Les intégristes musulmans en « guerre » contre le président Diouf
Dakar, 27 juillet 1997 (APIC) Un collectif d’une quinzaine d’associations et mouvements islamistes sénégalais a vertement critiqué la récente prise de position du président Abdou Diouf, favorable à l’application d’une politique de la monogamie.
Un projet de réforme du code de la famille sénégalaise en faveur de la monogamie suscite depuis un an un débat dans ce pays à 84% musulman, qui compte l’un des niveaux les plus élevés au monde de polygamie.
Dans une lettre ouverte publiée par la presse jeudi à Dakar, les islamistes s’élèvent contre la volonté du chef de l’Etat de « chercher à nous imposer la monogamie de façon plus ou moins déguisée ». Dans une déclaration faite en avril dernier, A. Diouf relevait: « Il faut faire comprendre (ndlr: aux Sénégalais) que la famille équilibrée est la famille monogame ». « Il faut arriver prudemment à la monogamie », avait-il encore ajouté.
Ces propos, ont estimé les intégristes musulmans sénégalais, font partie d’une « croisade récurrente contre notre religion et ses institutions les plus sacrées ». Aussi se sont-ils déclaré « surpris » par le fait que cette croisade soit « opérée sous la houlette du président de la république ».
Dans sa conclusion, le collectif propose, pour « une véritable promotion de la femme », la scolarisation à 100% des filles et garçons du pays, « dans le respect des valeurs morales, spirituelles et vestimentaires de leur religion, l’élaboration d’un code de famille islamique, la répression du harcèlement sexuel… »
Pays majoritairement musulman, le Sénégal compte une multitude de mouvements fondamentalistes, créés pour la plupart par d’anciens étudiants dans les universités arabes du golfe qui ne se signalent pas pour leur esprit de tolérance et d’ouverture vers l’autre (de religion différente en particulier), ou encore par des organisations non gouvernementales islamiques agissant sous le couvert de l’assistance sociale aux démunis. Ils ne constituent pas un danger réel pour le gouvernement, en raison du poids dominant des confréries religieuses dans la vie musulmane du pays.
En 1995, le gouvernement a retiré son accréditation à une organisation non gouvernementale arabe et expulsé son directeur vers le Maroc. Il était accusé de mener des activités incompatibles avec son statut.
Les catholiques représentent quelque 5% des 8,53 millions d’habitants. (apic/ic/pr)
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