Belgique: L’association «Familles Unies» entend combattre une loi sur l’euthanasie ?

Faite pour protéger le malade… ou le médecin ?

Bruxelles, 14 décembre 1997 (APIC) En prévision de la discussion que le Sénat a entamée sur l’opportunité de légiférer davantage sur l’euthanasie, l’association catholique « Familles Unies » a écrit à plusieurs parlementaires pour les inviter à ne pas modifier la loi belge actuelle qui interdit l’euthanasie. Est-ce l’intérêt du malade que l’on cherche, ou avant tout la protection du médecin ? s’interroge l’association.

Par « euthanasie », l’association vise bien l’acte relevant d’une « intention de faire mourir », que ce soit par injection de substances létales ou par abandon thérapeutique. Cet abandon thérapeutique n’est pas à confondre avec le refus d’un acharnement thérapeutique. L’association plaide en outre pour le soulagement de la douleur qui, « à de rares exceptions près, est aujourd’hui maîtrisée ».

Par ailleurs, remarque Jacques Van Godtsenhoven, président de Familles Unies, les comités d’éthique des hôpitaux et la multiplication des unités de soins palliatifs rendent « inutile » une loi sur l’euthanasie. Pareille loi poserait « de nombreuses difficultés pratiques », ajoute-t-il en citant le sénateur Roger Lallemand : « Il y aura toujours des cas irréductibles en droit ».

L’association rappelle l’impasse dans laquelle s’est trouvé le Parlement Européen après l’adoption, le 25 avril 1991, du rapport de la Commission de l’environnement de la santé publique et de la protection des consommateurs. Son rapporteur, le professeur Léon Schwartzenberg, tout en jugeant indispensables les soins palliatifs pour les malades en fin de vie, demandait que l’euthanasie soit autorisée « en l’absence de toute thérapeutique curative, et après échec des soins palliatifs, correctement conduits tant sur le plan psychologique que médical, et que chaque fois qu’un malade pleinement conscience demande, de manière pressante et continue, qu’il soit mis un terme à une existence qui a perdu pour lui toute dignité et qu’un collège de médecins constitué à dessin constate l’impossibilité d’apporter de nouveaux soins spécifiques, cette demande doit être satisfaite sans qu’il soit, de cette façon, porté atteinte au respect de la vie humaine ».

Rapport d’experts

Vu les réserves des Eglises, des Comités nationaux d’éthique et des membres du Parlement européen, ce rapport n’a jamais été débattu en séance plénière. Puis la Commission a convoqué huit experts: tous se sont accordés sur la nécessité de promouvoir les soins palliatifs; trois seulement ont défendu le droit à l’euthanasie. Le débat est resté bloqué à ce stade.

Les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à voter une loi sur l’euthanasie, adoptée de justesse au Sénat le 1er décembre 1993. Cette loi, précise J. Van Godtsenhoven, « ne légalise pas l’euthanasie car elle ne la reconnaît pas comme un élément conforme au droit. Elle ne dépénalise pas non plus l’euthanasie, car elle ne supprime pas la peine qu’entraîne l’euthanasie. Elle assure simplement que le médecin qui la pratique n’est pas poursuivi s’il a rempli certaines conditions. (apic/cip/pr)

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