Helena Jeppesen-Spuhler appelée pour le Synode des évêques

La Suissesse Helena Jeppesen-Spuhler (57ans) sera l’une de dix délégués ’non-évêques’ européens  à participer au synode sur la synodalité en octobre 2023 à Rome. Collaboratrice depuis 20 ans de l’Action de Carême, elle possède une bonne connaissance de l’Eglise universelle. «Je me réjouis, et je suis très curieuse de cette expérience. Je ne pense pas être une femme alibi», a-t-elle expliqué à cath.ch  

Helena Jeppesen-Spuhler est née en 1966 dans le canton d’Argovie. Après avoir fréquenté le gymnase de Wettingen, elle a étudié à l’Institut de pédagogie religieuse de Lucerne. Elle a acquis ses premières expériences professionnelles en tant qu’aumônière et catéchiste en paroisse à Lucerne et à Bâle.  Parallèlement, elle a été très active dans les groupements  catholiques d’enfants et de jeunes Jungwacht-Blauring, au plan cantonal et fédéral.

Depuis 20 ans à l’Action de carême

Depuis plus de 20 ans, Helena Jeppesen-Spuhler a occupé différentes fonctions au sein de l’oeuvre d’entraide catholique Action de Carême. D’abord dans le domaine de la communication, de la formation et de la catéchèse, puis comme responsable de programmes pour le Laos et les Philippines et pour les partenaires de projet de toute l’Asie. Sa compréhension de la coopération au développement se caractérise par un intérêt pour le dialogue interreligieux et interculturel, et un engagement courageux en faveur de l’égalité des sexes, des droits des communautés indigènes et des droits humains. Soucieuse de contribuer au développement de l’Eglise catholique, elle s’engage au sein de l’organisation réformiste « Allianz Gleichwürdig Katholisch». En Suisse, mais aussi aux Philippines et dans le monde entier, elle évolue dans des réseaux de responsables catholiques, de défenseurs des droits de l’homme et d’activistes environnementaux.

Dans les instances synodales depuis 2019

Elle a collaboré avec de nombreuses personnes engagées dans les processus synodaux régionaux et continentaux. En 2019, elle a accompagné des partenaires latino-américains de l’Action de Carême au synode sur l’Amazonie. En 2022, elle a participé à l’assemblée synodale du diocèse de Bâle et a pris part à l’assemblée nationale à Einsiedeln. En février 2023, elle a également été déléguée de l’Eglise catholique suisse au synode continental européen à Prague. Enfin, elle a participé le 21 juin 2023 à la présentation à Rome de l’Instrumentum laboris aux côtés des cardinaux et responsables du secrétariat du synode.

Sa nomination ne constitue pas une énorme surprise dans la mesure où elle était évoquée depuis quelques temps déjà. L’invitation du pape François à participer à la 16e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques à Rome en octobre 2023 / 24 n’est que la dernière étape logique d’un long parcours cohérent. Mais du point de vue de l’histoire de l’Eglise, sa nomination à un synode des évêques, comme femme avec droit de vote, est toutefois une sensation. (cath.ch/com/mp)

«Un défi que j’aborde avec beaucoup de respect»


A l’annonce de sa nomination comme déléguée au Synode, Helena Jeppesen a répondu aux questions de cath.ch.
Dans quel sentiment recevez-vous cette nomination?
Je me réjouis. Je suis excitée et curieuse de cette nouvelle expérience. Mais c’est un défi que j’aborde avec beaucoup de respect. Une grande exigence pèse sur moi. Je serai une des dix délégués ›non évêques’ pour l’Europe, mais pour l’heure je ne connais pas les neuf autres. Pour la Conférence des évêques suisses, Mgr Felix Gmür sera présent.
Ne craignez-vous pas d’être une femme-alibi?
Non je ne pense pas. Je crois que je serai prise au sérieux, comme je l’ai été lors des étapes précédentes. Evidemment, le fait d’être une femme laïque dans un synode des évêques et tout à fait nouveau. Mais je ne crains pas un bloc des clercs qui s’opposerait à celui des laïcs. Jusqu’à présent, mes discussions avec les évêques et les cardinaux ont été tout à fait franches. En outre je connais déjà quelques-uns des évêques des Philippines et d’Amérique latine.
Comment voyez-vous votre travail au sein du synode?
Beaucoup de choses ne sont pas encore clairement données, notamment l’articulation entre les deux sessions du synode de 2023 et 2024. J’imagine que la session de cet automne servira à déterminer les processus de participation et de décision. Nous sommes vraiment dans une démarche de work in progress.
L’assemblée du synode se déroulera non pas dans l’aula des évêques, mais dans la salle Paul VI. Ceci  notamment afin de pouvoir travailler en petits groupes autour d’une même table. Cette dynamique a été demandée par le continent asiatique. Après, je pense que nous débattrons d’abord en groupes linguistiques.
Les attentes placées sur le synode sont très fortes, ne craignez-vous pas de grandes déceptions?
Je pense qu’on ne peut laisser sans réponses toutes les consultations à tous les niveaux et sur tous les continents qui disent que l’Eglise doit changer dans sa manière d’être.
Comment allez-vous vous préparer?
Officiellement, chacun doit travailler personnellement l’Instrumentum laboris. Mais j’ai déjà indiqué que je souhaite mener une petite consultation, entre autres avec les délégués ›on-line’ suisses à la rencontre continentale de Prague. J’aimerais autant que possible présenter un avis qui corresponde à celui de la majorité. (cath.ch/mp)  

Maurice Page

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