Le cardinal Karl-Josef Rauber, ancien nonce en Suisse, est décédé

Le cardinal Karl-Josef Rauber, nonce apostolique en Suisse et au Liechtenstein de 1993 à 1997, est décédé le 26 mars 2023, rapporte le site katholisch.de. L’Allemand avait notamment contribué à résoudre le cas de Mgr Wolfgang Haas, actuel archevêque de Vaduz (Liechtenstein).

Peu connu du grand public, le diplomate pontifical Karl-Josef Rauber avait été créé cardinal par le pape François lors du consistoire du 14 février 2015, à titre honorifique car il avait déjà atteint le seuil des 80 ans. L’ancien nonce apostolique en Suisse et en Belgique s’est éteint dans la soirée du 26 mars 2023 à Rottenburg, au Bade-Wurtemberg. Le collège cardinalice compte désormais 222 cardinaux, parmi lesquels 123 électeurs en cas de conclave, et 99 non-électeurs.

Les dossiers germanophones

Né le 11 avril 1934 à Nuremberg et ordonné prêtre pour le diocèse de Mayence le 28 février 1959, Karl-Josef Rauber a vécu l’effervescence du Concile Vatican II durant ses années de formation à Rome, de 1962 à 1966. Il a étudié à l’Académie pontificale ecclésiastique, obtenant par ailleurs un doctorat en droit canonique à la Grégorienne.

De 1966 à 1977, il a travaillé à la Secrétairerie d’État, où il a notamment été secrétaire du substitut, Mgr Giovanni Bennelli. Il a suivi les dossiers liés aux territoires germanophones. Cette phase d’après-Concile fut particulièrement tumultueuse en Suisse et en Allemagne, où se tinrent des Synodes nationaux promouvant un agenda réformiste entrant en contradiction avec la prudence de Paul VI.

Rôle central dans «l’affaire Haas»

Après des missions de conseiller au sein des nonciatures en Belgique, au Luxembourg et en Grèce, Mgr Rauber est ordonné évêque par Jean Paul II en 1983 et devient pro-nonce apostolique en Ouganda, puis président de l’Académie pontificale ecclésiastique, – familièrement appelée ‘l’école des nonces’ – de 1990 à 1993.

Il deviendra ensuite nonce dans plusieurs pays européens: la Suisse et le Liechtenstein de 1993 à 1997. Il vivra ainsi le contexte des tensions autour de l’évêque de Coire, Mgr Wolfgang Haas, pour lequel sera finalement créé le diocèse propre de Vaduz, au Liechtenstein. Il sera ensuite l’envoyé du pape en Hongrie et en Moldavie de 1997 à 2003, et enfin en Belgique et au Luxembourg de 2003 à 2009. Il quittera cette dernière responsabilité avant la nomination de Mgr André-Joseph Léonard comme successeur du cardinal Godfried Danneels en tant qu’archevêque de Malines-Bruxelles, un choix personnel de Benoît XVI auquel il s’était publiquement opposé.

Mgr Rauber s’était ensuite retiré dans une paroisse du diocèse de Rottenburg-Stuttgart, où il avait continué à assurer certains services, notamment pour des confirmations. Sa santé s’était affaiblie ces derniers mois, après qu’il ait contracté le Covid-19.

Elévation cardinalice tardive

Son élévation cardinalice à 80 ans – sans le titre d’électeur -, en 2015, avait créé la surprise. Quelques mois après la béatification de Paul VI célébrée par le pontife en octobre 2014, cette annonce avait été interprétée comme une forme de réhabilitation du courant progressiste incarné par le cardinal Bennelli après le Concile Vatican II, et dont le cardinal Rauber avait été le secrétaire à la Secrétairerie d’État.

Le cardinal Giovanni Bennelli, archevêque de Florence et élevé à la pourpre par Paul VI en 1977, avait été considéré comme un ‘papabile› lors des deux conclaves de 1978. Il s’est éteint en 1982, terrassé par une crise cardiaque à 61 ans. La tendance ‘libérale’ au sein du Sacré-Collège fut ensuite incarnée par son successeur à Florence, le cardinal Silvano Piovanelli, et par le cardinal Martini, archevêque de Milan.

Ce lien du cardinal Rauber avec le cardinal Bennelli peut ainsi rejoindre d’autres cardinalats inscrivant le pontificat de François dans des filiations anciennes: ainsi, lors de son premier consistoire en 2014, deux mois avant de canoniser Jean XXIII, il avait élevé au cardinalat son ancien secrétaire, Mgr Loris Francesco Capovilla, alors presque centenaire. La promotion récente du président du Gouvernorat, Mgr Fernando Vérgez Alzaga, en 2022, peut aussi se lire comme une marque d’attachement du pape François à son compatriote argentin, le cardinal Eduardo Pironio, décédé en 1998, dont Mgr Vérgez Alzaga fut le secrétaire durant plus de 20 ans. (cath.ch/imedia/cv/rz)

La fracturation de l’Église d’Allemagne au sein du Sacré-Collège
Après la mort du cardinal Rauber, l’Allemagne compte encore sept cardinaux, parmi lesquels trois électeurs. Le cardinal Gerhard Ludwig Müller (75 ans), préfet émérite du dicastère pour la Doctrine de la foi et considéré comme l’une des voix les plus critiques vis-à-vis du pape François, n’a plus de charge de gouvernement mais devrait peser lors du prochain conclave. Il demeurera électeur de droit jusqu’à son 80e anniversaire, le 31 décembre 2027.
Les deux autres cardinaux électeurs incarnent des tendances opposées face au chemin synodal allemand: l’un de ses principaux acteurs, le cardinal Reinhard Marx (69 ans) demeure archevêque de Munich et Freising, après que sa démission ait été refusée par le pape François. Mais il n’a pas été reconduit au sein du Conseil des cardinaux. Le cardinal Rainer Maria Woelki (66 ans), opposé aux orientations du chemin synodal, demeure pour le moment archevêque de Cologne. Mais sa démission semble encore en cours d’examen en raison des tensions suscitées par les affaires d’abus dans son diocèse.
Les cardinaux allemands non électeurs sont les cardinaux Friedrich Wetter (95 ans), Walter Brandmüller (94 ans), Walter Kasper (90 ans) et Paul Josef Cordes (88 ans). Encore intellectuellement actifs, les cardinaux Brandmüller et Kasper incarnent deux lignes théologiques très différentes, le premier s’opposant fermement à la ligne du pape François et le second l’appuyant. Les deux cardinaux nonagénaires se rejoignent néanmoins dans leur critique du chemin synodal allemand. CV

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