Financement de la caserne de la Garde Suisse: refus lucernois cinglant

C’est un «non» lucernois cinglant au cofinancement de la nouvelle caserne de la Garde Suisse au Vatican. La contribution de 400’000 francs proposée par les autorités lucernoises, destinée au remplacement de l’ancienne caserne bâtie au XIXe siècle et devenue trop petite, a été rejetée à 71,48% des voix lors du scrutin cantonal du 25 septembre 2022.

Avec un taux de participation au scrutin élevé – il a atteint 55,90% – les votants lucernois se sont rangés du côté des opposants – parti socialiste, verts, verts libéraux, jeunes radicaux et libres-penseurs – qui avaient lancé le référendum. L’ensemble des 80 communes lucernoises ont refusé la contribution. C’est à Lucerne-Ville que le soutien à la Garde Suisse a été le plus faible, avec 22,54%.

Utiliser son patrimoine «dans l’intérêt de sa propre population»

En votant non au décret du gouvernement, écrivent les référendaires, estimant que le Vatican devait subvenir lui-même à la rénovation de ses infrastructures, «on s’assure que le canton utilise son patrimoine dans l’intérêt de sa propre population».

Les arguments des opposants étaient de nature diverse: priorité au financement d’infrastructures locales indispensables, séparation de l’Eglise et de l’Etat, richesses supposées du Vatican, aptes à financer lui-même ses infrastructures.

L’actuel commandant Christoph Graf est Lucernois

Bien que de nombreux commandants de la Garde Suisse – 24 des 35 commandants – soient originaires du canton de Lucerne, comme l’actuel commandant Christoph Graf, les citoyens de ce canton historiquement catholique ont estimé qu’il n’appartenait pas au canton de soutenir un tel projet.

L’abbé Thomas Widmer en compagnie du commandant de la Garde Suisse Christoph Graf | © DR

Contrairement à Lucerne, 17 autres cantons, dont Zurich et tous les cantons de Suisse centrale, ont promis de faire des dons pour financer la construction de la nouvelle caserne, sans pour le moment de soulever de grosses vagues. 

«C’est évidemment décevant»

«Nous trouvons cela très dommage», a déclaré à kath.ch Stefan Wyer, chef du bureau suisse des médias et des relations de la Garde Suisse Pontificale. Le Valaisan ne voit pas dans le «non» lucernois un vote de défiance. «C’est évidemment décevant. Mais ce n’était pas un vote contre la Garde, le débat portait sur d’autres sujets. Même dans le camp adverse, il y a de la sympathie et de l’estime pour le travail de la Garde Suisse. Le point litigieux était de savoir qui devait prendre en charge le financement».

Stefan Wyer regrette que Lucerne, un canton riche en traditions, ne soit plus co-financeur. «La Garde a besoin de logements modernes. Nous sommes confiants dans le fait que nous pourrons malgré tout réaliser le projet».

La Garde Suisse contribue grandement à la réputation de la Suisse

Les partisans du projet avaient argumenté que la Garde Suisse contribuait grandement à la réputation de la Suisse et représentait les vertus suisses telles que la sécurité, la loyauté et la fiabilité. Les opposants, durant la campagne, ont également argumenté en dénonçant la politique qualifiée de conservatrice du Vatican envers les femmes et les LGBTQ. Ils ont aussi mis en avant le scandale des abus dans l’Eglise.  

Les Gardes Suisses au Vatican ont besoin de davantage de place en raison de l’augmentation de leurs effectifs, qui passent de 110 à 135 gardes. Les nouveaux bâtiments pourraient également permettre – un jour peut-être – d’intégrer des femmes au sein de la Garde, mais cela dépend d’un feu vert papal. (cath.ch/kath.ch/be)

Fondation pour la Rénovation de la Caserne de la Garde Suisse
La Fondation pour la Rénovation de la Caserne de la Garde Suisse Pontificale au Vatican, créée à l’automne 2016 à Soleure et présidée par Jean-Pierre Roth, ancien président de la Banque Nationale Suisse, s’est engagée à réunir les 50 millions de francs nécessaires, grâce à la collecte de fonds en cours. Sitôt le financement assuré, le Vatican pourra déterminer le début des travaux. Il est d’ores et déjà établi que le premier coup de pioche pourra être donné au plus tôt à la clôture de l’Année Sainte 2025.
La Fondation est confiante de pouvoir atteindre son objectif dans les délais impartis. Le Vatican a alloué 5 millions de francs suisses à l’hébergement temporaire des gardes et la Confédération s’est également engagée à verser une part de 5 millions de francs. La Fondation a réuni 37,5 millions de francs à ce jour, et cherchera à collecter les 7,5 millions de francs manquants d’ici la fin de l’année, peut-on lire sur son site.
La rénovation de la caserne de garde concerne les trois bâtiments existants. À l’heure actuelle, deux bâtiments servent de logement à la troupe pour les Gardes non mariés ainsi que de zone de restauration. Dans la troisième caserne sont logés le commandement ainsi que les Gardes avec famille. Les bâtiments ont été construits au 19ème siècle. Depuis lors, aucune restauration sérieuse n’a été effectuée. Du fait de la structure déficiente et du manque d’isolation des bâtiments, les coûts de maintenance sont particulièrement lourds. (cath.ch/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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