Réforme difficile pour le service du développement humain intégral

Près de six ans après la naissance du dicastère pour le Service du développement humain intégral, né de la fusion de quatre Conseils pontificaux, ses responsables ont présenté à la presse la restructuration de leur organisme, le 29 septembre 2022, au Vatican. Mais la réforme, laborieuse, n’est pas achevée à ce jour.

Le super-dicastère lancé le 1er janvier 2017, qui compte actuellement une cinquantaine d’employés à temps plein – et de nombreux autres assignés à des missions ponctuelles à Rome et de par le monde – est constitué désormais de trois sections principales: «écoute et dialogue»; «recherche et réflexion»; et un troisième pôle «communication et restitution».  

«Nous sommes appelés d’abord à écouter», a argué le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère. En relation avec les Conférences épiscopales du monde, il s’agit de dégager «les plus grandes difficultés» des Églises locales, afin de les aider à y faire face. Les chrétiens doivent en effet pouvoir dire que «l’Église a été proche, l’Église a marché avec nous» dans les drames, a martelé le haut-prélat.  

Un processus de fusion délicat 

Le 17 août 2016, le pape promulguait le motu proprio instituant le nouveau dicastère, recouvrant les compétences de Justice et Paix et Cor Unum, et des Conseils pontificaux pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement, et pour la Pastorale de la santé. La fusion de ces entités jusqu’alors autonomes ne s’est pas faite sans douleur, d’autant plus que le pontife argentin a demandé à la Curie romaine des restrictions budgétaires.

Pour sœur Smerilli, la numéro 2 du dicastère, les tensions internes qui ont entouré la réforme reflètent un processus normal». «Quand on regroupe différentes entités, il faut un peu de temps pour trouver une forme d’action qui ne soit pas une simple somme de ce qu’il y avait avant. Nous commençons, et clairement nous apprendrons aussi de nos erreurs», a-t-elle affirmé. Le dicastère s’est entouré de consultants comme ceux du cabinet de conseil Deloitte, reçus par le pape le 26 septembre. 

La religieuse italienne arrivée à ce poste le 26 août 2021 a explicité le dialogue du dicastère avec la Secrétairerie d’État, fixé par la constitution apostolique Praedicate evangelium (19 mars 2022): «Nous sommes en relation constante avec la section de la Secrétairerie d’État qui s’occupe des relations avec les États et des organismes multilatéraux. Nous les rencontrons fréquemment pour partager ce qui se fait, pour nous mettre d’accord sur les engagements futurs». Le dicastère pour le Service du développement humain intégral apporte ainsi «la voix des Églises locales» au sein de l’administration vaticane, qui elle, se charge de «la partie diplomatique». Et «les relations sont bonnes», a-t-elle conclu. 

Pourquoi un développement «intégral»?

Le nouveau dicastère a pour mission «d’aider l’Église à promouvoir le développement humain intégral». Mais pourquoi intégral? Parce que «tout est interconnecté», a insisté le cardinal Czerny. Il n’est pas possible, a asséné le cardinal, «que quelques-uns vivent heureux» alors que d’autres restent dans des situations «sous-développées» ou sont «laissés de côté». 

Le dicastère s’occupe de thèmes recouvrant une large amplitude – droits humains, santé, armement, violence, économie, travail, environnement, migrants, etc. Pour que son travail «ne reste pas que des mots», a précisé sœur Smerilli, un groupe d’évaluation a été mis sur pied. 

Enfin, une aide d’urgence s’est mise en place sur le modèle de la Commission covid-2019 instituée pendant la pandémie. Cet organe sera dissout lorsqu’il n’aura plus de mandat spécifique lié à l’actualité, a indiqué le cardinal Czerny, mais la mission de secours demeure. Ces derniers mois, le dicastère s’est ainsi mobilisé pour faire parvenir de l’aide en Ukraine. Et encore tout récemment, le dicastère a été contacté pour apporter son soutien à l’île de Cuba, dévastée par un ouragan le 27 septembre. (cath.ch/imedia/ak/bh)

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