Devant ses cardinaux réunis pour entendre ses traditionnels vœux à la veille de Noël, le pape François a exhorté les cadres de son administration à sortir de l’immobilisme, des peurs et des rigidités Les invitant à écouter, discerner et marcher, le pape qui vient de fêter ses 87 ans a rappelé qu’on ne sortait des «labyrinthes que par le ›haut’», c’est-à-dire, par Dieu.
Comme chaque année, le pape a remonté la majestueuse Salle des bénédictions du Palais apostolique du Saint-Siège où l’attendaient tous les responsables de la Curie pour prononcer un discours fixant le cap du gouvernement de l’Église. En décembre 2014, il avait marqué les esprits en dévoilant devant des cardinaux abasourdis les «quinze maladies» régnant au Vatican – alzheimer spirituel, visage lugubre, rumeur, médisance, commérage, etc. S’il a été moins sévère cette année, il a néanmoins pointé diverses dérives.
Pour ses vœux de fin d’année, le pape François a d’abord demandé aux cadres de la Curie romaine de mettre en pratique la véritable écoute. « Dans la communication entre nous, nous risquons d’être comme des loups rapaces: nous essayons immédiatement de dévorer les paroles de l’autre sans les écouter vraiment », a-t-il confié, invitant chacun à se mettre à l’école de la prière. « Elle élargit le cœur, fait descendre notre égocentrisme de son piédestal, nous éduque à l’écoute de l’autre et suscite en nous le silence de la contemplation », a-t-il enseigné.
Le premier pape jésuite de l’histoire a ensuite encouragé à pratiquer l’art du discernement. Celui-ci «dépouille de la prétention de déjà tout savoir, du risque de penser qu’il suffit d’appliquer les règles, de la tentation, même dans la vie de la Curie, de continuer en répétant simplement des schémas». Sortant de ses notes, le pape a rappelé que la réalité était toujours supérieure aux théories. Il a aussi expliqué que le travail de la Curie devait être inspiré par l’Évangile et non des critères mondains ni l’application des règlements.
Enfin, le pape a souligné l’importance d’être toujours en marche et de sortir de ses propres sécurités. «Lorsque le service que nous accomplissons risque de s’aplatir, de ›tourner en rond’ dans la rigidité ou dans la médiocrité, lorsque nous nous trouvons pris dans les filets de la bureaucratie et de la ›survie’, rappelons-nous de regarder en haut, de repartir de Dieu», a-t-il demandé.
«Les peurs, les rigidités, la répétition des schémas produisent de l’immobilisme qui a l’avantage apparent de ne pas créer de problèmes», a reconnu le pontife. Mais cela conduit «à tourner en rond dans nos labyrinthes, pénalisant le service que nous sommes appelés à offrir à l’Église et au monde entier».
À la fin de l’audience, le pape a offert un exemplaire de deux de ses livres publiés dont «Saints, pas mondains» (en italien Santi, non mondani, LEV, 2023), un bref ouvrage de 80 pages qu’il avait aussi offert aux membres du Synode réuni à Rome en octobre dernier.
Depuis son élection en 2013, le pape François a lancé de vastes réformes au sein de sa Curie romaine où travaillent plus de 3.000 employés, principalement des Italiens. L’ancien archevêque de Buenos Aires, qui avant d’être pape n’appréciait guère séjourner à Rome, n’a pas hésité à entrer en collision avec la culture de l’administration romaine, quitte à provoquer des incompréhensions et des frustrations.
Outre la réforme des organes de la communication du Saint-Siège ou bien le regroupement de conseils pontificaux, le pape s’est attaqué à la gestion des finances vaticanes et a créé un secrétariat pour l’Économie.
Le limogeage manu militari en septembre 2020 de l’ancien numéro 3 du Vatican, le cardinal Angelo Becciu – alors soupçonné de détournement de fonds lorsqu’il était substitut de la secrétairerie d’État – a marqué une le 16 décembre, au terme d’un procès de plus de deux ans, le cardinal Becciu a été condamné à cinq ans et demi de prison. Il n’était pas présent dans la Salle des bénédictions aux côtés de tous les cardinaux résidents à Rome. L’an passé, le cardinal sarde, pourtant traduit devant la justice vaticane, avait assisté aux vœux et salué le pape François. (cath.ch/imedia/hl/mp)
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