Pologne: Jean Paul II médite sur le message de Fatima

Le pape invite l’humanité « menacée » à se convertir

Zakopane, 8 juin 1997 (APIC) Zakopane, le pape a encouragé samedi les fidèles « à la prière, à la conversion et à la réparation des péchés », les suppliant de « ne pas s’obstiner dans le péché et l’esclavage de Satan », tandis que le monde traverse actuellement « une période critique de son histoire » et que l’humanité est « menacée ». Le pape a consacré samedi à Zakopane, dans une petite ville de montagne qu’il a souvent fréquentée à l’époque où il était archevêque de Cracovie, une église dédiée à la Vierge de Fatima, pour la remercier de l’avoir sauvé lors de l’attentat du 13 mai 1981.

Le jaune et le blanc, couleurs pontificales, étaient présentes partout à Zakopane, y compris sur les plates-bandes municipales. Centre de villégiature des monts Tatras, située à 1500 mètres d’altitude, Zakopane fut le refuge humain et spirituel de l’ancien archevêque de Cracovie, qui y reprenait son souffle au plus fort de l’oppression communiste. Jean-Paul II y aura passé trois des onze journées de sa visite en Pologne, qui s’achèvera mardi.

Les montagnards sont là

La complicité qui unit les 30’000 habitants de Zakopane et le pape s’est particulièrement exprimée lors de l’attentat de la place St-Pierre le 13 mai 1981. Une véritable chaîne de prière s’était organisée pour implorer la Vierge de Fatima pour sa guérison. L’issue heureuse décida les habitants de cette ville à construire en action de grâce une église spécialement dédiée à la Vierge de Fatima.

Devant l’édifice en forme de chalet à toit très pointu veille une statue de Jean-Paul II en bronze, les bras grands ouverts. L’intérieur est essentiellement en bois de sapin vernis, couleur miel. La moindre surface est finement sculptée. Sur un balcon dominant le choeur, la statue de la Vierge de Fatima est surmontée d’un baldaquin en bois à six colonnes couronnées. Les montagnards sont là, en costumes en laine blanche brodés de roses rouges à feuilles vertes, jouant au violon des mélodies d’Europe centrale. Fiers, ils chantent à tue-tête, debout, en haie d’honneur de chaque côté de l’allée centrale.

Le pape est arrivé les traits tirés et le visage grave, malgré le repos pris en deux après-midi de promenades dans des lieux chers à son coeur. L’émotion se lit dans son regard. Elle est décidément partout à Zakopane. Vendredi, il y a retrouvé Mgr Suder, un de ses deux compagnons du séminaire clandestin, puis treize de ses anciens compagnons de classe et du cercle théâtral, qui lui ont apporté souvenirs et albums de photos. Parmi eux, « l’amie » de Karol Wojtyla, la fille du proviseur d’alors, Halinka, pour laquelle, jeune homme, il avait éprouvé une profonde et sincère amitié, comme il l’explique dans son livre auto-biographique « Ma vocation ».

En souvenir de l’attentat du 13 mai 1981

Se félicitant que l’église qu’il consacre ait été construite en bois – « elles sont maintenant rares ! », regrette-t-il, Jean-Paul II entre dans le vif du sujet: « L’événement qui s’est déroulé le 13 mai 1981 place Saint-Pierre est lié à cette église. J’ai alors expérimenté le péril mortel de la vie et de la souffrance et, en même temps, la grande miséricorde de Dieu. Ma vie fut préservée par l’intercession de la Madone de Fatima. Mon séjour à l’hôpital fut l’objet d’une grande manifestation de bienveillance humaine dans toutes les parties du monde. Cette bienveillance s’exprima surtout par la prière. Je revis alors les premiers chrétiens élever leur prière alors que la vie de Pierre était exposée à de graves périls ».

La prière fut particulièrement intense à Zakopane, où naquit l’idée de construire une église. « Il m’est difficile d’en parler sans être ému, vous m’avez toujours aidé », confie le pape, avant de remercier la Vierge comme il l’avait fait à Fatima il y a quinze ans. Et de méditer son « message » : une « exhortation à la conversion, à la prière, spécialement par le rosaire, à la réparation pour ses propres péchés et pour ceux de tous les hommes ». Un message « particulièrement destiné aux hommes de notre siècle marqué par la guerre, la haine, la violation des droits fondamentaux de l’homme, par l’énorme souffrance des hommes et des nations et, finalement, par la lutte contre Dieu, poussée jusqu’à la négation de son existence ».

En conclusion, le pape a demandé aux fidèles de Zakopane « d’embrasser par la prière les problèmes importants de l’Eglise, du pape, du monde, de la Patrie, des âmes du purgatoire et de ceux qui ont abandonné l’Amour de Dieu », que « Marie, « refuge des pécheurs », défend contre l’obstination dans le péché et contre l’esclavage de Satan ». Car l’Eglise, à aucun moment, et « spécialement à une époque aussi critique que la nôtre », ne peut oublier la prière « qui est un cri à la miséricorde de Dieu devant les multiples formes du mal qui s’abattent sur l’humanité et qui la menacent ».

Le droit des parents d’éduquer leurs enfants

A l’issue de la cérémonie, s’écartant du programme, le pape s’est agenouillé au pied de la statue, à même le marbre, sans appui, face au Saint-Sacrement, pour prier en silence durant une dizaine de minutes – et non pour s’assoupir, comme l’a suggéré la télévision italienne ! Et c’est bien éveillé qu’il s’est aussitôt rendu dans l’Eglise de la Sainte Famille de Zakopane où l’attendaient 300 enfants qui ont fait récemment leur première communion, tous en habits traditionnels, costumes noirs avec chemises blanches pour les garçons, robes blanches pour les filles.

Une meute enthousiaste que les soeurs affolées ont eu bien du mal à ramener au calme. « Jésus est en vous, son amour vous remplit, il vous rend de plus en plus semblables à lui, toujours plus saints. […] Ne faites jamais ce qui est mal ! », leur a dit le pape.

Jean-Paul II entendait surtout s’adresser aux parents massés à l’extérieur de l’église. Il leur a rappelé qu’ils ont leur droit et leur devoir d’éduquer leur enfants selon leurs convictions. « Ne cédez jamais ce droit aux institutions. Elles peuvent transmettre aux enfants et aux jeunes la science indispensable. Elles ne sont toutefois pas en mesure de leur donner le témoignage de la sollicitude et de l’amour des parents. Ne tombez pas dans l’illusion de la tentation d’assurer à votre progéniture les meilleures conditions matérielles au prix de votre temps et de votre attention, dont ils ont besoin pour grandir.

Le sceptres de la Vierge de Ludzmierz

Dans l’après-midi, le pape a quitté Zakopane pour le sanctuaire marial de Ludzmierz, en direction de Cracovie, qui abrite une statue miraculeuse de la vierge datant de 1420. Depuis dix ans, ce sanctuaire anime une prière permanente à l’attention de Jean-Paul II. Une histoire étonnante circule ici: le 15 août 1963, lors du couronnement de la statue, celle-ci est portée en procession. A un moment donné, le sceptre fixé à sa main tombe et est rattrapée au vol par le jeune évêque Wojtyla. Un film amateur retrace cette scène, mais le plus étonnant fut la réflexion immédiate du cardinal Stefan Wyszynski:

« Karol, la Vierge vient de te confier le pouvoir sur l’Eglise universelle. » En ce lieu, comme chaque premier samedi du mois, le pape a récité le chapelet devant 150’000 personnes. Il s’y est adressé à l’Association des Familles nombreuses.

Sur le site de Solvay

Jean-Paul II a conclu la journée de samedi à Cracovie, son ancien siège épiscopal. Il s’est d’abord rendu sur le site de l’ancienne usine Solvay, où il travailla comme ouvrier pendant trois ans lors de la dernière guerre mondiale. De l’usine, il ne reste rien, sinon une plaque qui en fait mémoire. Une grande surface « Carrefour » est en construction. Le pape a enfin visité le Sanctuaire de la Divine Miséricorde, où repose la bienheureuse soeur Faustine Kowlaska, très vénérée en Pologne et qu’il a béatifiée en 1993. Son message sur la miséricorde divine a inspiré le pape dans la rédaction de son encyclique « Dives in misericordia » (riche en miséricorde). Un message, a dit le pape devant les soeurs présentes, qui est bien « à l’image de ce pontificat », car il lui a toujours été cher. (apic/cip/imed/pr)

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