Timor-Leste: Mgr Belo, Prix Nobel de la paix, accusé de pédophilie

Deux hommes accusent par voie de presse Mgr Ximenes Belo, ancien évêque catholique du Timor oriental, d’avoir abusé d’eux alors qu’ils étaient mineurs, dans les années 1990. Le prélat serait déjà sous le coup de sanctions de la part du Vatican.

L’hebdomadaire néerlandais De Groene Amsterdammer a publié le 28 septembre 2022 un reportage d’investigation dans lequel deux hommes accusent l’évêque Carlos Filipe Ximenes Belo, ancien administrateur apostolique de Dili (Timor-Leste), de les avoir abusés sexuellement lorsqu’ils étaient mineurs, rapporte le site catholique Asianews.

Mgr Belo a reçu le Prix Nobel de la paix en 1996 avec l’actuel président du Timor-Oriental, José Ramos-Horta, pour son engagement en faveur de la fin de la guerre qui a conduit à l’indépendance du Timor-Oriental vis-à-vis de l’Indonésie. Le prélat, aujourd’hui âgé de 74 ans, a été nommé administrateur apostolique de Dili en 1988. Il a cependant démissionné en novembre 2002 pour des raisons de santé. Après avoir quitté le Timor-Oriental, il a été missionnaire au Mozambique et vit actuellement au Portugal.

Plus de 20 témoignages

Les accusations du magazine néerlandais portent sur des faits qui se sont produits dans les années 1990. De Groene Amsterdammer rapporte que les deux victimes, aujourd’hui âgées d’une quarantaine d’années, affirment que d’autres personnes ont également été abusées et qu’elles n’ont trouvé que maintenant le courage de parler. Elles assurent également que le prélat leur a versé de l’argent pour qu’elles gardent le silence. En outre, l’hebdomadaire dit disposer des témoignages de 20 autres personnes au Timor-Leste qui affirment avoir eu connaissance des faits.

Contactée par l’agence de presse portugaise Lusa, la nonciature apostolique de Dili s’est refusée à tout commentaire, notant toutefois que les allégations du magazine et les déclarations des témoins ont été portées à l’attention des dicastères compétents du Vatican.

Déjà dans le viseur du Vatican

L’hebdomadaire néerlandais révèle également que Mgr Belo est frappé par une restriction de ses déplacements depuis 2020, une sanction canonique généralement appliquée lors d’enquêtes pour protéger des victimes, rapporte le journal La Croix.

La mesure a été confirmée par le Vatican le 29 septembre 2022. Le Saint-Siège précise que la Congrégation pour la doctrine de la foi s’est penchée pour la première fois en 2019 sur le cas de Mgr Carlos Belo «à la lumière des allégations reçues sur le comportement de l’évêque». Outre les restrictions des déplacements de l’ancien responsable timorais, Rome a également imposé des limitations dans l’exercice de son ministère et a prononcé «une interdiction de contact volontaire avec des mineurs, d’entretiens et de contacts avec le Timor oriental». Des mesures renforcées l’an passé et acceptées par l’évêque, selon le Vatican.

Au moment de sa démission, dans une déclaration, Mgr Ximenes Belo a invoqué des problèmes de santé et la nécessité d’une longue période de récupération. «J’ai souffert d’épuisement, [ainsi que] de fatigue physique et psychologique», a-t-il écrit, «et j’ai donc besoin d’une longue période de repos pour récupérer pleinement ma santé». (cath.ch/asianews/ag/rz)

Raphaël Zbinden

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