Suisse: Les organisations de développement disent oui à la loi climat

Les organisations de développement disent oui à la loi climat qui sera soumise au peuple suisse le 18 juin 2023. Les citoyens doivent voter sur le contre-projet à l’Initiative pour les glaciers. La loi est une étape nécessaire et urgente pour la politique climatique suisse et pour la contribution de la Suisse à la justice climatique mondiale.

«Il est temps que la Suisse apporte sa contribution à la lutte contre la crise climatique mondiale. Les pires effets du réchauffement climatique touchent les plus pauvres dans le Sud global, qui pourtant contribuent le moins au changement climatique», affirment les directeurs d’Alliance Sud et de ses orga­nisations membres. Ils soulignent à l’unisson que la loi sur la protection du climat est «un premier pas vers davantage de justice climatique».

Vers davantage de justice climatique

Le cyclone Freddy a battu plusieurs records mondiaux en mars de cette année. La tempête tropicale a fait plus de 1’000 victimes au Malawi, au Mozambique et à Madagascar, a semé la destruction partout sur son passage et a été la plus longue jamais enregistrée. Ce cyclone montre bien que les catastrophes climatiques dans le Sud global provoquent des pertes et dommages toujours plus importants.

«La vulnérabilité aux impacts de la crise climatique est nettement plus élevée dans les pays à faible revenu, par exemple lorsque les fonds pour l’adaptation au changement climatique font défaut», note Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.

15 fois plus de morts dans les régions vulnérables

«Le dernier rapport mondial sur l’évolution du climat montre que dans une région vulnérable, 15 fois plus de personnes meurent lors d’un événement météorologique extrême que lors d’un épisode comparable dans une région bien adaptée comme la Suisse». Pour

Pour Alliance Sud, la Suisse a la responsabilité de contribuer de manière appropriée à l’atténuation du réchauffement climatique. La comparaison des émissions annuelles de gaz à effet de serre par habitant liées à la consommation entre la Suisse (14 tonnes de CO2) et les pays les plus touchés comme le Malawi (0,1 tonne de CO2), le Mozambique (0,3 tonne de CO2) ou Madagascar (0,1 tonne de CO2) montre sans équivoque l’écart existant.

Pour la protection de la Suisse et du Sud global

La loi climat fixe les objectifs de réduction des émissions suisses à zéro net d’ici 2050. «C’est le minimum que notre pays doit atteindre», remarque Bernard DuPasquier, directeur adjoint de l’Entraide protestante EPER. Franziska Lauper, directrice de Terre des Hommes Suisse, estime que «nous devons agir immédiatement pour que les générations futures — chez nous comme dans le Sud global — ne souffrent pas davantage des conséquences du réchauffement».

Dans cet objectif, la réduction de moitié des émissions d’ici 2030 prévue dans la loi est essentielle. En effet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) insiste sur le fait que des mesures de protection climatique plus strictes doivent être prises lors de cette décennie afin d’éviter de dépasser la limite de 1,5°C. «Le seuil d’un réchauffement global de 1,5°C n’est pas arbitraire. Il est scientifiquement fondé et inscrit dans l’accord de Paris sur le climat», rappelle Melchior Lengsfeld, directeur d’Helvetas.

Le rapport du GIEC est clair

Le rapport du GIEC met également en exergue les possibilités existantes pour atteindre la neutralité climatique. «Une décarbonisation rapide est nécessaire, en Suisse également. Elle est techniquement réalisable depuis longtemps. Nous devons mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles dès que possible», avertit Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême. Peter Lack, directeur de Caritas Suisse, relève que la loi prévoit que la protection du climat soit aménagée de façon socialement acceptable. «C’est crucial, car des personnes à faibles revenus peuvent ainsi la soutenir et lui assurer une large assise».

Pour une meilleure sécurité alimentaire  

La protection du climat est également essentielle pour la sécurité alimentaire. La productivité de l’agriculture diminue globalement avec le réchauffement climatique, «chez nous, mais surtout pour les familles de petits paysans dans les pays pauvres», relève Markus Allemann, directeur de SWISSAID. «L’alimentation est aussi une partie de la solution, si nous nous nourrissons de manière plus respectueuse du climat et plus écologique». (cath.ch/com/be)

Jacques Berset

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