«Morte Mussolini» : un graffiti anti-fasciste au Vatican

Les palais du Vatican cachent parfois des messages inattendus. C’est le cas d’un petite inscription «mortemussolini» découverte sur une fresque renaissance de la troisième loggia du Palais apostolique.

Astucieusement camouflée dans le feuillage des décorations, sur un montant de fenêtre, une petite inscription «mortemussolini» détonne dans le décor renaissance de la loggia Bibbiena, rapporte Vatican news en italien.

Quel peut bien être le rapport entre la référence au dictateur fasciste et les entrelacs d’une fresque raffinée de la Renaissance? Il n’est pas facile de répondre à cette question. Il pourrait s’agir d’une indication de la date d’achèvement d’une restauration, coïncidant dans ce cas avec la mort du Duce en 1945. Ou, plus probablement, de l’invective qu’un décorateur antifasciste inconnu a voulu immortaliser au sein du Palais apostolique.  

Bien que l’attribution de l’invective reste pour l’instant impossible, les historiens du Vatican ont établis une hypothèse intéressante. Dans les archives du mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, il existe un document de l’entreprise de décoration Valci daté du 30 janvier 1944, qui porte au bas une attestation du directeur général des services techniques de la Cité du Vatican. Ce document indique que l’entreprise a engagé comme décorateur M. Mario Bianchi, né à Bari en 1907. L’attestation figurant au bas du document indique que la société Valci effectue depuis des années des travaux «de peinture et de décoration dans la Cité du Vatican et dans les bâtiments appartenant aux propriétés du Saint-Siège à Rome». Le document est accompagné de la photo d’identité du nouvel employé.

Un faux nom pour un juif

En fait, Mario Bianchi est le faux nom d’Ulisse Finzi, juif milanais et antifasciste notoire, devenu par la suite le mari de Matilde Bassani, grande protagoniste de la Résistance. Finzi, jusqu’aux lois racistes de 1938, possédait avec son père une boutique de fourrure au Corso Venezia, dans la capitale lombarde, ainsi qu’une succursale à Rome. Le document, délivré après l’armistice et l’occupation de Rome par les Allemands, en septembre 1943, devait évidemment lui servir de laissez-passer.

Or c’est précisément entre 1943 et 1946 que la loggia a fait l’objet de travaux de restauration visant à rétablir la fresque ancienne découverte au début du XXe siècle sous un enduit de chaux. Il est donc possible que les invectives antifascistes cachées dans la fresque soient liées à la présence de travailleurs de l’entreprise Valci dont Finzi était un employé, bien qu’il n’ait certainement pas été décorateur.

Si cette inscription ne peut être attribuée avec certitude, elle atteste au moins que la résistance au fascisme s’exprimait jusque sur les murs du Vatican.  (cath.ch/newsva/mp)

Maurice Page

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