Le Coq vert chante plus fort en Suisse romande

La première volée francophone de conseillers en management environnemental pour les paroisses s’est vue remettre ses diplômes le 29 avril 2023, à Fribourg. Sous le label Coq vert et l’égide d’EcoEglise et d’oeco Eglises pour l’environnement, les nouveaux spécialistes souhaitent faire entendre davantage la voix de la Création en Suisse romande.

Lors d’un samedi après-midi printanier, avec le chant des oiseaux en arrière-fond, les dix nouveaux conseillers en management environnemental se sont fait remettre, sous des applaudissements soutenus, le papier certifiant leur parcours sous le label Coq vert. Ce Système de management environnemental (SME) aide les paroisses à améliorer leur performance en la matière. Le but est notamment d’optimiser la consommation des ressources, d’économiser des frais d’exploitation et de produire un effet durable et motivant au-delà des frontières de la paroisse, indique le site d’EcoEglise.

Remise du diplôme de conseiller en management environnemental, le 29 avril 2023, à Fribourg | © Raphaël Zbinden

EcoEglise, créé en 2020, est un réseau œcuménique romand pour toutes les communautés chrétiennes, paroisses et lieux d’églises qui souhaitent s’engager ensemble pour prendre soin de la Création. Il s’agit de l’émanation francophone d’oeco Eglises pour l’environnement, une association œcuménique surtout présente en Suisse alémanique. Ces démarches bénéficient du soutien de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), de l’Eglise catholique dans les cantons de Vaud, Genève, Fribourg, Neuchâtel, Valais, Jura, de l’Eglise évanglique réformée dans le canton de Vaud (EERV), et du Réseau évangélique suisse. RZ

Une domination du vivant «à l’image de Dieu»

Lors de la cérémonie de remise des diplômes, les représentants des Eglises partenaires se sont réjouis du développement de ce mouvement en Suisse romande. Ils ont également rappelé son ancrage dans la spiritualité chrétienne. Le diacre catholique Philippe Hugo a souligné que l’être humain était appelé à une «domination douce» de l’environnement selon le projet initial de Dieu décrit dans la Genèse. «L’engagement écologique doit s’inscrire dans notre responsabilité d’être à l’image de Dieu, a relevé le directeur du Centre catholique romand de formations en Eglise (CCRFE). Comme Dieu s’est reposé au septième jour, l’homme doit laisser à la Création l’espace d’autonomie indispensable à son épanouissement.»

Les diplômés de la première volée francophone de conseillers en management environnemental pour les paroisses | © Raphaël Zbinden

Le pasteur fribourgeois Pierre-Philippe Blaser, du Conseil de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) en charge du dossier de la Sauvegarde de la Création, a rappelé, dans la maison paroissiale St-Nicolas, la nécessité de garder les consciences écologiques éveillées. Il a mis en garde contre «l’endormissement» face aux promesses douteuses du «capitalisme vert» ou des «technologies salvatrices».

Jacques Matthey, représentant d’oeco Eglises pour l’environnement, a parlé d’un «jour historique» pour l’association. Les Eglises jouent en effet «leur crédibilité en tant que témoins du Dieu créateur», a-t-il rappelé. Il a relevé la symbolique du coq, qui, dans la Bible, signale notamment à Pierre «ses limites» après avoir renié le Seigneur. «Comme le coq, nous devons veiller à ce que nos sociétés ne s’endorment pas», sur la question écologique.

L’importance d’une action commune des chrétiens

Suite à la remise des diplômes, les participants se sont réunis pour un apéritif végétarien. L’occasion de converser notamment sur le lien entre foi chrétienne et conscience écologique. «Dieu a mis l’homme sur terre pour prendre soin de la Création, et non pour l’exploiter sans limite», a souligné Christel Hofer à cath.ch. Telle est l’esprit que la diacre souhaite transmettre dans sa paroisse de Terre Sainte Céligny (Eglise évangélique réformée du canton de Vaud-EERV). Concrètement, ce ne sont pas des bouleversements fondamentaux que les nouveaux diplômés en management environnemental veulent apporter au sein de leur communauté. Il s’agit plutôt d’assister les responsables dans leur choix de développement et de donner des impulsions en faveur d’une approche plus respectueuse de l’environnement.

Marc Roethlisberger, d’oeco Eglises pour l’environnement, a conçu le programme, fait passer les examens le matin même et organisé cette grande journée | © Raphaël Zbinden

Pour cela, Christel Hofer, à l’instar de la dizaine d’autres diplômés romands, a fait six jours de formation théorique et pratique. Ils se sont notamment familiarisés avec les normes cantonales en matière d’écologie, ont visité des paroisses ayant mis en place le label Coq Vert ou ont écouté des intervenants de Suisse alémanique sur ce qui se fait déjà en la matière en zone germanophone.

La protestante note la nécessité pour les chrétiens de se mettre ensemble pour soutenir cette cause. Elle relève la bonne collaboration existant sur le terrain en la matière avec les catholiques.

Ursula Peutot, de la paroisse anglicane All Saints de Vevey, est également enthousiaste de la formation. «Cela me sera très utile pour structurer ce qui se fait déjà dans notre communauté, pour que l’on soit plus efficace». Elle insiste sur la nécessité de ne pas oublier la spiritualité au cœur de la démarche. «Il est important de faire de nos actes écologiques des actes de louanges, d’agir par amour pour Dieu.»

Absence catholique

Christel Hofer est l’une des nouvelles conseillères en management environnemental pour les paroisses | © Raphaël Zbinden

La constatation a tout de même été faite que les dix diplômés étaient tous de confession protestante, alors que l’Eglise catholique est pleinement partie prenante de l’entreprise. Marc Roethlisberger, d’oeco Eglises pour l’environnement, admet ne pas savoir pourquoi la formation n’a pas attiré de catholiques. Il espère qu’il en sera autrement pour les volées suivantes. Il relève l’intention d’EcoEglise d’attirer davantage l’attention sur son action et ses offres. Dans cette optique, un événement est prévu le 1er octobre prochain pour réunir les paroisses et les jeunes engagés pour la Création. Une personnalité scientifique de haut vol interviendra à cette occasion.

Le diacre catholique Christian Thurre, sympathisant de la démarche, n’a pas non plus d’explication précise pour l’absence de participants de sa confession. Lui-même est le représentant de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, auprès d’EcoEglise. «Il existe une grande sensibilité pour ces questions chez les jeunes catholiques, notamment en Valais. Mais ils ne se trouvent pas forcément dans les paroisses, diagnostique-t-il. Cela montre que la terre doit encore être labourée avant de pouvoir donner tout son fruit.» (cath.ch/rz)

Pour aider les paroisses à améliorer leur performance environnementale et mettre en place des actions concrètes, EcoEglise propose deux outils complémentaires:
– un éco-diagnostic sous la forme d’un auto-diagnostic avec des niveaux de progression dans 5 domaines de la vie d’église, une véritable boîte à idées.
– une certification avec le label Coq vert d’œco Eglises pour l’environnement avec de nombreux conseils et ressources dans différents domaines de la vie d’Eglise. RZ

Raphaël Zbinden

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