Russie: Quatre évêques orthodoxes et un catholique dans une fosse commune en Carélie
Moscou, 12 novembre 1997 (APIC) Quatre évêques orthodoxes russes, ainsi qu’un évêque et 31 prêtres catholiques romains ont été identifiés parmi les nombreuses victimes exhumées d’une fosse commune soviétique au nord de la Carélie, en Russie. Les suppliciés avaient été exécutés d’une balle dans la nuque sur ordre de Staline en 1937. Une cérémonie du souvenir a été célébrée à la mémoire des victimes de la période stalinienne.
Les restes de 1’111 corps ont été découverts dans une zone boisée d’un hectare à Sandormoch, à plus de 150 kilomètres au nord de Saint-Pétersbourg. La plupart des victimes, a précisé à l’agence de presse œcuménique ENI Veniamin Joshe, porte-parole des organisateurs de la cérémonie du souvenir, travaillaient dans les camps des îles Solovetskiye, en Mer Blanche. Elles furent amenées à Sandormoch, où elles furent exécutées d’une balle dans la nuque entre le 27 octobre et le 4 novembre 1937 sur ordre du dictateur Staline.
En 1995, une commission gouvernementale russe a établi que plus de 200’000 prêtres, religieux et religieuses de diverses confessions et religions avaient été exécutés en Union soviétique durant le régime communiste. Ils furent plus du double à être emprisonnés ou déportés lors des purges soviétiques des années 20 et 30, durant lesquelles les persécutions antireligieuses atteignirent des sommets inégalés.
20 millions de morts dans le goulag soviétique
Les manuels scolaires russes actuels indiquent que 20 millions de citoyens de l’Union soviétique et de l’Europe de l’Est ont péri dans les camps de travail communistes, et que 15 millions d’autres ont été victimes de la famine, sont morts en déportation ou ont été fusillés lors d’exécutions collectives.
Les archives de l’ancienne police secrète ont permis d’identifier les noms de plusieurs victimes: parmi elles figurent deux archevêques orthodoxes: Damian Voskryshensky de Koursk et Petr Rudyanov de Samara; les évêques Nikolai Rosenov de Tambov et Aleksi Buek de Voronez, des imams d’Asie centrale et le responsable de l’Union baptiste en Russie, Vasily Kolesnikov.
L’évêque catholique romain Shio Batmalashvili, administrateur apostolique des catholiques de Géorgie, formé à Rome, avait été condamné à 10 ans de travaux forcés en 1928. Il a aussi été exécuté à Sandormoch, à l’âge de 52 ans, sur ordre de la police secrète, révèle ENI.
Des sources catholiques romaines indiquent qu’un évêque catholique arménien figurait aussi sur la liste des victimes de Sandormoch, bien que ceci n’ait pas encore été confirmé. Les corps de deux femmes catholiques romaines ont aussi été trouvés dans la fosse commune; l’une d’elles, Sœur Kamilla Krushenyckaya, était la collaboratrice de l’évêque Pius Neveu, administrateur apostolique de Moscou, emprisonné sous le régime de Staline.
Plus de 300 politiciens et auteurs ukrainiens, 20 responsables tsiganes et tatares, déportés dans les îles Solovetskiye, où l’espérance de vie ne dépassait pas deux ans, ont été amenés à Sandormoch pour y être exécutés. Pratiquement toutes ces victimes avaient un haut niveau d’éducation et s’étaient distinguées dans les domaines de la science ou de la culture.
Une leçon pour la génération actuelle
Un porte-parole du Patriarcat de Moscou, Vsevolod Chaplin, a souligné l’importance que l’Eglise orthodoxe russe attache à la recherche des lieux où reposent ses martyrs modernes, car elle a le désir de leur donner une sépulture chrétienne selon les règles de l’Eglise. La fosse commune de Sandormoch est aussi une « leçon » pour la génération actuelle, car elle met l’accent sur l’importance de la tolérance et la démocratie.
La fosse commune de Sandormoch est l’une des nombreuses fosses découvertes depuis la chute du régime communiste. Une autre, contenant les restes de quelque15’000 victimes, a été découverte le 30 octobre dans le district de Volyn, en Ukraine. Une chapelle orthodoxe a été consacrée à Sandormoch par l’évêque de Petrozavodsk le 27 octobre, déclaré jour de deuil, cérémonie à laquelle assistaient des représentants des autorités de Carélie et des Eglises de la région. (apic/eni/be)
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