« S’il n’y avait ici que des catholiques, le village aurait déjà été rasé »
San Salvador, 11décembre(APIC) « S’il n’y avait ici que des catholiques,
ce canton n’existerait plus, car la Force Armée l’aurait déjà rasé…Grâce
à Dieu, il y a les évangéliques », déclarait récemment le vice-commandant
militaire du canton de La Labor, un petit district situé dans la paroisse
de Jayaque, au coeur de la zone caféière du département de La Libertad, au
Salvador.
Si La Labor fait parler d’elle, ce n’est pas par le nombre de ses habitants – cette zone compte quelque 150 maisons et un millier d’habitants mais bien par le fort développement des sectes d’obédience évangélique et à
cause du rôle qu’elles jouent dans le cadre de la « conquête des esprits »
dans une zone affectée par la guerre civile. Comme le révèle dans sa dernière livraison la « Lettre aux Eglises » du Centre pastoral de l’Université
catholique du Salvador (UCA), ces sectes jouent un rôle-clé dans la guerre
psychologique qui se développe dans les campagnes salvadoriennes. A La Labor, il y a quatre sectes qui possèdent chacune leur temple ou « maison de
prières ». Une cinquième n’en possède pas. Selon des habitants du lieu, il y
a encore d’autres sectes actives à La Labor.
Depuis quelque temps, une communauté catholique récemment constituée
doit faire face à l’hostilité et à l’agressivité croissantes des sectes,
relayées dans leurs attaques par la patrouille civile cantonale, formée
principalement des membres de ces sectes ou par des personnes de même idéologie. La communauté catholique de La Labor est visée du fait qu’elle se
réclame de la ligne pastorale de Mgr Roméro, l’archevêque de San Salvador
assassiné par des membres des forces de sécurité gouvernementales en raison
de son engagement en faveur des plus pauvres.
L’hostilité contre la communauté de La Labor va du harcèlement durant
les célébrations religieuses et l’eucharistie jusqu’aux menaces de mort
contre ses membres, accusés d’être des « subversifs », une accusation qui
équivaut souvent au Salvador à une sentence de mort… A la chapelle, il y
a toujours des indicateurs qui surveillent les cérémonies, d’autres qui se
moquent ou qui troublent la célébration de l’eucharistie. Des évangéliques,
membres de la patrouille civile, soldats ou ex-soldats, ont averti les
catholiques de ne plus chanter les chants de la communauté, qui proviennent
pourtant du répertoire approuvé par l’archevêché de San Salvador. A plusieurs reprises le vice-commandant cantonal est entré en armes dans l’église pour fouiller les fidèles ou pour recruter des jeunes. Il a même une
fois torturé dans la chapelle un homme îvre qui y avait cherché refuge. Ces
événements se sont déroulés durant une célébration de la Parole. De
nombreux autres ont été dissuadés, sous peine de mort, de participer à la
vie de la communauté. Mgr Romero est accusé d’être le responsable de la
« subversion » et de la guerre civile qui ravage le pays.
Il y a quelque temps, durant une campagne des « Assemblées de Dieu », des
évangéliques et des membres de la patrouille civile ont préparé une note
pour l’église catholique du canton avertissant les fidèles que Mgr Romero
n’était pas mort pour la religion catholique, « mais parce qu’il était le
principal agent de la propagande terroriste ». A cette occasion les « Assemblées de Dieu » ont tenté de dissuader les catholiques de « rester dans la
religion païenne ». Ils ont ensuite tenté d’empêcher la célébration de la
communauté à l’aide de haut-parleurs. De nombreuses personnes participaient
à cette campagne évangélique, car les patrons des fincas de café – qui font
eux-mêmes partie de ces sectes – avaient obligé leurs ouvriers à y prendre
part, sous peine de perdre leur travail. Mais comme ils n’ont fait que peu
d’adhérents « gagnés pour le Christ », les évangéliques ont fait savoir que
La Labor « va se perdre », qu’il y aura une grande répression « parce qu’elle
n’a pas voulu se convertir ni accepter le Christ ». A noter cependant qu’il
existe au Salvador un vrai oecuménisme avec des Eglises protestantes historiques qui ont fait l’option pour les pauvres et qui ont subi et continuent
pour cela à subir harcèlement et répression. (apic/uca/be)
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