Depuis 2021, le tribunal du Vatican se penche sur les responsabilités de dix personnes, dont plusieurs ex-membres de la Curie romaine, dans les irrégularités observées autour de l’acquisition et la gestion d’un immeuble situé à Londres. Selon le promoteur de justice, l’investissement aurait entraîné entre 139 et 189 millions d’euros de pertes pour le Saint-Siège.
Nicola Squillace, avocat Italien, est notamment mis en cause pour le rôle qu’il a joué dans une opération financière survenue en novembre 2018. Celle-ci a permis le transfert de la gestion de l’immeuble du 60, Sloane Avenue à Londres de Raffaele Mincione à Gianluigi Torzi, deux banquiers tous les deux assis désormais sur le banc des accusés.
Cette opération avait fait perdre le contrôle de son bien à la secrétairerie d›État, et avait conduit, selon le promoteur de justice, à une extorsion de la part de Gianluigi Torzi. Le promoteur reproche à Nicola Squillace d’avoir trompé le Saint-Siège en lui faisant croire qu’il lui fournissait une assistance juridique au moment de la signature des contrats, alors qu’il était un collaborateur de Torzi.
Le promoteur a donc requis à l’encontre de l’avocat six ans de réclusion, une suspension de l’exercice professionnel et 12’500 euros d’amende. Pour Lorenzo Bertacco, avocat de Nicola Squillace, son client n’avait jamais reçu de mandat officiel pour représenter judiciairement la secrétairerie d’État, comme le montre le fait qu’il n’a jamais été rémunéré par le Saint-Siège. «Comment pouvez-vous être trompé par un avocat que vous ne considérez pas comme tel?», a-t-il demandé. Il a assuré que la secrétairerie d’État n’avait subi aucun préjudice économique à cause de son client.
Nicola Squillace aurait affirmé dès le début qu’il travaillait pour les intérêts du fonds Gutt, géré par Gianluigi Torzi et constitué pour administrer l’immeuble de la secrétairerie d’État. «Le fait que Squillace ait eu Torzi comme client n’est pas une faute ou un crime», a insisté l’avocat de la défense.
L’avocat de la défense a également estimé que les contrats signés à Londres en novembre 2018 n’étaient pas «trompeurs», ni un «instrument de fraude»: la cession des 1000 actions avec droit de vote qui ont donné le contrôle de l’immeuble à Gianluigi Torzi étaient selon lui clairement stipulée dans une clause et connue des représentants de la secrétairerie d’État.
En ce qui concerne l’accusation de blanchiment de 619’000 euros, versés par Gianluigi Torzi à Nicola Squillace, Lorenzo Bertacco affirme que cette somme correspond au paiement de l’ensemble des «services professionnels réalisés au cours des périodes précédant et suivant» la signature des contrats. Son client, affirme-t-il, ne savait pas que cet argent venait de l’extorsion dont est accusé Torzi.
Les audiences reprendront le 8 novembre 2023 avec la plaidoirie de la défense de Gianluigi Torzi et les deux jours suivants avec celle des avocats d’Enrico Crasso. (cath.ch/imedia/ic/cd/rz)
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