Kenya: les églises refusent de changer de la loi sur le culte

Des organisations confessionnelles du Kenya, dont l’Eglise catholique, sont opposées à la mise en place par l’État d’une nouvelle règlementation sur les Églises. Un refus qui fait suite à la découverte de centaines de cadavres de fidèles d’une secte religieuse dans la forêt de Shakahola.

Depuis le mois d’avril, le Kenya est secoué par l’affaire dite du «massacre de Shakaola»: la découverte de corps de plus de 250 fidèles d’une secte chrétienne, «Eglise internationale de Bonne Nouvelle» dans une forêt, près de la ville de Malindi, à l’est du pays. Le gourou et fondateur de la secte, un célèbre télé-évangéliste, le pasteur Paul Mackenzie Nthenge, avait appelé à «jeûner» pour rencontrer Jésus et atteindre le paradis. La presse kényane rapporte chaque semaine, de nouvelles découvertes macabres.

Une commission de 17 membres

Par la suite, le président William Ruto a mis en place une commission de 17 membres dont des représentants de l’Église catholique pour réviser les textes sur les activités confessionnelles et proposer des amendements. Les nouvelles propositions de réformes permettront à l’État de lutter plus efficacement contre les abus des sectes relieuses, en renforçant la loi dans ce sens. La Commission qui est présidée par un ancien député a six mois pour rendre ses conclusions ont rapporté les quotidiens kényans, The Star et People Day.

De son côté, le Sénat, seconde Chambre du Parlement après l’assemblée nationale, a créé une commission sénatoriale ad hoc, chargée d’enquêter sur la prolifération des organisations religieuses et sur les circonstances ayant entraîné la mort des fidèles à Shakahola. La commission a entendu, le 9 juin, les représentants du Conseil national des Églises du Kenya (NCCK), de l’Alliance évangélique du Kenya (EAK), du Conseil hindou du Kenya, et de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB).

Ils ont estimé, dans leur déposition, que les décès des fidèles de la secte de l’Église internationale de Bonne Nouvelle ont été dus à «une défaillance massive de la sécurité» de l’État. «Il y a eu un énorme problème de sécurité pour empêcher le massacre de Shakahola et le gouvernement a perdu l’autorité morale pour enquêter sur cette affaire», a déclaré la KCCB, dans une communication écrite remise au comité.

Selon le site du parlement kényan, les délégués des Églises ont qualifié le prédicateur Mackenzie et sa secte de «cas isolés», qui ne doit pas être un prétexte pour changer les lois ou réprimer les confessions religieuses dans le pays.

Le NCCK a saisi cette occasion pour remettre aux sénateurs un mémorandum dans lequel il souligne qu’il n’y avait «pas besoin d’une nouvelle législation pour régir les organisations religieuses». «Toute nouvelle disposition visant à restreindre la liberté religieuse pourrait entrainer un abus. Car certains hommes politiques pourraient l’utiliser pour museler leurs adversaires, réduisant ainsi la religion à un simple outil politique», ont-t-ils indiqué dans leur document, cité par le Service d’information catholique pour l’Afrique. (cath.ch/ibc/bh)

Ibrahima Cisse

Portail catholique suisse

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