» Incompréhensible « , lâche l’auteur des » Enfants des sectes »
Salquenen/Valais 5 août 1997 (APIC) Pour deux semaines, quelque 500 adeptes du mouvement raëlien international (MRI), européens pour la plupart, tiennent leurs assises en Valais, à Salquenen plus exactement, sous le contrôle de leur gourou, le Français Claude Vorilhon, auto-dénommé Raël depuis ses » rencontres avec les extra-terrestres « .
Il s’agit du second rendez-vous organisé par la secte dans ce village, avec la bénédiction des autorités communales. Une confiance accordée qui ne laisse par d’étonner : la secte Raël, qui prône » théoriquement » dans ses écrits la pédophilie et l’inceste, est qualifiée noir sur blanc de dangereuse par le rapport parlementaire français sur les sectes, publié en 1996.
Il y a deux mois, deux de ses membres se sont vus infligés 5 ans de prison par la Cour d’assise du Vaucluse, pour agressions sexuelles sur une fillette de 12 ans, explique aujourd’hui Hayat El Mountacir, chargée d’étude à l’union nationale des Associations des familles et de l’individu (UNADFI), à Paris, et auteur du livre » Les enfants des sectes « .
» Je n’arrive pas à comprendre les autorités locales, alors que l’an dernier, dans ce même village valaisan de Salquenen, somme toute pas très loin du désormais tristement célèbre Salvan, le » guide des guides » Claude Vorilhon faisait carrément l’apologie du suicide. Dans le numéro 101 de la revue apocalypse il écrivait en substance que mourir pour ses idées est la plus belle des choses. ».
Son discours trouve sa légitimation dans l’esprit de sacrifice : » Si j’avais le choix entre renier les Elohims (extra-terrestres rencontrés par Raël) et être exécuté, je marcherais vers le bourreau le cœur léger et sans hésiter. Et cela même si j’avais la garantie d’être recréé sur la planète des Eternels « , ou encore : » Quelle grandeur d’âme, il y a dans ce bonze qui s’arrose d’essence et craque l’allumette pour que son pays ne supporte plus la tyrannie américaine… « . Et pourtant…
La rencontre de Salquenen a débuté mardi par » un conclave » qui a réuni les 22 » évêques » chargés de procéder à la nomination du » guide des guides « . Une nomination qui, selon les statut du mouvement, a lieu effectivement tous les 7 ans.
Claude Vorilhon, à l’origine du mouvement, est le » guide des guides » depuis les années 70. C’est cependant la première fois que les raëliens font autant de publicité à cette élection. » Pour des raisons médiatiques et circonstancielles, estime Hayat El Mountacir, car le mouvement fait beaucoup parler de lui ces temps. Et pas en bien. C’est évidemment intéressant pour eux de parler de cette élection pour faire croire à un fonctionnement démocratique de la secte. Une mascarade, en réalité, essentiellement dictée par des motifs tactiques. Car `l’élection’ de l’actuel gourou ne fait aucun doute « .
Vers le paradis des sectes
Depuis la publication du rapport parlementaire français, qui classe la secte Raël parmi les plus dangereuses, les raëliens se rabattent sur la Suisse, un pays qui passe pour être un paradis pour les sectes. » Il ne fait pas de doute que le verni démocratique qu’ils donnent à leur session ont contribué à endormir les autorités et la population, explique l’auteur » Des enfants dans les sectes « .
Dans le collimateur des autorités française et de l’UNADFI, qui suit les agissements de la secte depuis belle lurette déjà, le mouvement raëlien échappe de moins en moins à sa réputation de secte dangereuse. Et les condamnations, fin mai 1997, de deux raëliens à 5 ans de prison pour abus sexuels sur une mineure, ne font qu’amplifier encore l’image déplorable de cette secte, à l’heure ou l’Europe découvre avec stupeur l’importance des affaires de pédophilies qui se multiplient.
La mère de la fillette agressée, membre de la secte, a du reste été condamnée à 12 mois avec sursis pour complicité. C’est elle qui organisait des » réunions » raëliennes à la maison. » Ce qui a frappé, au terme du procès auquel j’ai été invitée à témoigner, explique Hayat El Mountacir, est que les deux pédophiles n’ont affiché aucun remord. Cela correspond tout à fait au discours du mouvement raëlien ou du moins aux écrits du fondateur qui théorise la pédophilie, la normalise d’une certaine façon ainsi que l’inceste. Beaucoup d’affaires de pédophilie sont aujourd’hui mêlées à des groupes sectaires. Un groupe sectaire , c’est secret. Et rien n’est diffusé vers l’extérieur. On peut donc y commettre impunément des actes illégaux « .
La méditation sensuelle version Raël
Raël propose de faire passer des tests aux enfants à 5 ans et à 12 ans afin d’en extraire les génies en herbes et les surdoués. Pas pour rien, sans doute, qu’il a créé en mars 1997 une compagnie de clonage, Valiant Venture, avec siège aux Bahamas. La société propose différentes prestations. » Clonaid « , offre par exemple ses services » aux parents fortunés du monde » désirant avoir un enfant qui serait le clone de l’un d’eux. Le coùt ? 200’000 dollars. Il faut aussi savoir que la méditation sensuelle est l’un des axes centraux de sa » doctrine « .
» Tout cela figure dans les écrits de Raël, constate en effet la chargé d’étude à l’UNADFI, dans ce qu’on peut désigner sous le nom de » gynéocratie « . Il explique en effet que pour être un citoyen, et donc pour avoir un quotient intellectuel élevé afin de pouvoir élire ou être élligible, il faut faire de la méditation sensuelle sous prétexte que cela développe toutes les potentialité de l’individu. C’est-à-dire la découverte de son corps. Le problème, s’agissant des enfants, est qu’il propose des centres d’épanouissement par lesquels les mineurs seraient en quelque sorte initiés à la sexualité par des adultes. Cela ne peut être compris que dans un cadre incestueux ou pédophile « .
En l’absence du président de la commune de Salquenen, le secrétaire communal ne désire pas faire de commentaire. En Valais, dit-il, en reprenant les déclarations faites par le président de commune il y a un an, » nous n’avons pas les mêmes lois qu’en France. L’an dernier, nous avons averti la police et le canton. Tant qu’ils ne commettent rien de répréhensible, nous ne pouvons que leur renouveler notre confiance « . La décision du parlement français n’incite-t-elle pas à la réflexion ? » Le Conseil communal n’a pas à se poser la question s’il convient ou non de donner un accord pour de telles sessions « .
Le transfert du Tarn
La police valaisanne n’avait rien eu à signaler sur les camps raëliens de l’an dernier. En 1996, Le MRI avait en effet transféré son champ d’activité d’été du Tarn, dans le sud-ouest de la France, à Salquenen, près de Sierre. » Pour des raisons de sécurité « , avaient laissé entendre les responsables, en invoquant l’idée selon laquelle des services spéciaux français s’apprêtaient à cacher de la drogue et des armes dans leur camp. » L’argument ne tient pas, affirme encore Hayat El Mountacir. Le secte, épinglée en France, cherche en réalité un nouveau souffle sous le couvert d’un vague verni démocratique « . (apic/pierre rottet)
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