El Salvador : des sectes menacent une communauté catholique (111287)

« S’il n’y avait ici que des catholiques, le village aurait déjà été rasé »

San Salvador, 11décembre(APIC) « S’il n’y avait ici que des catholiques,

ce canton n’existerait plus, car la Force Armée l’aurait déjà rasé…Grâce

à Dieu, il y a les évangéliques », déclarait récemment le vice-commandant

militaire du canton de La Labor, un petit district situé dans la paroisse

de Jayaque, au coeur de la zone caféière du département de La Libertad, au

Salvador.

Si La Labor fait parler d’elle, ce n’est pas par le nombre de ses habitants – cette zone compte quelque 150 maisons et un millier d’habitants mais bien par le fort développement des sectes d’obédience évangélique et à

cause du rôle qu’elles jouent dans le cadre de la « conquête des esprits »

dans une zone affectée par la guerre civile. Comme le révèle dans sa dernière livraison la « Lettre aux Eglises » du Centre pastoral de l’Université

catholique du Salvador (UCA), ces sectes jouent un rôle-clé dans la guerre

psychologique qui se développe dans les campagnes salvadoriennes. A La Labor, il y a quatre sectes qui possèdent chacune leur temple ou « maison de

prières ». Une cinquième n’en possède pas. Selon des habitants du lieu, il y

a encore d’autres sectes actives à La Labor.

Depuis quelque temps, une communauté catholique récemment constituée

doit faire face à l’hostilité et à l’agressivité croissantes des sectes,

relayées dans leurs attaques par la patrouille civile cantonale, formée

principalement des membres de ces sectes ou par des personnes de même idéologie. La communauté catholique de La Labor est visée du fait qu’elle se

réclame de la ligne pastorale de Mgr Roméro, l’archevêque de San Salvador

assassiné par des membres des forces de sécurité gouvernementales en raison

de son engagement en faveur des plus pauvres.

L’hostilité contre la communauté de La Labor va du harcèlement durant

les célébrations religieuses et l’eucharistie jusqu’aux menaces de mort

contre ses membres, accusés d’être des « subversifs », une accusation qui

équivaut souvent au Salvador à une sentence de mort… A la chapelle, il y

a toujours des indicateurs qui surveillent les cérémonies, d’autres qui se

moquent ou qui troublent la célébration de l’eucharistie. Des évangéliques,

membres de la patrouille civile, soldats ou ex-soldats, ont averti les

catholiques de ne plus chanter les chants de la communauté, qui proviennent

pourtant du répertoire approuvé par l’archevêché de San Salvador. A plusieurs reprises le vice-commandant cantonal est entré en armes dans l’église pour fouiller les fidèles ou pour recruter des jeunes. Il a même une

fois torturé dans la chapelle un homme îvre qui y avait cherché refuge. Ces

événements se sont déroulés durant une célébration de la Parole. De

nombreux autres ont été dissuadés, sous peine de mort, de participer à la

vie de la communauté. Mgr Romero est accusé d’être le responsable de la

« subversion » et de la guerre civile qui ravage le pays.

Il y a quelque temps, durant une campagne des « Assemblées de Dieu », des

évangéliques et des membres de la patrouille civile ont préparé une note

pour l’église catholique du canton avertissant les fidèles que Mgr Romero

n’était pas mort pour la religion catholique, « mais parce qu’il était le

principal agent de la propagande terroriste ». A cette occasion les « Assemblées de Dieu » ont tenté de dissuader les catholiques de « rester dans la

religion païenne ». Ils ont ensuite tenté d’empêcher la célébration de la

communauté à l’aide de haut-parleurs. De nombreuses personnes participaient

à cette campagne évangélique, car les patrons des fincas de café – qui font

eux-mêmes partie de ces sectes – avaient obligé leurs ouvriers à y prendre

part, sous peine de perdre leur travail. Mais comme ils n’ont fait que peu

d’adhérents « gagnés pour le Christ », les évangéliques ont fait savoir que

La Labor « va se perdre », qu’il y aura une grande répression « parce qu’elle

n’a pas voulu se convertir ni accepter le Christ ». A noter cependant qu’il

existe au Salvador un vrai oecuménisme avec des Eglises protestantes historiques qui ont fait l’option pour les pauvres et qui ont subi et continuent

pour cela à subir harcèlement et répression. (apic/uca/be)

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