Un évêque coadjuteur devrait être nommé à Fréjus-Toulon

Après une enquête commandée par le Vatican ayant mis en cause la gouvernance de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, un évêque coadjuteur devrait être prochainement nommé, affirme La Croix le 17 novembre 2023. Le journal analyse les causes ayant mené au désaveu par Rome de l’évêque considéré comme atypique.

Mgr Rey a été ordonné évêque à Fréjus-Toulon en 2000. Un épiscopat «mouvementé depuis le début», note La Croix. Le diocèse se prépare à vivre une nouvelle étape avec l’arrivée d’un évêque coadjuteur. Il s’agit d’une sorte d’évêque auxiliaire, mais avec de larges pouvoirs de gouvernance et surtout un droit de succession immédiate au départ de l’évêque. La décision a été prise après une enquête apostolique du Vatican dont les conclusions ont mis en cause la gouvernance «dysfonctionnelle» de l’évêque.

Ordinations «sans discernement»?

Il est principalement reproché à Mgr Rey d’avoir étendu de manière inconsidérée la tradition d’accueil dans l’Eglise du Var. Il a en effet l’habitude d’accorder généreusement le statut ‘d’association publique de fidèles’ à de jeunes communautés sur lesquelles il rechignerait ensuite à exercer un contrôle. Comme évêque, il accueille aussi de nombreux séminaristes ou prêtres en rupture de ban avec leur communauté traditionaliste, ou que d’autres évêques avaient auparavant refusé pour la prêtrise. Mgr Rey, lui, les ordonne, parfois contre l’avis exprès de ses proches.

A l’intérieur de l’Eglise, l’évêque a ses partisans et ses détracteurs. De nombreuses personnes estiment que les méthodes novatrices de Mgr Rey ont sauvé de la déroute l’Église de France. Il fait du nombre de prêtres dans son diocèse (212 en 2023) un motif de fierté et recrute tous azimuts. Il n’hésite pas à traverser le monde pour convaincre séminaristes, prêtres et communautés de s’établir dans l’Église du Var. Le nombre de vocations locales, lui, n’a pourtant pas sensiblement augmenté, souligne La Croix. En 2023,  le diocèse compte plus de 60% de prêtres étrangers.

Bien vu par Jean Paul II et Benoît XVI

Son zèle missionnaire était bien vu à Rome, sous les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI. «Sous Jean Paul II, il était très bien vu en raison de l’explosion des communautés nouvelles, dont il était l’un des grands promoteurs», relève un évêque français. Alors que les alertes venant de son diocèse sont déjà régulières, Rome ne s’inquiète pas outre mesure, estimant que les accidents de parcours sont justifiés par une forme d’inventivité pastorale.

«Vue de Toulon, la figure de l’évêque devient de plus en plus clivante vers le milieu des années 2010, année où le pic des ordinations est atteint à La Castille avec 22 séminaristes faits prêtres», souligne le journal français. Le malaise gagne d’abord le clergé diocésain, qui se sent déconsidéré au détriment des communautés.

Problèmes de gouvernance

L’enquête commandée par Rome révèle que ce sont ses collaborateurs les plus proches qui sont aujourd’hui les plus critiques, tandis qu’une majorité du clergé et des fidèles le soutient encore, saluant son «courage» et son «audace».

Suite aux investigations, le Vatican décide en juin 2022 de la suspension des ordinations dans le diocèse. Le mode de gouvernance de l’évêque varois est pointée du doigt. Il aurait notamment tendance à éviter le conflit ainsi que des difficultés à poser des actes d’autorité. Il ajouterait à cela la propension à ignorer les alertes concernant des personnalités déviantes et à «bâcler» le discernement des candidats à la prêtrise.

Son manque d’attention a notamment été critiqué avec Thierry de Roucy. Le fondateur de Points-Cœur, rattaché au diocèse de Toulon, a été renvoyé de l’état clérical en 2018 pour des abus sexuels.

Sa relation avec la communauté Eucharistein, basée à Epinassey, en Valais, a également soulevé des interrogations. Mgr Rey a reconnu canoniquement la communauté en 2003. En 2021, un rapport sévère issu d’une enquête canonique a forcé la communauté à engager une restructuration en profondeur. Le document relève entre autre que «l’exercice de l’autorité au sein de la fraternité, abusif, (…) a annulé les personnes dans les diverses dimensions de leur être.» (cath.ch/cx/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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