En juillet dernier, le président Jamal Rashid avait annulé par un décret la reconnaissance institutionnelle du patriarche Sako, que l’État irakien considérait officiellement comme le chef de l’Église chaldéenne en Irak et dans le monde, et donc «responsable des biens de l’Église».
En jeu notamment, le contrôle des propriétés de l’Église en Irak, contestées dans la plaine de Ninive par une milice chrétienne dirigée par le leader Ryan al-Kildani, une personnalité influente ouvertement opposée au patriarche et proche de l’Iran. En septembre dernier, al-Kildani, qui bénéficie d’une forte assise politique puisque son parti occupe quatre des cinq sièges réservés aux chrétiens dans le parlement irakien, était parvenu à se faire prendre en photo avec le pape lors d’une audience générale, affirmant qu’il avait été reçu en privé par le pontife – une manipulation contestée par le Saint-Siège.
Si le président Jamal Rashid avait à l’époque affirmé que son décret n’était «pas une attaque contre l’Église chaldéenne ni contre les communautés chrétiennes très appréciées d’Irak», le cardinal Sako avait vivement critiqué la décision, quittant Bagdad pour se réfugier au Kurdistan irakien. Il avait reçu le soutien du plus haut représentant chiite irakien, le grand ayatollah Ali Al-Sistani, que le pape a rencontré en 2021.
Le 17 novembre, la Cour suprême fédérale d’Irak a rejeté le procès intenté par le cardinal qui souhaitait faire annuler le décret émis par le président irakien.
Aucune mention du cardinal Sako n’a été faite dans le communiqué du Saint-Siège, publié peu après les 25 minutes d’audience privée accordée par le pontife au président irakien. Ce dernier a ensuite rencontré le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États.
Les représentants de la diplomatie vaticane, lors de l’entrevue, ont demandé expressément que l’Église catholique en Irak puisse «continuer à remplir sa précieuse mission». Ils ont insisté sur l’importance d’«assurer que tous les chrétiens irakiens puissent être une partie vibrante et active de la société et du territoire», citant en particulier le cas de «la plaine de Ninive», zone où les tensions entre la milice d’al-Kildani et les soutiens du cardinal Sako sont les plus vives.
A aussi été abordée la question du conflit en Israël et en Palestine, les deux parties défendant un «engagement urgent en faveur de la paix et de la stabilité».
À l’occasion de sa visite, le président irakien a offert au pape une représentation en or massif de la grande ziggourat d’Ur, où le pape s’était rendu lors de son voyage historique en Irak, du 5 au 8 mars 2021. Dans l’antique cité d’Abraham, François avait participé à une cérémonie interreligieuse pendant laquelle il avait lancé un appel à la fraternité entre les religions et avait condamné le terrorisme.
Le président a aussi offert au pontife un habit papal à sa taille, composé d’une soutane, d’une ceinture et d’une chemise blanche faites sur mesure. Le pape a pour sa part offert des documents de son pontificat ainsi qu’un bronze représentant une fleur jaillissant d’un mur avec l’inscription: «La paix est une fleur fragile». (cath.ch/imedia/cd/bh)
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