Des « oui » et des « non » qui n’en sont pas vraiment?
Paris, 28 septembre 1997 (APIC) Le président de la Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la peine de mort (FIACAT) s’étonne à propos du Catéchisme et de la peine de mort, même après les modifications intervenues sur le sujet. Il y a de quoi perdre son latin, dit-il. Pour lui, il y a des moments où notre oui doit être un oui et notre non un non.
« A quoi sert un principe reconnu officiellement comme pratiquement inapplicable ? » : la question est posée par Guy Aurenche, avocat à la Cour, président de la FIACAT – la Fédération qui groupe les ACAT nationales dans le monde -, et membre de Justice et Paix/France, à propos de la modification du Catéchisme de l’Eglise catholique sur la peine de mort.
Dans sa rédaction définitive, le catéchisme de l’Eglise catholique précise (par. 2267) que le recours à la peine de mort n’est pas exclu lorsque celle-ci est l’unique moyen de défendre efficacement de l’agresseur injuste des vies humaines. En ajoutant que les cas de suppression du coupable sont « désormais assez rares sinon même pratiquement inexistants ».
Légitime défense ?
Le texte, « comme pour s’excuser du rappel d’un principe autorisant la peine de mort », constate Guy Aurenche, se réfère à « l’enseignement traditionnel de l’Eglise ». Bien que qualifié de traditionnel, cet enseignement est donc bien toujours en vigueur. « Il ne tient aucun compte, ajoute-t-il, ni du principe chrétien de la dignité absolue de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, ni de l’évolution universelle des moeurs qui, au moins dans les principes, s’oriente vers l’abolition de la peine de mort. »
Une fois de plus on évoque la légitime défense. Pour Guy Aurenche, il est clair que celle-ci doit être invoquée pour une personne ou un groupe menacés de mort et qui, dans le feu de l’attaque, ne peut protéger sa vie qu’en donnant la mort. Mais tel n’est pas le cas, précise-t-il, lorsqu’il s’agit d’un châtiment infligé après incarcération de l’agresseur, après un long procès et dans le cadre d’une mise en oeuvre parfaitement réglée: « Il n’y a plus urgence.
Le président de la FIACAT voit « une application détournée du principe de la peine de mort ». Le Catéchisme s’en aperçoit, qui précise que les cas où la peine de mort serait justifiée sont désormais assez rares, sinon pratiquement inexistants. Et Guy Aurenche de s’étonner: pourquoi poser un principe autorisant la mort, pourquoi préciser qu’elle ne peut être appliquée que dans certains cas, pourquoi dire que les cas sont inexistants ? « L’on pouvait au moins attendre d’un nouveau catéchisme une clarté dans les principes énoncés et leur application, écrit-il.
Pas assez d’exemples de mises à mort chaque jour?
Concernant la peine de mort, celle-ci a toujours droit de cité parmi les principes de la tradition catholique. Mais ce principe est, sans doute exceptionnellement, inapplicable. A quoi sert un principe reconnu officiellement comme pratiquement inapplicable ? » « N’a-t-on pas assez d’exemples de mises à mort, chaque jour, conclut le président de la FIACAT, pour que la peine de mort soit encore légitime en principe, inapplicable en pratique ? Il y a de quoi y perdre son latin. Il y a de quoi ajouter une arme de désespérance à un arsenal pourtant déjà bien fourni. il est des moments où notre oui doit être oui, notre non doit être non. Ce moment était venu pour l’interdiction de la peine de mort ». (apic/cip/pr)
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