Le Rogitum du pape Benoît XVI [document]

À quelques heures des funérailles de Benoît XVI, présidées par le pape François ce 5 janvier 2022, le Bureau de presse du Saint-Siège a publié le Rogitum du défunt pape émérite. Il s’agit d’un bref texte dans lequel sont consignés la vie et les œuvres les plus importantes du pontife, qui sera scellé dans un tube en zinc et déposé dans le cercueil de Benoît XVI. I.MEDIA l’a traduit intégralement ci-dessous.

Mort, inhumation et sépulture de Benoît XVI, pape émérite, de sainte mémoire
Dans la lumière du Christ ressuscité, le 31 décembre de l’année de notre Seigneur 2022, à 9h34, alors que l’année touchait à sa fin et que nous étions prêts à chanter le Te Deum pour les multiples bienfaits accordés par le Seigneur, le bien-aimé Pasteur émérite de l’Église, Benoît XVI, est passé de ce monde au Père. Toute l’Église, avec le Saint-Père François, a accompagné son passage par la prière.

Benoît XVI est le 265e pape. Sa mémoire reste dans le cœur de l’Église et de toute l’humanité.

Joseph Aloisius Ratzinger, élu pape le 19 avril 2005, est né à Marktl am Inn, dans le diocèse de Passau (Allemagne), le 16 avril 1927. Son père, commissaire de gendarmerie, était issu d’une famille d’agriculteurs de Basse-Bavière, dont les conditions économiques étaient plutôt modestes. Sa mère était la fille d’artisans de Rimsting, sur le lac Chiem, et avait été cuisinière dans plusieurs hôtels avant son mariage. Il a passé son enfance et son adolescence à Traunstein, une petite ville proche de la frontière autrichienne, à une trentaine de kilomètres de Salzbourg, où il a reçu une éducation chrétienne, humaine et culturelle.

L’époque de sa jeunesse n’était pas facile. La foi et l’éducation de sa famille l’ont préparé à la dure expérience des problèmes liés au régime nazi, connaissant le climat de forte hostilité envers l’Église catholique en Allemagne. Dans cette situation complexe, il a découvert la beauté et la vérité de la foi en Christ.

De 1946 à 1951, il étudie à l’école supérieure de philosophie et de théologie de Freising et à l’université de Munich. Le 29 juin 1951, il est ordonné prêtre et commence son activité d’enseignant l’année suivante dans la même école à Freising. Par la suite, il a été chargé de cours à Bonn, Münster, Tübingen et Ratisbonne.

En 1962, il devient un expert officiel du Concile Vatican II, en tant qu’assistant du Cardinal Joseph Frings. Le 25 mars 1977, le pape Paul VI l’a nommé archevêque de Munich et Freising et il a été ordonné évêque le 28 mai de la même année. Il a choisi comme devise épiscopale ›Cooperatores Veritatis›.

Le Pape Montini l’a créé et fait Cardinal, du titre de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino, au Consistoire du 27 juin 1977.

Le 25 novembre 1981, Jean Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et, le 15 février de l’année suivante, il renonce au gouvernement pastoral de l’archidiocèse de Munich et Freising.
Le 6 novembre 1998, il a été nommé vice-doyen du Collège des cardinaux et le 30 novembre 2002, il est devenu doyen, prenant possession du titre de l’Église suburbicaire d’Ostie. Le vendredi 8 avril 2005, il a présidé la messe des funérailles de Jean Paul II sur la place Saint-Pierre.

Par les cardinaux réunis en conclave, il est élu pape le 19 avril 2005 et prend le nom de Benoît XVI. Depuis la Loggia des Bénédictions, il se présente comme un « humble ouvrier dans la vigne du Seigneur ». Le dimanche 24 avril 2005, il a commencé solennellement son ministère pétrinien.

Benoît XVI a placé le thème de Dieu et de la foi au centre de son pontificat, dans une recherche continue du visage du Seigneur Jésus-Christ et en aidant chacun à le connaître, notamment par la publication de l’ouvrage en trois volumes Jésus de Nazareth. Doté de vastes et profondes connaissances bibliques et théologiques, il avait l’extraordinaire capacité d’élaborer des synthèses éclairantes sur les principaux thèmes doctrinaux et spirituels, ainsi que sur les questions cruciales de la vie de l’Église et de la culture contemporaine.

Il a promu avec succès le dialogue avec les anglicans, les juifs et les représentants d’autres religions ; il a également repris les contacts avec les prêtres de la Fraternité St-Pie X (de Mgr Lefebvre NDLR). Le matin du 11 février 2013, au cours d’un Consistoire convoqué pour les décisions ordinaires concernant trois canonisations, après le vote des cardinaux, le pape a lu la déclaration suivante en latin :

« Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Évangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du  28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire. »

Lors de la dernière audience générale du pontificat, le 27 février 2013, tout en remerciant chacun pour le respect et la compréhension avec lesquels sa décision avait été accueillie, il a assuré : « Je continuerai à accompagner le chemin de l’Église avec la prière et la réflexion, avec ce dévouement au Seigneur et à son Épouse que j’ai essayé de vivre chaque jour jusqu’à présent et que je voudrais vivre toujours ».

Après un court séjour dans la résidence de Castel Gandolfo, il a vécu les dernières années de sa vie au Vatican, dans le monastère Mater Ecclesiae, se consacrant à la prière et à la méditation.

Le magistère doctrinal de Benoît XVI est résumé dans les trois encycliques Deus caritas est (25 décembre 2005), Spe salvi (30 novembre 2007) et Caritas in veritate (29 juin 2009). Il a livré quatre Exhortations apostoliques à l’Église, de nombreuses Constitutions apostoliques, des Lettres apostoliques, ainsi que les Catéchèses proposées aux Audiences générales et les allocutions, y compris celles prononcées au cours de ses vingt-quatre voyages apostoliques dans le monde.

Face à un relativisme de plus en plus rampant et à un athéisme pratique, il a créé en 2010, par le motu proprio Ubicumque et semper, le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, auquel il a transféré les compétences en matière de catéchèse en janvier 2013.

Il a fermement combattu les crimes commis par le clergé contre des mineurs ou des personnes vulnérables, appelant constamment l’Église à la conversion, à la prière, à la pénitence et à la purification.

Théologien à l’autorité reconnue, il a laissé un riche héritage d’études et de recherches sur les vérités fondamentales de la foi.

CORPUS 

BENEDICTI XVI P.M. 

VIXIT A. XCV M. VIII D. XV 

ECCLESIÆ UNIVERSÆ PRÆFUIT A. VII M. X D. IX 

A D. XIX M. APR. A. MMV AD D. XXVIII M. FEB. A. MMXIII 

DECESSIT DIE XXXI M. DECEMBRIS ANNO DOMINI MMXXII 

Semper in Christo vivas, Pater Sancte! 

Celebrationum tumulationisque testes fuerunt*

***

*La dépouille de Benoît XVI, pontife, qui vécut 95 ans, 8 mois et 15 jours, fut en charge de l’Église catholique sept ans, dix mois et neuf jours, du 19 avril 2005 au 28 février 2013, et mourut le 31 décembre de l’an 2022.

Que tu vives toujours en Christ, Saint-Père !

Ceci atteste que les funérailles et l’enterrement eurent lieu.

Rédaction

Portail catholique suisse

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