Le douloureux souvenir de la déportation stalinienne

Une présence allemande de près de deux siècles – les colons se sont installés dès 1763 près de Saratov, sur la Volga, à l’invitation de la tsarine Catherine II la Grande, – fut rayée d’un trait de plume par un oukase du présidium du Soviet suprême en date du 28 août 1941. Raison officiellement invoquée: au moment même de l’agression nazie contre l’URSS et de la foudroyante percée de la Wehrmacht, la République socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga fut accusée d’abriter en son sein une « cinquième colonne » de milliers d’espions et de saboteurs prêts à agir contre les intérêts de la patrie soviétique.

La République des Allemands de la Volga dissoute, ses habitants devenus collectivement suspects furent immédiatement déportés au-delà de l’Oural, en Sibérie, au Kazakhstan, et dans d’autres régions de la partie asiatique de l’URSS.

A leur arrivée, après un voyage harassant à travers l’Oural et la Sibérie, les déportés furent débarqués sans ménagement des wagons à bestiaux. Les jeunes dès 16 ans, les femmes valides et les hommes jusqu’à 60 ans- suspects en tant qu’Allemands, ils n’étaient pas mobilisés dans l’Armée Rouge -, furent triés. Séparés des enfants et des femmes avec enfants en bas âge, les voilà enrôlés d’office dans la « Trudarmija », ou « armée du travail » et expédiés au loin. Traités en « ennemis fascistes », ils étaient en réalité destinés au travail forcé, enfermés dans des camps cernés de hauts barbelés, sous la surveillance de gardiens armés hostiles. Affublés du sobriquet de « Fritz », ils subirent souvent l’humiliation; beaucoup sombrèrent dans le désespoir, rappelle un survivant de cette terrible période. Les « trudarmistes » moururent en masse de la faim et du froid, sous-alimentés, tués par les conditions de travail et de vie inhumaines dans les mines de charbon de l’Oural, dans les forêts vierges glacées du Grand Nord, attelés à l’abattage et au flottage de bois sur les grand fleuves au-delà du Cercle polaire, ou envoyés sur les chantiers du Transsibérien, dans l’Extrême-Orient soviétique. Des sources allemandes parlent de 300’000 victimes. Tous les déportés furent soumis à un régime de surveillance spécial, la « Spezkomendatura », qui ne fut levée qu’en décembre 1955. (apic/be)

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