre expérimentale
Mais les directives pontificales ont été rapidement considérées par les
catholiques indiens de rite latin comme des concessions indues faites aux
catholiques de rite oriental. Ainsi, la messe « rasa » que le pape a approuvé
à titre expérimental en 1986 et qui est en usage dans six diocèses
syro-malabars, est considérée par ses détracteurs comme une liturgie
« mystérieuse, magique, interminable et hérétique ».
Un journaliste catholique, qui s’est intéressé spécialement à la visite
du cardinal Lourdusamy, a observé que le préfet de la Congrégation romaine
pour les Eglises orientales s’était généralement abstenu, lors de son
séjour en Inde, de célébrer l’eucharistie en public autrement qu’en suivant
le rite latin. Seule exception: la messe syro-malankare que le cardinal a
célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Trivandrum.
Le cardinal s’est, en tout cas, vu remettre un mémorandum, signé par un
milliers de responsables laics qui l’ont supplié de ne pas imposer la messe
« rasa » tirée de la liturgie chaldéenne. Si le pape a donnée son approbation
provisoire pour ce rite, font remarqué certains critiques, c’est à
l’instigation d’une minorité de prélats syro-malabars, qui « obtenu l’accord
de Rome avec une hate suspecte, passant outre aux objections de la
majorité ». Ces memes critiques reprochent à quelques prélats « leur soif
démesurée d’inculturation et de retour aux sources ». Forts de ce souci, ils
auraient donné à Rome « l’impression que leur demande était la requete
unanime de la hiérarchie syro-malabare ».
Pression de la hiérarchie sur le clergé en faveur de la messe « rasa »
Meme dans les six diocèses ou l’on célèbre la messe « rasa », il semble,
aux dires de la presse laique, que certains pretres aient été contraints
d’adopter le rite sous la menace d’interventions épiscopales, voir de
sanctions.
D’aucuns se sont également élevés contre la création récente d’une
éparchie dans la région de Bombay-Pune. La décision du pape, disent-ils,
était basée sur une mauvaise information. Des personnalités catholiques
syriennes rejoignent partiellement ces critiques, affirmant que le Vatican
s’était comporté comme si tous les catholiques de cette région se
rattachaient au rite syro-malabar. En Fait, ce rite ne concerne que la
moitié des 70.000 catholiques dans cette partie de l’Etat du Kérala. Et
certains ajoutent que ces catholiques bénéciaient jusqu’ici d’un
accompagnement pastoral adéquat de la part de l’archidiocèse de Bombay.
(apic/uca/cip/cr)
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