Le « Ndombolo » interdit au Cameroun fait fureur en Afrique
Yaoundé, 10 décembre 1998 (APIC) Une nouvelle danse de tendance rumba, d’origine congolaise (Kinshasa), qui a envahi tous les milieux du show business, les écrans de télé, les radios, les pubs et autres discos à travers toute l’Afrique, a été frappée d’interdiction des médias audiovisuels sur toute l’étendue du territoire camerounais.
Arrivé sur le marché après l’accession du président Kabila au pouvoir à Kinshasa et aujourd’hui répandu dans tout le continent, le « Ndombolo », « utilisant exclusivement une exhibition du corps et des gestes parfois osés », a vite conquis son public, faisant de l’ombre à tous les autres rythmes existants.
Les autorités audiovisuelles camerounaises qualifient cette danse d’immorale et d’attentatoire à la morale publique et aux moeurs. Avec fracas, le directeur général de la Radio et de la Télévision, Gervais Mendo Nzé, a situé la rapide propagation de la danse dans le cadre non seulement d’une expression publique de l’immoralité, mais aussi d’une « invasion culturelle étrangère portant gravement atteinte à l’émergence d’une musique camerounaise véritable ». Position partagée par le gouvernement camerounais, qui exerce un contrôle étroit sur la radio et la télévision nationales. Témoin l’interdiction d’antenne, pour raison d’obscénité, qui a frappé un clip provocateur du chanteur populaire » Petit Pays « .
Si les Eglises chrétiennes, en général, ont accueilli favorablement la mesure frappant le « Ndombolo », les jeunes chrétiens, pris individuellement, ont une perception plus nuancée. Les étudiants chrétiens de l’Université de Yaoundé, plus sensibles au respect des droits de l’individu et plus exposés aux fluctuations et aux sollicitations de la mode, pensent dans leur ensemble que la décision est « théoriquement bonne », mais « pratiquement inutile dans les effets qu’elle recherche ».
« Bannir une danse à la télé et à la radio ne réglera jamais un problème de société, confie Paul Oyono, étudiant catholique en droit à l’Université de Yaoundé: plus on interdira aux jeunes d’écouter du « Ndombolo » et plus la tentation de l’écouter et de la danser sera grande. Parfois, des décisions sont totalement inutiles, car elles ne reposent sur rien de concret. Les gens n’ont qu’à agir selon leur pleine conscience ». D’autres vont plus loin: l’effet escompté ne sera jamais atteint. C’est le cas de Suzanne, qui constate: » On ne peut pas empêcher les gens d’aller danser dans les boîtes de nuit. Et là-bas, c’est plus grave et plus dangereux qu’à la télé ! «
La presse écrite n’est pas épargnée par la polémique. Les pro-« Ndombolo », comme « Le Messager » ou la « Nouvelle Expression », et les anti-« Ndombolo », comme « Mutations », ont remis sur le tapis le vieux débat pouvoir-opposition de la politique camerounaise. (apic/cip/pr)
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