L’unite de l’Eglise uniate menacée ?

Terelya : la persécution de l’Eglise ukrainienne s’intensifie (151187)

Rome, 15novembre(APIC/CIP) Le leader des catholiques ukrainiens de rite

byzantin Josyp Terelya, récemment libéré du Goulag, n’a pas l’intention de

rentrer en URSS. Non qu’il ait peur, explique-t-il dans une interview accordée au quotidien catholique italienne « Avvenire », mais il ne connaît que

trop bien les pénibles conditions de vie dans les camps.

Né en 1927, Josyp Terelya, qui a été reçu par le pape le 7 novembre, a

en effet passé de longues années dans les asiles psychiatriques et les

camps soviétiques en raison de ses convictions religieuses. Il est l’un des

fondateurs du « Groupe de défense des droits des croyants en Ukraine » et de

la revue Samizdat « Chronique de l’Eglise catholique en Ukraine ». Libéré le

13 août dernier après sept condamnations qui lui ont valu au total dix-sept

années de privation de liberté, il s’est rendu personnellement au Kremlin

pour réclamer la légalisation de l’Eglise catholique ukrainienne, intégrée

de force à l’Eglise orthodoxe russe au lendemain de la seconde guerre

mondiale. En septembre dernier, il a choisi d’émigrer au Canada, ou vit une

importante communauté ukrainienne.

Dans son interview à l’ « Avvenire », Terelya, qui se présente comme « un

activiste catholique », évoque les dures conditions de détention au camp de

Koutschino, tout en affirmant qu’elles peuvent être pires ailleurs. Rien

qu’en Ukraine il y aurait selon lui 210 camps et 36 prisons, ou sont détenus surtout des prisonniers politiques, mais aussi des personnes condamnées

pour leurs convictions religieuses.

Pour Terelya, la situation n’a guère changé avec l’arrivée au pouvoir de

Michael Gorbatchev. La persécution à l’encontre des catholiques s’est même

amplifiée en décembre 1986 et en janvier 1987 : mesures d’intimidation contre les croyants qui se rendent à l’église (les amendes sont plus fréquentes, et ceux qui refusent de s’en acquitter risquent quinze jours de détention), agressivité redoublée de la part des médias, destruction d’édifices

religieux. Terelya affirme qu’au cours des derniers mois qu’il a passés en

Ukraine, 150 églises ont été endommagées – certaines ont été incendiées,

d’autres rasées au bulldozer. Et depuis la remise au Kremlin cet été d’une

pétition réclamant la reconnaissance de l’Eglise ukrainienne, les persécutions ont repris.

Le leader ukrainien, qui estime à 5 millions le nombre des fidèles de

son Eglise vivant en Ukraine (auxquels il ajoute 2 millions vivant dans

d’autres régions de l’Union soviétique), attache beaucoup d’importance au

lien avec l’émigration : toute expression de l’identité ukrainienne est un

appui aux frères restés en Ukraine, et quand le pape prononce quelques mots

dans leur langue, par exemple dans son message de Pâques, « c’est presque

une révolution ».

Une solution inacceptable aux dires de Terelya, il n’y a guère de contacts, voire aucun, avec l’Eglise orthodoxe russe. Il y a bien eu des contacts officieux en août dernier, qui ont débouché un mois plus tard sur de

premiers entretiens consacrés aux revendications de l’Eglise ukrainienne.

Les solutions envisagées du côté des autorités soviétiques et de l’Eglise

orthodoxe russe font cependant craindre que l’unite des Eglises uniates

d’Ukraine soit une nouvelle fois mise à mal. Il serait en effet question,

selon Terelya, de soumettre l’Eglise ukrainienne à l’autorité, d’une part

du cardinal Vaivods, administrateur apostolique de Riga, en Lettonie,

d’autre part du primat de Hongrie, pour la partie de l’ Ukraine située de

l’autre côté des Carpates, ce qui signifierait le passage au rite latin.

Une solution que le leader des catholiques ukrainiens juge « quasiment impossible ».

A l’occasion d’une conférence de presse donnée à Rome, Josyp Terelya a

par ailleurs annoncé que le cardinal Miroslav Lubachivsky, évêque majeur de

Lvov et primat de l’Eglise ukrainienne, qui réside à Rome, lancera prochainement un nouvel appel au Kremlin, et que des contacts auraient lieu entre

le Kremlin et le Vatican. (apic/cip/cor)

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