Lors de la session plénière du conseil de l’Église orthodoxe russe, réuni à la Trinité Saint-Serge le 19 juillet 2023, le patriarche de Moscou a lancé des accusations contre l’Église gréco-catholique ukrainienne (UGCC), à qui il reproche son ultra-nationalisme et sa complicité avec les autorités ukrainiennes pour persécuter les orthodoxes ukrainiens historiquement affiliés à Moscou, rapporte le site Risu.
S’adressant à l’assemblée, le patriarche Cyrille a constaté que « l’idée même d’union, de soumission de l’Église à Rome tout en conservant les attributs du rite oriental a, en plusieurs siècles, depuis la fin du XVIe siècle, causé des souffrances innombrables aux chrétiens orthodoxes de la République des deux nations (Pologne-Lituanie NDLR), dont une partie des terres étaient alors peuplées d’orthodoxes. » « Il suffit de rappeler la polonisation forcée, la catholicisation forcée de la population russe orthodoxe dans les régions de la Rus’ occidentale. »
« Nous nous souvenons du démantèlement des diocèses orthodoxes à l’ouest de l’Ukraine au début des années 1990. Enfin, on sait que ce sont précisément les gréco-catholiques qui ont pris une part active au coup d’État de 2013-2014 à Kiev (Révolution de Maïdan NDLR)», a souligné le patriarche.
Aujourd’hui, selon Cyrille, »les uniates (gréco-catholiques NDLR) se sont totalement identifiés aux autorités ukrainiennes qui font la promotion d’un agenda ouvertement nationaliste. Ils agissent comme leurs hommes de main, contribuant à la mise en œuvre d’une politique discriminatoire à l’égard de l’Église orthodoxe canonique.»
La patriarche a évoqué une nouvelle fois sa perception des causes de l’actuel conflit armé en Ukraine. Pour lui, il « est le reflet du grand conflit mondial des civilisations, entre celle qui s’éloigne des fondements de la vie établis par Dieu et celle qui s’efforce de les préserver, malgré les efforts déployés depuis de nombreuses années par les idéologues de l’apostasie ». Cyrille a noté avec regret que « ces derniers ont réussi à entraîner dans cette confrontation les dirigeants de l’État ukrainien et son peuple, qu’ils ont trompés ». « C’est ainsi qu’ont été provoquées des querelles intestines entre les peuples de Russie et d’Ukraine qui partagent le même sang et la même foi.
Pour le patriarche, «lorsque la conflagration de la guerre a été allumée, un grand nombre de mercenaires étrangers ont pris part à des actions militaires du côté de l’Ukraine, souvent soutenus par les pays dont ils sont originaires et qui ont un intérêt clair et sans ambiguïté à ce que la Russie et l’Ukraine se séparent.»
En d’autres termes, la querelle intestine s’est transformée en un conflit armé international et, en fait, mondial. Le patriarche russe a noté avec tristesse que « ce conflit a déjà fait de très nombreuses victimes ». « Des villes, des églises et des monastères ont été détruits, souvent jusqu’à leurs fondations. Des territoires entiers sont devenus inhabitables. C’est avec une grande douleur que je regarde ce qui se passe, et plus encore les souffrances et les afflictions des civils. D’autant plus que des deux côtés de la ligne de front se trouvent les enfants de l’unique Église orthodoxe russe », a conclu le patriarche. (cath.ch/risu/com/mp)
Maurice Page
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