Arabie saoudite: Pour le gouvernement, les non-musulmans jouissent de la liberté religieuse
Riyad, 25 septembre 1997 (APIC) La liberté religieuse des non-musulmans en Arabie Saoudite est respectée, a déclaré mercredi au quotidien saoudien « Al Hayat » le prince Sultan bin Abdul Aziz Al Saud, frère du roi et second vice-Premier ministre. Les rapports d’Amnesty International contredisent pourtant cette vision irénique: en réalité, la pratique religieuse des chrétiens dans ce pays qui se considère lui-même comme une « grande mosquée » est à hauts risques.
Le droit islamique n’empêche pas les membres des religions monothéistes de pratiquer leur foi, a déclaré le prince saoudien. L’Arabie Saoudite ne s’oppose pas non plus à la pratique religieuse des non-musulmans, pourvu qu’elle ait lieu en privé, a-t-il précisé. La réalité est toute autre, notent les organisations de défense des droits de l’homme. En effet, la possession de la Bible et de littérature chrétienne reste interdite et ceux qui s’adonnent à des activités religieuses qualifiées de « missionnaires » risquent leur tête, comme ce fut le cas de deux missionnaires protestants philippins il y a quatre ans. Oswaldo Magdangal et Renato Posedio, accusés d’avoir prêché le christianisme et tenté de fonder une Eglise chrétienne dans le pays, n’eurent la vie sauve que grâce à l’intervention personnelle du président philippin Fidel Ramos auprès du roi Fahd.
Impensable » de construire une Eglise chrétienne
Dans ce pays, il n’est en effet pas possible de construire des églises chrétiennes. Historiquement, pourtant, bien avant l’avènement de l’islam, de nombreuses tribus arabes vivant à l’Est de la péninsule arabique, notamment sur des territoires faisant partie aujourd’hui de l’Arabie saoudite, se rattachaient à l’Eglise syrienne orientale, dite aussi Eglise nestorienne. Un certain nombre d’évêchés existaient à Bahrein, à Oman, au Qatar et dans l’Est de l’Arabie saoudite, mais ils ne purent subsister à l’islamisation. dMalgré la présence de centaines de milliers de travailleurs migrants chrétiens sur son sol, l’Arabie saoudite ne tolère pas la construction de lieux de cultes chrétiens, déplorent les organisations de défense des droits de l’homme. Alors qu’elle-même finance à coups de millions de dollars l’érection de centres islamiques et de mosquées dans des villes de vieille tradition chrétienne, comme Rome ou Madrid!
« Police religieuse » dans les appartements privés
Non seulement tout culte public est interdit aux chrétiens, mais la « police religieuse » intervient même dans les appartements privés des étrangers. Il n’est pas rare en effet que des travailleurs immigrés soient arrêtés durant un service religieux par les membres du « Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice ». Amnesty International (AI) a maintes fois dénoncé la politique discriminatoire à l’égard des minorités religieuses, qu’elles soient chrétiennes ou chiites. Ces derniers, 10% de la population saoudienne, sont sévèrement réprimés, leur foi n’étant pas reconnue dans ce pays à large majorité sunnite et de tradition wahabite rigoriste.
AI plaide pour une législation visant à combattre l’intolérance religieuse et appelle l’Arabie saoudite à se conformer aux normes internationales relatives aux droits de l’homme. Ces dernières garantissent le droit de toute personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion, et interdisent la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus, une pratique courante dans le pays.
Des centaines d’arrestations
Ces dernières années, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été arrêtés, la plupart du temps sans accusation ni procès, et maltraités par la police religieuse qui a pleins pouvoir pour faire irruption chez les gens et arrêter ceux qu’elle trouve en train de prier. Elle s’en prend également à ceux qui sont en possession de chapelets, d’images pieuses ou d’ouvrages religieux. Dans de nombreux cas, les personnes arrêtées sont finalement expulsées du pays. r « Les musulmans chiites et les chrétiens en Arabie saoudite sont obligés de pratiquer leur religion en secret, terrorisés à l’idée d’être découverts par la police religieuse », notait AI dans un rapport accablant publié il y a quatre ans. Aujourd’hui, notent les observateurs, des communautés chrétiennes clandestines, disposant d’un clergé ordonné, continuent de pratiquer leur religion dans une « atmosphère de catacombe ». (apic/kna/com/be)
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