Grande-Bretagne: Crise des vocations dans les couvents
britanniques lancent une campagne
Londres, 23 mai 1997 (APIC) – Grande-Bretagne: Crise des vocations dans les couvents des Ordres contemplatifs de Grande-Bretagne ont lancé une campagne pour freiner la baisse des vocations et empêcher la « vie cachée » de devenir la « vie perdue ».
Depuis le lancement de cette campagne œcuménique, par l’Association des Ordres contemplatifs de Grande-Bretagne, plus de 5’000 affiches ont été distribuées dans les universités, les collèges et les Eglises. L’Association regroupe les couvents anglicans et catholiques-romains.
Les femmes qui veulent s’informer sur la vie contemplative reçoivent une brochure qui comprend une liste de 60 couvents catholiques romains et huit couvents anglicans en Grande-Bretagne.
Selon les organisatrices de la campagne, le premier problème est l’ignorance presque gé- nérale en Grande-Bretagne concernant les religieuses. Il est courant de s’entendre dire: « Je ne savais pas que des gens comme vous existaient encore – je pensais que vous aviez été « éliminées » au moment de la Réforme », commentent-elles aujourd’hui à l’Agence œcuménique ENI.
En 1994, il y avait 1’174 religieuses appartenant à des Ordres contemplatifs (catholiques- romaines et anglicanes) en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse, sur une population totale de plus de 55 millions d’habitants. La même année on estimait à 10’000 le nombre de religieuses engagées dans la vie active. Les Ordres contemplatifs avaient 20 postulantes en 1995, mais seulement 13 en 1996.
Pourtant soeur Mary Bernadette, supérieure d’un Couvent d’un ordre catholique à Liverpool, qui dirige cette campagne, reste optimiste. « La communauté religieuse est un don du Saint-Esprit à l’Eglise et Il ne nous l’enlèvera pas ».
Pas facile de vendre l’idée de la chasteté et de la virginité
Soeur Bernadette et son homologue anglicane dans la campagne, soeur Margaret Mary, responsable de la « Society of the Precious Blood » à Burnham, dans le Buckinghamshire, reconnaissent que dans un monde où le sexe domine, il est plus difficile qu’auparavant de vendre l’idée de la chasteté et de la virginité.
« Les gens sont aujourd’hui moins ouverts à l’idée de renoncer à tout », explique soeur Margaret. Quant à soeur Bernadette, elle rappelle que certaines postulantes disent « très ouvertement qu’elles ont eu des expériences sexuelles ».
« A la longue, la tendance sera inversée. Les gens seront fatigués de cette domination du sexe. Par ailleurs, recruter des femmes plus âgées pourrait nous permettre de faire face à cette situation », suggère-t-elle en précisant qu’elle se sentait encouragée par dix demandes, pour la plupart de femmes plus âgées, reçues dans son couvent depuis le lancement de la campagne.
Soeur Margaret et soeur Bernadette relèvent encore qu’il n’est pas plus difficile, dans un monde plongé dans une activité frénétique, de vendre la vie contemplative que la vie active. « C’est un paradoxe », observe soeur Margaret. « Les Ordres contemplatifs enregistrent plus de vocations que les Ordres qui ont une vie active. L’Eglise a besoin de gens pour prier ».
Des chaises et des tables
Selon soeur Bernardette, ce que l’on demande le plus à une religieuse c’est d’avoir la foi et la faculté de vivre avec d’autres: « Vous ne constatez pas beaucoup de résultats. Les gens vous demandent de prier pour eux ou leurs proches, mais ils vous appellent rarement pour vous dire le résultat ».
Les postulantes potentielles sont invitées à passer un week-end au couvent. « Elles sont souvent surprises de voir combien c’est normal », déclare soeur Bernadette. « L’une d’entre elles était même surprise de voir que nous avions des tables et des chaises. Et les dortoirs ont disparu depuis longtemps. Les religieuses ont des chambres individuelles aujourd’hui ».
Soeur Judith, âgée de 34 ans, novice dans un couvent de bénédictines à Turvey, dans le Bedfordshire, admet que sa vie passée dans le monde extérieur, même si elle avait « la foi, un bon travail, beaucoup d’amis », ne la satisfaisait pas. Lorsqu’elle a décidé de postuler, certains amis et proches lui ont demandé s il existait encore des « gens qui faisaient cela ».
« S’adapter après à une vie indépendante est un effort énorme, explique-t-elle. J’ai dé- couvert que nous étions beaucoup plus attachés à nos emplois que nous ne le pensions, même si nous croyons que nous sommes altruistes. Les emplois qui sont considérés comme très secondaires dans le monde extérieur, comme les travaux de ménage, sont importants ici. Et prier, ’notre travail principal’, est une expérience totalement différente de la prière comme moyen de détente ». (apic/eni/pr)
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