Argentine: inquiétude de l’Eglise «sociale» après l’élection de Milei

Le politicien ultra-libéral Javier Milei, qui a proféré de violentes attaques contre le pape François, a été élu le 19 novembre 2023 président de l’Argentine. Une partie de l’Eglise du pays s’inquiète du programme de démantèlement de l’Etat social prévu par l’économiste.

Javier Milei, élu avec 56% des voix, a clairement indiqué qu’il y aurait des coupes dans les principaux domaines sociaux tels que la santé, l’éducation et le développement social. Pendant des années, l’économiste a fustigé la doctrine sociale de l’Église et a attaqué le pape argentin en raison de sa défense de tels principes. Il a été jusqu’à qualifier Jorge Bergoglio «d’imbécile» et de «communiste».

Les diatribes de Milei contre le pontife et les idées sociales de l’Église ont conduit de nombreux groupes de laïcs et des membres du clergé à se mobiliser publiquement contre lui, note le site américain Crux. L’équipe de prêtres des bidonvilles de Buenos Aires (curas villeros, en espagnol) a notamment organisé en septembre dernier une messe en réparation du pape François à la suite des insultes de Milei.

Peur dans les bidonvilles

Le pape lui-même a critiqué Javier Milei à mots couverts. Il a notamment mis en garde, dans une interview, contre les politiciens qui promettent de résoudre les crises économiques et charment les gens uniquement pour les «noyer».

La victoire de l’ultra-libéral a ainsi créé une atmosphère d’incertitude et d’inquiétude, chez les prêtres progressistes d’Argentine. «J’ai très peur de ce qui va se passer (…) nous ne voulons pas vivre dans un tel pays – le pays de Milei», déclare à Crux l’un des prêtres des bidonvilles, le Père Francisco Olvera.  Il craint que les politiques de Milei aient un impact terrible sur le travail social de l’Église, affectant ses opérations quotidiennes dans plusieurs domaines.

Un admirateur de Donald Trump

Javier Milei a fait campagne en usant de son image de politicien hors-norme et hors système. Ce membre de la Chambre des députés, qui a exprimé son admiration pour l’ancien président américain Donald Trump, semble suivre les méthodes et le destin de son «mentor». Il promeut une politique qualifiée de radicalement libertaire, voire, pour utiliser son propre terme, «d’anarcho-capitaliste».

Ces idées ne suivent toutefois pas forcément les lignes de la politique ultra-conservatrice «classique». Il milite certes pour l’assouplissement des lois sur le contrôle des armes à feu, affirme que le changement climatique est un mensonge, que l’éducation sexuelle dans les écoles vise à détruire la famille, et entend durcir l’accès à l’avortement. Mais au-delà, il soutient des idées libertaires telles que le mariage homosexuel, la légalisation des drogues, le droit de l’individu à choisir son propre sexe, ou encore l’autorisation de vendre ses organes. Alors qu’il s’est opposé à l’avortement, il est apparu ouvert sur la possibilité de faire commerce de ses enfants. (cath.ch/crux/arch/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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