Ukraine: le pape François évoque une «guerre absurde et cruelle»

«Est-ce que le Seigneur pourra pardonner autant de crimes et autant de violence?», s’est interrogé le pape François en évoquant, au terme de l’audience générale du 22 février 2023 tenue dans la Salle Paul VI, le premier anniversaire du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, le 24 février 2022.

«Après-demain, le 24 février, nous célèbrerons un an de guerre en Ukraine, une guerre absurde et cruelle. C’est un triste anniversaire», a déploré le pape François, qui a déjà lancé une centaine d’appels à la prière et à la paix depuis le début de cette offensive russe. La guerre avait en réalité déjà commencé en 2014 avec l’annexion de la Crimée et la sécession d’une partie du Donbass, sous la conduite de séparatistes financés et armés par Moscou, mais elle est entrée dans une phase plus intense et massive depuis un an.

«Le bilan des morts, des blessés, des réfugiés, des personnes isolées, des destructions, des dégâts économiques et sociaux est énorme», a rappelé le pape François. «Demeurons proches du peuple ukrainien martyrisé qui continue de souffrir, et demandons-nous si tout le possible a été fait pour arrêter la guerre», a déclaré l’évêque de Rome. 

S’appuyer sur le «Dieu de la paix».

«Je lance un appel à tous ceux qui ont autorité sur les nations afin qu’ils s’engagent concrètement pour la fin du conflit, pour atteindre un cessez-le-feu et ouvrir des négociations de paix. Celle qui est construite sur les ruines ne sera jamais une vraie victoire», a averti le pape François, invitant au contraire à s’appuyer sur le «Dieu de la paix».

Le début de semaine a été marqué par la visite surprise du président américain Joe Biden à Kiev, où il a exprimé un soutien appuyé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, ce lundi 20 février. Le chef de l’Église gréco-catholique ukrainienne, SB Sviatoslav Schevchuk, s’est réjoui de l’attention apportée à l’Ukraine par le monde occidental. «Cela nous donne le sentiment que nous ne sommes pas oubliés, que nous ne sommes pas abandonnés», a-t-il confié à des journalistes lors d’une réunion en ligne le même jour.

Depuis un an, le pape François et la diplomatie pontificale sont demeurés sur une ligne médiane, maintenant le contact tant avec Kiev qu’avec Moscou, ce qui a suscité des interrogations et des incompréhensions. Lors d’une messe célébrée le 21 février 2023 en l’église Sant’Andrea della Valle, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États, a constaté avec regret que «la diplomatie semble incapable de briser le cycle de la violence».

L’affrontement le plus massif en Europe depuis 1945

Le bilan humain reste incertain faute de statistiques fiables, chaque partie impliquée dans le conflit ayant tendance à minimiser ses propres pertes et à exagérer celles de l’adversaire, mais il s’agit incontestablement du conflit le plus meurtrier en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le chef d’état-major de l’armée norvégienne estime que les pertes russes pourraient dépasser les 180’000 morts et blessés, un chiffre bien supérieur à celui des pertes liées à l’offensive soviétique de 1979-1989 en Afghanistan – 15’000 – qui avait pourtant épuisé l’URSS. 

Les pertes militaires du côté ukrainien s’élèveraient pour leur part à plus de 100’000 hommes, toujours selon l’état-major norvégien, qui suit de près le conflit, la Norvège étant un pays membre de l’OTAN et frontalier de la Russie sur près de 200 kilomètres. Par ailleurs, selon Kiev, 40’000 civils ont péri dans les combats et les bombardements, sans compter les décès induits par les mauvaises conditions sanitaires, les problèmes d’approvisionnement et le stress induit par la guerre. 

Cette guerre a également provoqué d’énormes déplacements de population, avec, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés, plus de sept millions d’Ukrainiens qui ont cherché refuge ailleurs en Europe, et presque autant de déplacés internes. Cela représente donc 14 millions d’Ukrainiens pour une population totale évaluée à 44 millions d’habitants avant la guerre. Près d’un tiers des Ukrainiens, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont donc été contraints de quitter leur foyer au moins temporairement, les hommes adultes étant pour leur part enrôlés dans l’armée. (cath.ch/imedia/cv/bh)

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