Evangile de dimanche: La justice et la foi

Elle a raison la femme de l’évangile de chercher la justice. On ne connaît pas son adversaire mais l’on devine qu’elle en est la victime. Elle a raison également d’aller trouver le juge dont la spécialité est de rendre la justice et surtout elle a raison d’y croire!

Cependant elle est victime une deuxième fois puisque ce juge inique n’entend pas sa détresse et refuse longtemps d’accéder à sa demande. La perte de son mari la laisse seule et sans soutien. Elle ne peut donc compter que sur sa détermination à obtenir ce qu’elle attend. Elle aurait cependant de bonnes raisons de se décourager devant ce juge qui se moque de la justice. «Elle s’obstine parce que sa cause est juste, elle n’en doute pas un instant.» Ce n’est donc plus le juge, même s’il cède devant son insistance, mais c’est sa foi qui lui rend justice. Du reste, Jésus termine cette parabole en questionnant la foi des habitants de cette terre.

Saint Paul l’avait affirmé dans sa lettre aux Romains: «Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ.» (Romains 5, 1). Plus tard, Luther en a fait justement un des arguments de la remise en question qui a conduit à la Réforme. La doctrine de la justification par la foi a longtemps déchiré le monde chrétien. On le comprend car elle s’opposait à l’engagement responsable du croyant à la lumière de la Parole de Dieu. Heureusement, dans un contexte œcuménique pacifié, on a retrouvé toute la beauté de la gratuité de la justice de Dieu et de son accès par la foi.

« C’est par la foi que l’on accède à la véritable justice. Et la prière en est un chemin! »

La parabole de ce jour met en valeur la conviction de cette femme abandonnée à sa fragilité qui lui vaut d’obtenir la justice pour trouver le chemin de la paix. Elle nous est donnée comme la figure croyante de la prière.

Oui, Jésus nous dit son intention en racontant cette histoire: nous montrer que la prière ne doit pas se perdre en découragement. Si un humain, pourtant injuste, accède à sa demande, combien de fois Dieu, plus juste, répondra-t-il à son désir! Depuis la première alliance nous croyons que Dieu voit et entend la misère de son peuple. C’est donc avec humilité, comme cette femme, qu’il convient de nous adresser à Dieu, non pour lui dire ce qu’il doit faire, mais pour nous disposer à la grâce de sa présence aux côtés des siens. Les Béatitudes nous révèlent qu’il nous faut oser la pauvreté pour accueillir le Royaume.

L’évocation du Fils de l’homme nous montre qu’il s’agit bien d’accéder au Royaume. Et le Royaume c’est le jugement de Dieu, bien plus grand que celui des hommes. Ce jugement, nous le croyons, nous ajuste à la vie et à l’amour de Dieu. C’est le chemin des Béatitudes qui ouvre le chemin du bonheur aux artisans de justice et de paix. Le jugement de Dieu c’est de nous découvrir filles et fils de ce père qui accueille ses enfants.

Cette femme qui refuse de baisser les bras en est pour nous le témoin, comme elle est le témoin de Moïse qui, les bras levés au ciel, appelle la force de Dieu pour son peuple. Elle est aussi le témoin des frères de Moïse qui en le soutenant maintiennent fermes les mains de sa prière.

C’est par la foi que l’on accède à la véritable justice. Et la prière en est un chemin!

Philippe Matthey | Vendredi 14 octobre 2022


Lc 18, 1-8

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples une parabole
sur la nécessité pour eux
de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait pas Dieu
et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville,
il y avait une veuve qui venait lui demander :
‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’
Longtemps il refusa ;
puis il se dit :
›Même si je ne crains pas Dieu
et ne respecte personne,
comme cette veuve commence à m’ennuyer,
je vais lui rendre justice
pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ »
Le Seigneur ajouta :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ?
Les fait-il attendre ?
Je vous le déclare :
bien vite, il leur fera justice.
Cependant, le Fils de l’homme,
quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

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