Migrants et Ukraine: Les propos du pape au retour de Marseille

Lors d’une courte conférence organisée dans l’avion qui le ramenait de Marseille le 23 septembre 2023 le pape François a évoqué trois thématiques abordées pendant son séjour en France: la question migratoire, la guerre en Ukraine et la question de la fin de vie. I.MEDIA revient sur ses principales déclarations.

Fin de vie: «Avec la vie on ne joue pas»

Le pape François a déclaré ne pas avoir parlé du projet de loi sur la fin de vie lors de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron, mais l’avoir en revanche abordé lors de sa précédente rencontre au Vatican en octobre 2022. «Je lui ai parlé clairement, je lui ai donné mon point de vue», a insisté le pape. «Avec la vie on ne joue pas, ni au début ni à la fin», affirme-t-il lui avoir déclaré. 

Le pape a mis en garde contre les «colonisations idéologiques qui ruinent la vie humaine». Il a une nouvelle fois fait référence à la dystopie futuriste de George Benson, Le Seigneur du Monde, roman anglais qui fait «voir comment les choses seront à la fin» après la mise en place de l’euthanasie. 

«Aujourd’hui, on ‘cancel‘ la vie des grands-parents», a déploré le pontife parce qu’on considère qu’ils «sont vieux, qu’ils ne servent pas». Il en a appelé non pas à la «foi» mais à la «bête compassion» humaine. Il a finalement plaidé pour l’emploi des soins palliatifs. 

Ukraine: des progrès pour la libération des enfants ukrainiens

Le pape François a reconnu pouvoir ressentir des frustrations dans l’action diplomatique du Saint-Siège face au conflit russo-ukrainien, mais a une nouvelle fois soutenu le travail de la secrétairerie d’État. «Il y a quelque chose avec les enfants qui avance bien», a-t-il annoncé, sans rentrer dans les détails, à propos des enfants ukrainiens qui se trouvent actuellement en Russie et que le Saint-Siège tente de rapatrier dans leurs familles. 

«Nous ne devons pas jouer avec le martyr de ce peuple [ukrainien, NDLR]», a encore affirmé le pontife. Il a dénoncé les intérêts des marchands d’armes dans ce conflit et a déploré que «l’investissement qui rapporte le plus» aujourd’hui soit dans la vente d’armes. Il a encore demandé de ne pas sacrifier le peuple ukrainien. 

«Dans les guerres, le réel est le possible: nous ne devons pas croire l’illusion que demain les deux leaders en guerre iront manger ensemble, mais nous demander où nous pouvons arriver en faisant humblement le plus possible», a-t-il déclaré.  

Migrants: une lente prise de conscience en dix ans

À la presse française qui lui demandait s’il considérait avoir failli sur la question des migrants, dix ans après son premier voyage à Lampedusa, le pape a répondu par la négative, affirmant avoir vu «lentement» émerger une «prise de conscience du problème migratoire». «Pas parce que j’ai parlé», a-t-il insisté, mais «parce que c’est devenu une patate chaude que personne ne sait comment prendre», et que «les gens se sont rendu compte de ce qui se passait». Il a aussi confié avoir ressenti, en 2013, le besoin de se rendre à Lampedusa dans sa prière après en avoir entendu parler dans les journaux. 

Le pape est revenu en détail sur les «cruels marchands de personnes», les migrants renvoyés dans les «lagers» de Libye où ils deviennent esclaves, et a raconté de nombreux témoignages «terribles» qui lui sont parvenus. «Il règne la terreur là-bas», a-t-il insisté, demandant à ce qu’on ne renvoie pas les migrants «comme dans un match de ping-pong». 

«Si tu ne peux pas intégrer [des migrants, NDLR] dans ton pays, alors accompagne-les», a déclaré le pape. Il a ensuite à nouveau rendu hommage aux personnes qui vont sauver les migrants en mer, affirmant avoir nommé un membre de l’ONG Mediterranea Saving Humans comme membre du synode sur l’avenir de l’Église qui se déroulera en octobre. 

Il a enfin donné Marseille comme exemple pour l’Europe. «Marseille accueille […] et fait une synthèse mais sans nier l’identité des peuples», a-t-il insisté. Il a encouragé une nouvelle fois les villages qui se dépeuplent ou sont peuplés uniquement de personnes âgées à accueillir des migrants. «Nous avons besoin de main-d’œuvre, l’Europe en a besoin, et l’immigration, bien conduite, est une richesse», a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cd/bh)

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