APIC-Interview
Commision chargée du retour des Lefebvristes « repentis »
Rome, 26septembre(APIC/Daniel Demongeot) La reconnaissance de la Fraternité Saint-Pierre, la concession aux disciples de l’Abbé Bisig d’un séminaire à Wigratzbad, en Allemagne, les nouvelles communautés qui reviennent
petit à petit vers la pleine communion avec Rome, l’accusation de « brader
le Concile », les polémiques avec les évêques suisses … : ce sont les
thèmes abordés et les révélations faites par le cardinal Augustin Mayer,
président de la Commission Ecclesia Dei chargée du « retour » des traditionalistes lefebvristes, dans une interview accordée au mensuel français « 30
JOURS dans l’Eglise et dans le monde » qui paraîtra en octobre.
« A la fraternité Saint-Pierre, qui regroupe les prêtres traditionalistes
qui n’ont pas voulu suivre Mgr Lefebvre dans son schisme, une première reconnaissance a déjà été concédée, par la levée de la censure ecclésiastique
et la concession d’un « celebret » pour ces prêtres suspendus « a divinis »,
déclare le cardinal. « Actuellement, notre commission examine le projet des
statuts de la Fraternité et il nous reviendra, en vertu d’une faculté reçue
directement du Saint-Père, de donner une approbation provisoire en temps
opportun. La Fraternité sera érigée comme « Société de vie apostolique de
droit pontifical ». Un séminaire lui sera également concédé. « Le Père Bisig
est en train de se réaliser. L’évêque d’Ausbourg, en Bavière, a déjà donné
son accord pour l’érection d’une maison de la Société Saint-Pierre dans un
édifice mis à sa disposition par une pieuse association, Sainte-Marie de la
Victoire. Cette maison se trouve à Wigratzbad. Plusieurs professeurs renommés et d’une orthodoxie parfaite ont déjà manifesté leur disponibilité
pour collaborer à cet enseignement ».
En revanche, la Fraternité ne disposera pas d’un évêque, comme cela
avait été promis à Mgr Lefebvre. « Après le refus de l’accord par Mgr Lefebvre – explique le cardinal Mayer – je crois que la question d’un évêque
particulier ne se pose pas. Les ordinations au sein de la nouvelle Fraternité seront effectuées, après présentations des lettres dimissoriales par
le Supérieur général, par un évêque qui utilisera le pontifical en vigueur
en 1962″.
A propos de la communauté des moines de Barroux, conduits par dom Gérard
Calvet, et ayant repris depuis peu le chemin de Rome, le cardinal Mayer
révèle avoir reçu le 16 septembre une lettre dans laquelle trois moines
résidents au Brésil se dissociaient de dom Gérard, accusé « d’avoir trop
cédé à Rome ».
D’autre communautés lefebvristes, raconte encore le cardinal, sont
rentrées ces jours-ci dans le giron de Rome, se dissocient du schisme de
Mgr Lefebvre. « La Fraternité Saint-Vincent Ferrier, dominicaine, conduite
par le Père Louis de Blignières, est désormais pleinement réconciliée avec
l’Eglise et a été dotée par l’évêque de Laval, en France, de la juridiction
pour les confessions. La réconciliation a été demandée aussi par le monastère bénédictin comptant 19 religieuses, 10 novices et 4 postulantes,
par la Fraternité de la Transfiguration de Mérigny, dans l’archidiocèse de
Bourges, qui est de type canonial et dirigée par l’Abbé Lacareux, par la
communauté de Moissac, le Cénacle de l’Immaculée Conception, dirigée par le
Père Vladimir dans le diocèse de Montauban, près de Toulouse ».
Un décret de libéralisation de la Messe dite « tridentine » plus large que
celui concédé par l’indult de 1984 est à l’étude par la Commission. » L’application de l’indult de 1984 n’a pas été très réconfortante – affirme le
cardinal Mayer. « Dans la grande majorité des diocèses, il n’a même pas été
utilisé, ou on en a fait un usage restreint, ajoutant à des conditions déjà
trop sévères d’autres qui le rendaient quasiment impraticable. Actuellement
nous nous occupons de cette question : les critères qui avaient été élaborés par un groupe de responsables à un haut niveau en 1986 seront opportunément considérés ».
A l’accusation adressée à la Commission, en raison de ces accords, de
« brader le Concile », le cardinal Mayer répond en rappelant que « Mgr Lefebvre lui-même récusa l’accord après l’avoir souscrit parce que, disaitil, il l’aurait fait entrer dans l’Eglise conciliaire et qu’il considérait
comme « traîtres » à sa cause ceux qui se réconciliaient avec l’Eglise sur la
base du Protocole qu’il avait récusé ».
Face aux récentes accusations de Mgr Schwery, président de la conférence
des évêques suisses, qui s’était plaint « du manques de transparence du Vatican à propos de la réintégration de plusieurs communautés traditionalistes « vu que les évêques locaux n’avaient pas été informés, le cardinal
Mayer rappelle que « le texte du Protocole a été directement expliqué par le
cardinal Ratzinger » et que la Commission lui avait expliqué, à lui comme
aux autres épiscopats intéressés, « les orientations possibles » et indiqué
« sa disponibilité à entrer en contact avec les épiscopaux locaux ».
« Précisément pour cette raison – poursuit le cardinal Mayer – j’ai été
invité le 29 août à participer au conseil permanent de la conférence épiscopale allemande à Wurzburg et je serai probablement invité à Lourdes aux
travaux de la conférence épiscopale française. En revanche, aucune invitation ne m’est parvenue de la part de la conférence épiscopale suisse ».
(apic/ddt/bd)
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