Le pape reçoit un migrant qui a perdu sa femme et sa fille en Libye

Dans l’après-midi de ce 17 novembre 2023, le pape François a reçu Mbengue Nyimbilo Crepin, un Camerounais de 30 ans qui a émigré en Italie et a ému la Péninsule par son douloureux récit de migration, durant laquelle il a perdu sa femme et sa fille de 6 ans dans le désert libyen. Depuis que le pape s’est rendu sur l’île de Lampedusa pour son premier voyage officiel, il y a 10 ans, plus de 28’000 migrants ou réfugiés sont morts ou portés disparus en Méditerranée.

Mbengue Nyimbilo Crepin est connu sous le nom de «Pato» en Italie. Âgé de 27 ans en 2019, il a entrepris avec sa famille un long voyage pour fuir les violences dans son pays, après avoir perdu sa propre sœur assassinée. Retenu en captivité dans des camps en Libye, séparé de sa femme et de sa fille, il apprendra finalement leur mort dans le désert. 

Le pontife l’a reçu à sa résidence Sainte-Marthe, avec le Père Mattia Ferrari, un aumônier qui a participé à de nombreuses missions de sauvetage de l’organisation Mediterranea Saving Humans, ainsi que des représentants d’ONG impliquées dans le secours des migrants, et le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral. 

Durant cette rencontre, le pape a exprimé au jeune Pato sa solidarité, assurant avoir «tant prié» pour son épouse Matyla et sa fille Marie. Puis, se tournant vers les associations, il a souligné le privilège d’être né en Europe, où l’on peut étudier et travailler, affirmant que «le privilège est une dette» et que leurs actions n’étaient pas «un surplus mais un devoir».

Se tournant vers les associations, le pape a souligné le privilège d’être né en Europe | © Vatican Media

Après avoir écouté ses hôtes, parmi lesquels un Sud-soudanais, David, engagé auprès des migrants des camps de détention d’Afrique du nord, le pape a prié pour les présents et pour «tous ceux qui souffrent» sur les routes des migrations. 

Lors de l’Angélus du 23 juillet dernier, le pape François avait exprimé sa préoccupation pour les migrants bloqués dans le désert du Sahara, appelant les gouvernants européens et africains à leur apporter une aide «urgente». «Des milliers d’entre eux, dans des souffrances indicibles, sont piégés et abandonnés depuis des semaines dans des zones désertiques», avait-il dénoncé alors que divers pays, comme l’Algérie ou la Tunisie, avaient expulsé des migrants venus d’Afrique subsaharienne.

28’000 migrants morts en Méditerannée

Le pape François, très attentif à la question des migrants et des réfugiés, avait marqué les esprits en effectuant son premier voyage officiel sur l’île de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, le 8 juillet 2013. Il y avait évoqué «la mondialisation de l’indifférence» et avait jeté une couronne de fleurs à l’eau en souvenir des victimes du premier grand naufrage qui avait causé la mort de 368 migrants au large de l’île.

Depuis le drame de Lampedusa, plus de 28’000 migrants ou réfugiés sont morts ou portés disparus en Méditerranée, dont plus de 22’300 personnes en Méditerranée centrale, a indiqué en octobre l’Agence de l’ONU pour les migrations.

L’année 2023 a enregistré le premier trimestre le plus meurtrier depuis 2017. Au 2 octobre, 2’517 personnes étaient mortes ou disparues en Méditerranée centrale. A la mi-septembre, l’île de Lampedusa a vu 6’000 migrants arriver en quelques heures, obligeant les autorités à décréter l’état d’urgence.

Lampedusa fait de nouveau face à un afflux de migrants: entre les 14 et 15 novembres, plus de 1’600 personnes ont débarqué sur l’île. La majorité de ces clandestins proviennent d’Afrique noire, mais aussi du Bangladesh, d’Egypte, du Pakistan ou de Syrie. (cath.ch/imedia/ak/onu/bh)

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