Berne: Conférence de presse de la Conférence des évêques suisses

L’ »affaire Haas » n’a pas été mise dans un tiroir, l’attente demeure

Berne, 9 septembre 1997 (APIC) Malgré les spéculations médiatiques, aucune décision spectaculaire concernant l’ »affaire Haas » n’a marqué la visite « ad Limina » des évêques suisses la semaine dernière à Rome. La Conférence des évêques (CES), qui avait qualifié la situation du diocèse de Coire de « quasiment sans issue » le 5 décembre dernier, est cependant toujours en attente d’une solution, alors que Mgr Wolfgang Haas laisse entendre qu’il bénéficie du soutien des instances du Vatican.

La CES, qui a tenu à cette occasion sa 237ème assemblée plénière à Rome, a adopté une prise de position répétant clairement son opposition à l’avortement. Elle a également élu à sa présidence Mgr Amédée Grab, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, pour la période allant de janvier 1998 à la fin de l’an 2000. Mgr Kurt Koch, évêque de Bâle a été désigné à la vice-présidence, tandis que Mgr Peter Henrici, évêque auxiliaire de Coire, complétera le présidium de la CES.

« Une juste et bonne solution est encore à l’ordre du jour »

Mardi à Berne, au cours d’une conférence de presse très fréquentée, où l’on a même posé des questions en anglais – audience internationale oblige! – Mgr Henri Salina a souligné que le « problème de Coire » n’a pas été mis « au fond du tiroir ». Le président de la CES a estimé qu’une « juste et bonne solution est encore à l’ordre du jour ». Certes, il ne peut donner aucun délai: « Le centre de décision n’est pas dans les mains de la CES, ni d’aucun des autres évêques suisses ». Une décision concernant Coire relève uniquement du Saint-Siège ou de Mgr Haas lui-même. De son côté, l’évêque de Coire, qui n’était pas présent à Berne, a visiblement une autre perception de la situation, puisque dans des déclarations aux médias, il s’est dit conforté dans sa position.

L’appel du pape à la communion relève de sa mission propre

Mgr Salina a rappelé que le pape, comme évêque de Rome, est dans son rôle et il exerce sa mission propre quand il assure la charité et la communion dans l’Eglise. Un tel appel – qu’il adresse aussi aux autres Conférences épiscopales – adressé jeudi dernier aux évêques suisses n’est pas une admonestation comme on a pu le lire dans certains journaux, souligne le président de la CES. « On n’est pas devant le Saint-Père comme des petits garçons en culottes courtes qui se font gronder », a-t-il plaisanté en relevant la chaleur de la rencontre avec Jean Paul II et les échanges très francs et très ouverts avec les différentes congrégations romaines. Il a reconnu aussi que les évêques suisses ne sont pas « uniformes » et qu’ils ont en particulier des visions pastorales différentes de celles de Mgr Haas.

L’ordination de viri probati et l’accès des femmes au diaconat pas pour demain

Mgr Koch, pour sa part, a relevé qu’après cette visite « ad Limina », Rome comprend peut-être désormais davantage les difficultés de l’Eglise suisse. Par contre, les instances vaticanes comprennent très difficilement qu’elle se focalise tellement sur le problème de Coire alors qu’elle a tout de même d’autres problèmes à résoudre, par exemple celui des vocations sacerdotales.

L’évêque de Bâle a rappelé que le « fil rouge » dans toutes les congrégations n’était pas Coire, mais notamment les problèmes pastoraux provoqués par le manque de prêtres et les moyens d’y faire face. La rencontre à Rome a montré que des modifications des conditions d’accès aux ministères ordonnés – par exemple l’ordination de « viri probati », hommes mariés ayant fait leurs preuves, ou le diaconat féminin, souhaités par nombre d’évêques suisses – « ne sont pas en vue ».

Désaccord avec la majorité du PDC en matière d’avortement

Dans sa prise de position sur l’avant-projet de modification du Code pénal suisse concernant l’interruption de grossesse, mis en consultation par le Conseil fédéral, la CES a souligné qu’elle ne peut accueillir une proposition « qui réduit, voire qui supprime la protection, par l’Etat, de la vie à naître ».

Interrogé sur la position du parti démocrate-chrétien (PDC), traditionnellement proche de l’Eglise, dont l’assemblée des délégués a récemment adopté une position assez « libérale » en matière d’avortement, Mgr Salina a déclaré « ne pas être indifférent » au changement de la position démocrate-chrétienne. Il a précisé que les membres du PDC – notamment en Valais – sont loin de tous partager cette position qui s’éloigne de celle des évêques. « Nous ne nous identifions à aucun parti », a insisté le président de la CES en soulignant que le PDC « n’est pas le parti de l’Eglise ». (apic/be)

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