Kenya: les Églises demandent un contrôle des enseignants religieux

Dans le Kenya secoué par le massacre de la forêt de Shakahola, les appels se multiplient pour réglementer non pas tant la liberté de culte que la mise en conformité aux lois de ceux qui dirigent les communautés religieuses. Le président du pays a assumé, le 14 mai 2023, son incapacité à empêcher le «massacre de Shakahola» et pointe des failles dans le système judiciaire pour lesquelles «certains devront rendre des comptes».

Depsui la mi-avril, plus de 200 corps ont été retrouvés dans la forêt de Shakahola, dans l’est du Kenya, rapporte l’agence Fides. Il s’agit des victimes du «prédicateur» Paul Mackenzie qui a poussé ses fidèles à jeûner jusqu’à la mort pour «rencontrer Jésus». Suite à cette découverte macabre, les instances religieuses se sont réunies pour demandes des mesures afin de prévenir ce genre de tragédie.

Lors d’une réunion entre des représentants du Conseil national des églises du Kenya (NCCK, qui regroupe la plupart des communautés protestantes du Kenya), de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) et du Conseil suprême des musulmans du Kenya (SUPKEM) dans la région du North Rift, il a été demandé aux institutions publiques de contrôler davantage les enseignants religieux dans les écoles et de prendre des mesures décisives à l’encontre des prédicateurs qui violent les droits de l’homme.

Contrôle des enseignement religieux

«Il faudrait une législation pour réglementer la façon dont les gens pratiquent leur foi… car certaines pratiques religieuses sont contraires aux droits de l’homme et à la loi en raison des meurtres, des sacrifices humains ou des prélèvements d’organes», a déclaré le révérend Joseph Barasa, du NCCK. «Nous avons proposé que seuls les chefs religieux ayant fréquenté une école théologique soient autorisés à enseigner ou à prêcher. Avant qu’un ‘chef religieux’ ne soit autorisé à enseigner en chaire, il ou elle doit démontrer qu’il ou elle comprend ce qu’il ou elle enseigne», a déclaré le révérend Barasa.

Il est également nécessaire de contrôler qui va prêcher dans les écoles, car il y a eu des cas d'»enseignement malavisé» qui ont mis en danger toute une génération d’étudiants.
Les participants à la conférence soulignent que des «prédicateurs» sans scrupules profitent des difficultés économiques du pays pour attirer leurs adeptes en leur promettant de faux gains grâce aux pratiques cultuelles qu’ils promeuvent.

Le président Ruto assume sa responsabilité

Le 14 mai, le président du Kenya, William Ruto, a assumé la responsabilité de son incapacité à empêcher le massacre de Shakahola commis par des adeptes de la «Good News International Church», qui se sont laissés mourir de faim «pour atteindre Jésus-Christ», en suivant les instructions du «prédicateur» Paul Nthenge Mackenzie. «Je ne prends pas cela à la légère», a déclaré William Ruto à la télévision. «Et certainement, certaines personnes responsables de cet échec de la part du gouvernement devront rendre des comptes», a-t-il ajouté, citant en particulier «nos services de renseignement et le Département des enquêtes criminelles (CID)».

Ce seraient en effet les déficiences du système policier et judiciaire qui auraient permis à la tragédie de Shakahola de se produire. Paul Mackenzie avait en effet été arrêté au début de l’année, soupçonné d’avoir tué deux enfants par inanition et asphyxie, mais il a ensuite été libéré sous caution.
Des proches de ses disciples affirment qu’après sa libération, Paul Mackenzie est retourné dans la forêt de Shakahola et a déplacé la date prévue pour la fin du monde du mois d’août au 15 avril.
Le 14 avril, la police a fait une descente dans la forêt où se trouvait son «église» et a sauvé 15 personnes affamées. A ce jour et plus de 600 personnes sont toujours portées disparues. (cath.ch/fides/bh)

Bernard Hallet

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