Andreï Kuraiev avait annoncé son départ à la mi-octobre en expliquant qu’il devenait de plus en plus difficile d’écrire et de parler en Russie: « Mon monde moscovite est détruit », a expliqué le théologien qui a fait référence à la mise au pas du pays « sous la direction du régent inamovible » Vladimir Poutine. Il a également critiqué le patriarche orthodoxe russe Cyrille Ier. Le chef de l’Eglise a abandonné son « service de juge moral » pour « devenir l’enfant de chœur de Poutine », rapporte l’agence catholique allemande KNA.
En avril dernier, Cyrille Ier avait renvoyé de l’état clérical cet ecclésiastique au rang honorifique de protodiacre pour « activité subversive ». En 2014, Andreï Kouraïev s’était déjà publiquement opposé à l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie. En 2022, il a été condamné à une amende par un tribunal de district pour avoir discrédité l’armée russe.
Pendant de nombreuses années, ce professeur de théologie influent a été l’un des ecclésiastiques les plus souvent cités par les médias russes. Il a promu avec succès la foi orthodoxe par le biais de livres et de conférences. A la demande de la direction de l’Eglise, il a également écrit il y a une dizaine d’années un manuel pour l’enseignement religieux, qui a été introduit à l’époque dans les écoles russes de tout le pays.
Lorsqu’en 2013, il a dénoncé les abus sexuels dans un séminaire et la mauvaise conduite d’évêques, il a perdu son poste de professeur à l’Académie spirituelle de Moscou sur ordre du patriarche Cyrille Ier. Il a également été exclu de la commission théologique de l’Eglise.
Sa nouvelle patrie d’adoption, la République tchèque, ne lui est pas étrangère. Enfant, il a vécu plusieurs années à Prague avec ses parents. (cath.ch/kna/mp)
Maurice Page
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