Inde: Poursuite des violences antichrétiennes au Manipur

La violence généralisée contre les chrétiens dans l’État du Manipur, au Nord-Est de l’Inde, risque de se transformer en guerre civile. Le conflit entre les Meiteis ou Manipuri, groupe majoritairement hindou, et les tribus montagnardes chrétiennes, Kukis et Nagas, a déjà fait plus de 150 morts et provoqué plus de 60’000 réfugiés. 357 églises et bâtiments appartenant à différentes Églises ont été détruits.

Même les dirigeants du parti de droite nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) commencent à accuser des responsables locaux du BJP de complicité dans ce qui s’est transformé en une attaque antichrétienne de grande ampleur dans cette région montagneuse frontalière de la Birmanie, révèle la fondation catholique «Aide à l’Eglise en Détresse ACN». ACN décrit les pogroms comme une «persécution ouverte contre les chrétiens».

Résolution du Parlement européen

Malgré le déploiement de 36’000 soldats, l’insécurité qui dure depuis mai dernier continue, et les foules fanatisées ont mis le feu à près de 2’000 maisons. Le 13 juillet 2023, le Parlement européen a adopté une résolution demandant aux autorités indiennes de «mettre fin aux violences ethniques et religieuses».

La résolution adoptée à une large majorité au Parlement européen appelle le gouvernement indien à lutter contre l’impunité des foules incitant à la violence et à prendre des mesures pour enrayer de tels incidents conformément à leurs obligations internationales en matière de droits humains.

Le gouvernement Modi dénonce le «colonialisme»

Réagissant à la résolution du Parlement européen, l’administration du président Narendra Modi – qui est restée longtemps silencieuse face aux exactions – l’a accusé de s’immiscer dans les «affaires internes» de l’Inde, dénonçant une forme de «colonialisme».

Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, a publié une brève note le 9 juillet, expliquant que la situation causait «de l’anxiété à tout le monde et de la souffrance aux habitants de la région». Il a assuré que l’épiscopat indien était en communion avec le diocèse local d’Imphal, capitale du Manipur, et essayait de trouver des moyens d’aider.

Une politique délibérée de destruction des églises

Des sources locales ont accusé le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), d’attiser la violence. Ces allégations ont été confirmées avec la démission, le 13 juillet, du vice-président du parti dans le Mizoram, Etat voisin du Manipur.

Dans sa lettre de démission, R. Vanramchhuanga a déclaré que malgré le fait que les militants avaient déjà brûlé 357 églises chrétiennes et bâtiments appartenant à différentes Églises, les dirigeants des gouvernements locaux et centraux, aux mains du BJP, n’avaient pas encore condamné ces actions: «Par conséquent, je crois que la démolition massive des églises chrétiennes au Manipur a été soutenue par l’Etat et les autorités centrales», a déclaré le politicien.

Les forces de sécurité regardent ailleurs

La fondation ACN déplore que lors de diverses attaques contre les églises et les paroissiens, «aucune protection n’a été accordée» aux victimes, malgré des tentatives répétées de contacter la police par le biais de numéros d’urgence. Elle cite la destruction des biens ecclésiaux dans la paroisse du Saint Rédempteur, à Canchipur, et l’attaque de la paroisse et du centre de formation pastorale Saint-Paul, situé à Sangaiprou, qui dessert des personnes de diverses communautés ethniques.

Malgré les appels aux forces de l’ordre, les assaillants ont vandalisé, pillé et brûlé à la fois l’église et le bâtiment du centre de formation pastorale Saint-Paul, provoquant la destruction presque totale des biens, sans même épargner le bétail et les animaux. «Ce sont des exemples de la façon dont les forces de sécurité ont manqué à leur devoir de protéger les innocents lors des manifestations au Manipur». (cath.ch/acn/thewire.in/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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