Douze fois moins de paroisses dans les diocèses

France: A la veille du 3e millénaire, les paroisses de France se restructurent

Paris, 1er juillet 1997 (APIC) Par manque de prêtres certes, mais aussi pour mieux utliliser les forces nouvelles que représentent aujourd’hui les nombreux laïcs et diacres, les diocèses de France se restructurent. Celui de Bayeux et Lisieux, par exemple, pour une population proche de 700’000 habitants, compte actuellement 724 paroisses, dont près de 640 rurales. Il n’y en aura plus que 51 dès le 1er septembre prochain.

A la veille du 3e millénaire, les diocèses de France se restructurent. Durant la première moitié de cette année, quatre nouveaux diocèses ont franchi une étape décisive dans leur réaménagement pastoral: Bayeux/Lisieux, Luçon, Soissons et Laval.

Sur 95 diocèses que compte la France, une vingtaine d’entre eux ont franchi le pas depuis les années 85/90. Trente-trois autres s’apprêtent à les suivre. En créant à leur tour « Les paroisses nouvelles », nées dans la foulée des expériences des diocèses de Limoges (1985) et du Mans (1988), les premiers en France à avoir choisi ce réaménagement pastoral à la suite de leur synode diocésain.

« Ces restructurations sont le fruit de travaux qui ont duré un, deux, voire trois ans. De nombreux autres diocèses réfléchissent aujourd’hui sur la question, sans doute se mettront-ils en route, indique Chantal Colin de Verdière, du Service d’information de la Conférence des évêques de France. Ces changements répondent aux vœux des évêques du pays, émis à la à la suite des Assemblées plénières des évêques de France de 1989 et 1990, consacrées en partie aux paroisses.

Quatre diocèses pour une même démarche

Pour le diocèse de Bayeux et Lisieux, cette nouvelle organisation est l’aboutissement d’une démarche synodale lancée en 1995. Mgr Pican, évêque diocésain, a promulgué le 18 mai à Lisieux, jour de la Pentecôte, le document officialisant les nouvelles paroisses, 51 au total, qui entreront pour la première fois en activité le 1er septembre. « Ce jour-là, témoigne Mgr Pican, le diocèse a vécu un temps fort ecclésial et missionnaire ».

Ce même jour, l’évêque de Luçon, Mgr Garnier, promulguait le décret de fondation des nouvelles paroisses et des nouveaux doyennés de son diocèse, au terme d’une démarche de trois ans. Jusqu’alors, ce diocèse de 510’000 habitants comprenait 4 zones pastorales, 29 doyennés et 305 paroisses. Dès le 1et septembre également, le diocèse de Luçon aura 13 doyennés et 59 paroisses où résideront les curés. « Mais il va de soi que de nombreux prêtres résideront dans d’autres presbytères et que toutes les églises resteront ouvertes ».

Démarche synodale analogue dans les diocèses de Soissons et de Laval. Au cours du pèlerinage diocésain annuel à Notre-Dame de Liesse, l’évêque de Soisson, Mgr Labille, a présenté à ses fidèles le projet de regroupement des anciennes paroisses (577 pour 540’500 habitants) en 43 nouvelles paroisses. Une promulgation rendue possible après deux ans de travail.

Quant au diocèse de Laval, il a mis sur pied son projet « Paroisses nouvelles en milieu rural », après en avoir lancé l’idée en 1993. Trois plus tard, en 1996, au terme de plusieurs journées de travail, Mgr Maillard, avec son conseil et la commission technique « Paroisses nouvelles », parvenait à un consensus sur la délimitation de ces paroisses en milieu rural.

Trois objectifs

Même topo pour le diocèse de Beauvais, Noyon et Senlis, qui recensait 706 paroisses pour 723’000 habitants, contre 45 seulement aujourd’hui. A titre de comparaison, le seul canton de Fribourg, avec 169’000 catholiques pour 213’000 habitants selon le recensement fédéral de 1990, compte 144 paroisses.

Pourquoi ces restructurations? Le père Yvon Bodin, secrétaire général adjoint chargé des questions pastorales au sein de la Conférence des évêques, y voit trois objectifs: la mission, la proximité et la coresponsabilité. Et Chantal Colin de Verdière d’expliquer: « La mission pour aujourd’hui et demain… réalisée dans le souci de mieux servir l’évangélisation, de faire évoluer les comportements des consommateurs et les fonctionnements trop cléricaux ».

La proximité? « On veut à la fois regrouper les forces et assurer une présence de l’Eglise au plus près de la vie des personnes. Nous avons non seulement créé des paroisses nouvelles, avec des équipes et des conseils, mais on a aussi mis sur pied des relais avec deux ou trois personnes porteuses d’une lettre de mission de leur curé ».

Reste la coresponsabilité… »Les laïcs sont aujourd’hui partie prenante dans cette nouvelle évangélisation, les diacres aussi, comme les religieux et religieuses ». Il faut aussi reconnaître que la démarche répond à une autre nécessité: le manque de prêtres.

Si les restructurations sont souvent bien accueillies dans les diocèses, si les promulgations ont été vécues dans des ambiances de fêtes par les fidèles eux-mêmes, des réticences demeurent, tenaces… « Au niveau des prêtres, âgés pour la plupart, qui doivent travailler avec des laïcs », admet Chantal Colin de Verdière. Certaines personnes ne comprennent pas davantage la philosophie et le but de la démarche. Contrairement à celles qui vivent ces changements de l’intérieur, assure-t-elle.

Regrouper ne signifie pas supprimer

Regrouper ne signifie pas supprimer, rappelle le Service d’information des évêques. Tout ce qu’on peut faire encore dans les églises, c’est-à-dire les baptêmes, les mariages, les sépultures… – les évêques insistent là-dessus – devra se faire. La nouvelle paroisse choisit un nouveau nom, mais les églises édifiées dans chaque commune gardent leur saint patron. Elles seront en outre utilisées chaque fois qu’une cérémonie religieuse pourra avoir lieu sur place. Le regroupement des paroisses n’entraîne pas la fermeture des églises. (apic/pr)

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