Qu'est-ce que le «Regina Cæli»?

Chaque dimanche à midi entre Pâques et la Pentecôte, le pape François ne récite plus la prière mariale de l’Angélus, mais une antienne moins connue, le Regina Cæli. Attribuée au pape Grégoire le Grand, cette prière date probablement du premier millénaire de notre ère. Proclamant «Alleluia!», la prière célèbre la victoire de la vie – celle donnée par la Mère de Dieu – sur la mort pendant tout le temps pascal.

En fin de matinée, ce dimanche, le pape ne prononcera pas la prière de l’Angélus, mais celle du «Regina Caeli», comme il le fait depuis Pâques, et jusqu’à la Pentecôte. L’histoire du Regina Cæli est incomplète: la plupart des manuscrits datant de l’époque du style ‘vieux-romain’, à laquelle l’antienne appartient, ont été détruits après l’imposition du chant grégorien par Innocent III au XIIIe siècle. La Légende Dorée de Jacques de Voragine, rédigée au XIIIe siècle, attribue cependant sa paternité à Grégoire le Grand (590-604).

Ce dernier a été élu sur le trône de Pierre après la mort de Pélage Ier de la peste. C’est à cette période que l’icône de la Vierge de la basilique Sainte-Marie-Majeure est portée en procession et sauve la cité, ce qui lui vaut le titre de Salus Populi Romani – Salut du peuple romain. Cette dernière est particulièrement vénérée par le pape François aujourd’hui, qui ne manque jamais de venir la prier avant et après chaque déplacement international.

La Légende Dorée raconte qu’après cette cérémonie, le pape Grégoire Ier entendit la voix d’anges chanter les trois premiers vers du Regina Cæli:

«Regina caeli, laetare, alleluia  /« Reine du ciel, réjouissez-vous, Alléluia Quia quem meruisti portare, alleluia / Celui que vous avez porté en votre sein, Alléluia / Resurrexit, sicut dixit, alleluia ! » / Est ressuscité, comme il l’avait dit, Alleluia !» Aussitôt saint Grégoire aurait déclamé spontanément le quatrième vers de l’antienne: « Ora pro nobis Deum, alleluia » / « Priez pour nous le Seigneur, Alleluia !»

Le pontife eut ensuite une vision singulière: «un grand ange qui essuyait et remettait au fourreau un glaive ensanglanté , et le saint comprit que la peste était finie, et en effet elle l’était». Et c’est pour cela que la forteresse en question prit le nom de «Château Saint-Ange», affirme Jacques de Voragine.

Une antienne

Le Regina Caeli est une antienne, forme de prière chantée qui suppose un dialogue entre deux chœurs. Si le chant a laissé place à la récitation, la forme dialogale persiste encore aujourd’hui place Saint-Pierre, la foule répondant au pape pendant la prière.

La plus ancienne trace historique du Regina Cæli date de 1030, et se trouve dans un des rares manuscrits de chant en vieux-romain du moine bénédictin Guido d’Arezzo. Ce dernier est célèbre pour avoir inventé le système de notation encore employé – ut, re, mi, fa, sol… – en prenant les premières syllabes d’un poème à saint Jean-Baptiste.

Ce manuscrit nous apprend que le chant était probablement connu à Rome au début du XIe. Le chant marial est cité dans de nombreux autres textes aux XIIe et XIIIe siècles, sa récitation étant souvent rattachée à une date du calendrier. Le Regina Cæli devient aussi une des quatre antiennes mariales de la Liturgie des Heures avec l’Ave Regina, le Salve Regina et l’Alma Redemptoris Mater.

Sa popularisation passe aussi par la musique : populaire lors du Moyen Âge tardif au sein de l’école polyphonique franco-flamande, il continue à inspirer les compositeurs pendant la Renaissance – Palestrina, Festa, Lassus, Byrd, Victoria – puis pendant la période baroque – Lully, Charpentier, Couperin, Vivaldi – et jusqu’à la période classique – Mozart, Gounod, Brahms…

Un nom déformé

À Rome, le nom latin de l’antienne est souvent déformé en Regina Cœli – et non Cæli -, la variation demeurant jusqu’à aujourd’hui. Au XVIIIe siècle, Benoît XIII décide d’inciter à la récitation de l’Angélus au moment de la cloche à midi. Celui qui le récite obtient cent jours d’indulgence, soit une rémission temporelle de cent jours de purgatoire. Quelques années plus tard, Benoît XIV reprend la directive et l’adapte en demandant que la récitation du Regina Cæli soit effectuée à la place de l’Angélus pendant le temps pascal.

Le premier pape à fixer un rendez-vous pour l’Angélus et le Regina Cæli depuis la fenêtre des appartements pontificaux devant la foule rassemblée place Saint-Pierre est Jean XXIII. Depuis 1966, les antiennes mariales ont été presque systématiquement récitées par les papes, en alternance avec la foule présente là où il se trouve pendant cette période.

La version du Regina Cæli récitée par les papes est plus longue que le quatrain originel. Elle se poursuit ainsi par un rappel de la joie pascale:

«Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia / Réjouis-toi, Vierge Marie, Alleluia.

Quia surrexit Dominus vere, alleluia / Parce que le Seigneur est vraiment rescuscité, Alleluia.

Oremus. Deus, qui per resurrectionem Filii tui Domini nostri Iesu Christi mundum laetificare dignatus es, praesta, quaesumus, ut per eius Genetricem Virginem Mariam perpetuae capiamus gaudia vitae. Per eundem Christum Dominum nostrum. / Prions . Ô Dieu qui, par la glorieuse résurrection de ton Fils, as rendu la joie au monde entier, accorde-nous, par l’intercession de la Vierge Marie, de jouir de la joie de la vie éternelle. Par le Christ, notre Seigneur.

Amen.

La fin de la prière reprend enfin la récitation de l’Angélus. Par trois fois est récité:

«Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto / Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen / Comme au commencement, et maintenant, et dans les siècles des siècles. Amen.

Puis la prière se conclut par une oraison pour les morts:

« Pro fidelibus defunctis / Pour les fidèles défunts
Rèquiem aetèrnam dona eis, Domine, / Que le repos éternel leur soit accordé, ô Seigneur
Et lux perpètua lùceat eis. / et que la lumière perpétuelle brille sur eux.
Requiéscant in pace. / Qu’ils reposent en paix.

Amen.

(cath.ch/imedia/cd/bh)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/quest-ce-que-le-regina-caeli/