« J’ai senti dans ses yeux qu’il comprenait mon message ». Mercredi matin, quelques minutes après la fin de l’audience générale, le pape a salué comme à son habitude les personnes présentes au premier rang de la salle Paul VI du Vatican. Parmi elles se trouvaient Ange Kalderon et son cousin Ishaï Dan, franco-israélien, pour qui le nonce en France, Celestino Migliore, avait fait en sorte que l’accès à la ›Prima fila’ de l’audience soit garantie.
Dans ses mains, Ishaï Dan, juif né en 1942 en Tunisie, tenait une pancarte sur laquelle on pouvait voir 5 visages et ces mots en français : « Noya 13 ans – Carmela 80 ans, assassinées / Erez 12 ans – Sahar Dan 16 ans, rescapés / Ofer 53 ans, kidnappé ».
« Carmela, c’est la femme de mon frère Uri. Elle a été massacrée le 7 octobre avec sa petite fille Noya », raconte Ishaï, au sortir de l’audience papale. Le jour de l’attaque du Hamas, les islamistes ont aussi enlevé son neveu par alliance, Ofer, avec ses deux enfants, Sahar, 16 ans et Erez, 12 ans. « On a appris leur libération hier », témoigne Ange. « On est partagé entre la joie extrême et puis une tristesse infinie, on est à la fois heureux et défait », confie-t-il, alors qu’Ofer est toujours otage à Gaza.
« Leur mère m’a dit après la libération que le petit Erez rigolait… Mais Sahar ne parle plus… », rapporte Ishaï Dan, venu en France le 17 octobre pour plaider la cause des victimes du Hamas. Entretemps, Ange avait sollicité la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC) pour l’aider à créer une association portant le nom : « 7 Octobre 2023 – Vies brisées en Israël ».
Si l’association propose une entraide aux familles concernées par la tragédie, elle a aussi pour but d’entretenir la mémoire de cet événement. « On s’inscrit déjà dans le souvenir, pour ne pas oublier ce qui s’est passé ce jour-là », explique Ange, qui espère voir un jour en France des noms de rue à la mémoire de ce drame.
« Je suis venu à Rome avec ma pancarte comme un pèlerin se rend à Saint-Jacques de Compostelle avec sa coquille », explique ce médecin à la retraite. Son cousin, agnostique, voit lui aussi dans le pape une personnalité qui a « grande influence ». « Et je ne pense pas que le pape puisse rester neutre face à notre drame », estime-t-il. « Avec le 7 octobre, la neutralité universelle, permanente et bienveillante du Saint-Siège se heurte à la réalité. Que fera le pape quand demain une délégation du Hamas demandera à être reçue ? », s’interroge Ange Kalderon qui insiste pour dire que l’histoire n’a pas commencé le 8 octobre avec la réaction de l’armée israélienne.
Durant l’audience, le pape a demandé de continuer à prier pour « la grave situation en Israël et en Palestine ». Implorant la paix, il a souhaité « que se poursuive la trêve en cours à Gaza, afin que soient relâchés tous les otages, et que l’accès des aides humanitaires nécessaires soit encore permis ».
Des appels qui ont particulièrement touché Ishaï Dan : « Cela a été pour moi un moment très fort. Nous étions proches de lui. C’était comme un dialogue. C’est un homme de paix. Je suis sûr qu’il comprend notre situation ». (cath.ch/imedia/hl/mp)
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